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"Pour parler, il faut qu'il y ait quelqu'un qui comprenne au premier souffle" : Christine Angot, autrice de "L'Inceste", réagit après l'affaire Duhamel

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Deux semaines après la publication du livre "La Familia Grande", où Camille Kouchner accuse son beau-père Olivier Duhamel d'avoir violé son frère, l'écrivaine Christine Angot, elle-même victime d'inceste, a décidé jeudi 21 janvier de s'exprimer sur France Inter.

C'est sa première réaction publique après l'éclatement de "l'affaire Olivier Duhamel", conséquence de la publication par Camille Kouchner de La Familia Grande (éditions du Seuil). Pour l'autrice de L'Inceste, publié il y a 22 ans, les enfants veulent dénoncer, mais ne peuvent pas : "Moi, je voulais parler pendant 3 ans, de 13 ans à 16 ans, j'ai essayé par tous les moyens et j'ai voulu parler. Vous avez les mots pour dire ça ? (...) Comment vient le sujet ? Pour parler, il faut qu'il y ait quelqu'un qui comprenne au premier souffle, au premier moment où vous ouvrez la bouche pour parler. Sinon, vous renvoyez la parole dans votre bouche", a-t-elle témoigné.

L'écrivaine a tenu à déconstruire l'idée reçue selon laquelle les enfants veulent garder le silence pour ne pas casser une famille. "Dans mon cas, absolument pas. D'abord parce qu'on ne parle pas d'une petite chose fragile, le père. Là, c'est un abus de pouvoir, vous ne le considérez pas comme une petite chose fragile", a-t-elle expliqué. L'enfant prend tout à fait conscience de ce qui se passe, d'après elle. "Vous savez très bien que la petite chose fragile, c'est vous. Et vous savez très bien que c'est vous qui êtes en difficulté (...) Vous comprenez très bien ce qui se passe. Un petit baiser sur la bouche comme ça, ça pourrait ne pas être grand-chose. Vous comprenez à la seconde ce que c'est. 'Tiens, ça m'arrive à moi, ça'. Je n'aurais pas cru, à 13 ans."

La personne qui s'autorise à abuser de son pouvoir sur vous, c'est qu'elle en a un !

Christine Angot

à France Inter

"C'est toujours quelqu'un que vous aimez", a rappelé Christine Angot. "Et si c'est votre père, ce n'est pas n'importe quelle personne. Donc vous gardez l'espoir. C'est pour ça aussi que vous attendez. Vous avez honte pour lui. Vous n'avez pas honte de vous ! Vous, vous savez très bien que vous n'êtes coupable de rien (...) Regardez les titres sur les pères. C'est quoi ? C'est Mon père, ce héros. C'est La gloire de mon père."

Faut-il, dès lors, parler, libérer la parole pour venir à bout de ces violences ? "Moi, j'y crois tout à fait, dès lors qu'il n'y aura plus, dans cette société, de fascination du pouvoir et que donc, les abus de pouvoir n'auront plus lieu d'être. Tant qu'il y aura une fascination de l'ensemble de la société pour le pouvoir et ses manifestations, il y aura forcément des abus de pouvoir puisque ça opère dans tout, dans tous les clans sociaux", a-t-elle conclu.

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