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"L'Express" exhume des dessins antisémites de l'étudiant Yann Moix, que l'écrivain lui-même juge "lamentables"

En 1989-1990, Yann Moix a réalisé les dessins d'un magazine artisanal aux écrits négationnistes. L'écrivain se dit aujourd'hui "littéralement épouvanté de ce qu'il a pu produire".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Yann Moix le 25 septembre 2018. (IBO/SIPA)

Des dessins antisémites réalisés et publiés par Yann Moix à 21 ans dans un magazine artisanal, pendant ses années étudiantes, ont été ressortis ce lundi 26 août par le site de L'Express.

"L'homme de cinquante ans que je suis est littéralement épouvanté de ce qu'il a pu produire, en l'espèce, à 21 ans. Je devais être bien mal dans ma peau, alors, pour me vouer à une telle débauche de mauvais goût", a confié Yann Moix dans un entretien à l'hebdomadaire.

Des dessins et des textes manuscrits 

"Il faut bien constater que mes productions étaient lamentables et moches", ajoute-t-il, reconnaissant être l'auteur des dessins mais pas des textes, clairement négationnistes, de ce journal fabriqué en 1989-90 baptisé Ushoahia, le magazine de l'extrême, un titre arborant une étoile de David sur le "i". 

Sur la couverture, reproduite par le site de l'hebdomadaire, un déporté joue de la guitare à l'intérieur d'un camp de concentration, devant un autre qui joue de la batterie. Dans un des dessins également publié par L'Express, Yann Moix, alors étudiant à Sup de Co avant d'intégrer Sciences Po, reprend une publicité pour une célèbre boisson gazeuse mettant en scène un homme en tenue de déporté avec ce slogan : "Coca-Crema, you can beat the Jew !" ("Coca-Crema, vous pouvez frapper le Juif") détournant le célèbre "Coca-Cola you can't beat the feeling".

Des propos antisémites visant BHL ou Anne Sinclair

Dans les textes du magazine, des citations du négationniste Robert Faurisson, des attaques contre Marek Halter, Anne Sinclair, André Glucksmann, une caricature de Bernard Henri-Lévy, dont "le véritable rêve" aurait été de "devenir un héros d'Auschwitz", selon son auteur. BHL, qui a lancé plus tard la carrière de Yann Moix, est décrit plus loin comme un "philosopheux coprophage et sodomite sioniste au nez long, dont le crâne n'a pas été rasé par les amis d'Adolf". 

L'Express affirme également que plusieurs textes manuscrits sont de la main de Yann Moix, celui-ci assurant qu'il s'est contenté de recopier des textes écrits par un autre membre du journal, parce que lui-même avait "l'écriture la plus lisible". 

"Je cherchais sans doute à exister"

"Je me suis strictement borné à faire les dessins. Je n'ai participé à aucun texte [...] Je ne jurais alors que par l'humour noir, désespéré, désespérant [...] Je cherchais sans doute à la fois à me désennuyer, à exister, à me faire remarquer. À transgresser surtout, car c'était le maître-mot de l'époque dans cet univers", indique Yann Moix.

Depuis plusieurs jours, l'écrivain est au centre d'une polémique familiale avec la sortie de son roman Orléans, qui raconte son enfance malheureuse, marquée selon lui par la maltraitance de son père, "une pure affabulation" selon ce dernier. Dimanche, Alexandre, le frère de Yann Moix, a lui aussi fermement contesté les allégations de l'écrivain, assurant que c'était lui le bourreau et l'accusant de "sacrifier la réalité sur l'autel de ses ambitions littéraires".

Yann Moix, récompensé par le prix Renaudot en 2013, sera invité samedi 31 août  d'On n'est pas couché sur France 2, émission dont il a été chroniqueur de 2015 à 2018.

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