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Michel Houellebecq : "Rien en France ne sera plus comme avant"

L'écrivain a suspendu la promotion de son livre après l'attentat contre "Charlie Hebdo". Dans une interview à un journal italien, il décrit la France comme un "pays bloqué".

Article rédigé par franceinfo
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L'écrivain Michel Houellebecq, le 5 novembre 2014, à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

C'est le jour de l'attentat à Charlie Hebdo que son dernier roman, Soumission, a été publié. Le romancier Michel Houellebecq a quitté Paris et est sous protection policière. Il a donné un entretien au journal italien Il Corriere della Sera dans lequel il raconte comment s'est déroulée pour lui la journée du 7 janvier et où il dit son inquiétude sur la situation de France. En voici quelques extraits.

Sur la journée du 7 janvier

Michel Houellebecq était proche de Bernard Maris, l'économiste tué dans l'attaque du journal satirique. "Quand j'ai appris l'attaque à Charlie Hebdo, j'ai appelé mon ami Bernard [Maris], mais je ne pensais pas qu'il était impliqué. Il collaborait avec eux, je n'imaginais pas qu'il était à la conférence de rédaction, dit le romancier. J'ai continué à l'appeler, de 12 heures à 16 heures, il ne répondait pas. Puis j'ai appris."

Sur la France

L'écrivain dit longuement, dans l'entretien, que la France a basculé dans une nouvelle ère. "Plus rien ne sera comme avant [en matière de liberté d'expression]. Pour un dessinateur qui commence aujourd'hui, par exemple, ce sera plus compliqué", dit-il. 

Il décrit une démocratie malade, avec un pays majoritairement à droite et un président à gauche, un Front national qui recueille 25% des voix et n'a que deux députés. "Il y a un système qui devrait être démocratique et qui ne fonctionne plus."

Pour lui, la marche républicaine de dimanche "même si elle a été immense, n'aura pas de grandes conséquences, la situation ne changera pas profondément". 

Il se projette dans un avenir sombre. Si François Hollande est réélu en 2017, croit-il, "beaucoup de gens émigreront" pour des "raisons fiscales et économiques", parce qu'"il est difficile de faire grand chose en France, un pays qui apparaît bloqué". "Et puis nous pourrons voir quelqu'un à la droite du Front national qui s'énerve et qui passe à une action violente".

Sur l'islam

Celui qui avait qualifié l'islam de "religion la plus stupide du monde" a changé de vue. "J'ai relu avec attention le Coran, et une lecture honnête amène à supposer une entente avec les autres religions monothéistes, ce qui est déjà beaucoup. Une lecture honnête du Coran n'en conclut absolument pas qu'il faut aller tuer des enfants juifs. Absolument pas." 

"Le problème de l'islam c'est qu'il n'a pas un chef, comme le pape pour l'Eglise catholique, qui indiquerait une fois pour toutes le droit chemin", conclut-il.

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