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Covid-19 : la culture se déconfine à partir du 19 mai, d'après le calendrier fixé par Emmanuel Macron

Musées, monuments, cinémas, théâtres et autres salles de spectacles avec public assis devraient rouvrir le 19 mai, en même temps que les terrasses, selon les annonces faites par le chef de l'État dans un entretien accordé à plusieurs quotidiens régionaux et dont les premiers éléments ont été dévoilés jeudi 29 avril. Réactions dans le monde de la culture, entre satisfaction et prudence.

Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le festival Jazz à Sète en 2016... Un concert de la saxophoniste Géraldine Laurent au Théâtre de la Mer (13 juillet 2016) (VINCENT ANDORRA / MAXPPP)

À la veille de la publication de l'entretien que le président Emmanuel Macron a accordé à plusieurs quotidiens régionaux, le calendrier d'allègement des restrictions sanitaires face à la pandémie de Covid-19 a été dévoilé dans ses grandes lignes jeudi 29 avril. Pour les établissements culturels, la date du 19 mai s'inscrit dans la deuxième étape du processus, la première étant déjà fixée au 3 mai avec la fin des restrictions des déplacements en journée.

Trois étapes pour le monde culturel

Le mercredi 19 mai, alors que le couvre-feu sera décalé à 21 heures, les musées, monuments, cinémas, théâtres et autres salles de spectacles avec public assis devraient rouvrir, en même temps que les terrasses (six personnes maximum par table). Pour les établissements culturels, une jauge maximale subsistera à cette date : 800 personnes en intérieur, 1000 en extérieur. "Il nous faut retrouver notre art de vivre à la française, en restant prudents et responsables", estime Emmanuel Macron dans son entretien à la presse régionale.

Le 9 juin, alors que le couvre-feu sera repoussé à 23 heures, côté spectacle vivant, la jauge passera à 5000 personnes maximum dans les lieux de culture, ainsi que les salons, les foires d'exposition et les établissements sportifs. Dans tous ces cas, Emmanuel Macron souhaite conditionner l'accès aux événements à la possession d'un "pass sanitaire". Les restaurants en seront dispensés de leur côté. Ce pass "ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis", a prévenu le président de la République dans l'entretien qu'il a accordé à la presse régionale.

Enfin, le 30 juin, le couvre-feu sera levé et la limitation des jauges tombera - en fonction de la situation sanitaire locale - avec le maintien des gestes barrière et de la distanciation sociale. Il sera possible, avec un pass sanitaire (c'est-à-dire un test négatif de moins de 72 heures ou un certificat d'immunité), d'accéder à tout événement rassemblant plus de 1000 personnes en extérieur et en intérieur. La limite maximale de public présent sera adaptée aux événements et à la situation sanitaire locale. Mauvaise nouvelle pour les discothèques : elles resteront fermées à cette date.

Entre la joie de la reprise...

Le monde de la culture a aussitôt réagi entre satisfaction et prudence. "C’est évidemment une très grande joie", a confié Marc-Olivier Sebbagh, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), à Franceinfo Culture. "On pense particulièrement aux exploitants de salles de cinéma et à leurs employés qui vont pouvoir retrouver leur métier. Et enfin revoir les yeux des spectateurs briller à la sortie des films." Plus de 400 films sont en attentre de sortie. "Beaucoup de films sont en attente", ajoute Marc-Olivier Sebbagh, "mais maintenant qu’on a une date, les distributeurs vont pouvoir choisir la leur, au cas par cas, pour les exposer".  

“Quelle que soit l’heure, quelle que soit la date, quelles que soient les conditions, nous serons au rendez-vous !" : Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée Marmottan Monet, ne dissimule pas son soulagement. "Nous ne craignons pas l’absence de notre public habituel de touristes : nous ne sommes pas dans ces problématiques. Les nôtres sont le partage, l’ouverture. Notre désir, c’est de pouvoir rendre notre établissement accessible à tous. L’art n’est pas uniquement un vecteur touristique et économique. C’est avant tout un vecteur de culture et de partage. Les expositions temporaires en sont l’incarnation, puisque la majorité des visiteurs sont des visiteurs locaux et même, souvent, franciliens." Le musée Marmottan Monet se dit "plus que prêt pour le 19 mai" (...) avec une exposition inédite consacrée à un maître de la peinture danoise. "C’est une exposition évasion, une exposition remède, une exposition partage." 

... Et la prudence 

Satisfaction, mais avec une nuance de taille, chez Jeoffrey Bourdenet, coadministrateur et directeur artistique du théâtre Hébertot : “Il faut déjà saluer le fait de pouvoir redémarrer une activité (...) Mais pour les théâtres et notamment les théâtres privés, maintenir une jauge à 35% de la capacité d’accueil, c’est quasiment infaisable (...) Nous faire rouvrir, c’est bien si les aides perdurent. Mais mai-juin, c’est la fin de la saison, la période où les recettes baissent. Pour les théâtres, ce n’est évidemment pas idéal."

À son tour, Benjamin Tanguy, directeur artistique du festival Jazz à Vienne (23 juin-10 juillet), salue les réouvertures. Mais beaucoup de questions se posent : "La possibilité de recevoir 5 000 personnes à partir du 9 juin nous rassure. Cependant, le fait qu'il y ait un pass sanitaire va alourdir notre protocole d'accueil du public. Et ça pose la question de savoir si le public est prêt à cela. Ce qui nous préoccupe énormément, c'est le couvre-feu [à 23 heures, en cours jusqu'au 30 juin]. On a pas mal de dates entre le 23 et le 29 juin. Ce qu'on ne sait pas, c'est si on aura la possibilité d'une dérogation si on a un billet de concert. Si c'est le cas, on pourra organiser un festival normal comme on l'imagine actuellement, avec une première partie et une tête d'affiche. Mais si le public n'a pas la possibilité de sortir vers 23h35, il nous faudra tout réorganiser côté horaires et durée des concerts, revoir l'organisation du festival, ce qu'on n'arrête pas de faire depuis plus d'un an." Et de conclure : "Depuis le début, on a une démarche très proactive, positive, on a lancé la communication le 6 avril, on a un retour très positif, très bienveillant du public et on sait qu'on a fait le bon choix d'y aller."

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