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"Josep", un film d'animation poignant sur un réfugié républicain espagnol en France

L’histoire vraie et méconnue d'un dessinateur de presse, réfugié politique espagnol interné dans le Sud de la France en 1939, sort ce mercredi au cinéma.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"Josep" de Aurel. (Copyright Les Films d'Ici Méditerranée)

C'est la première fois qu'Aurel, dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées, réalise un film : Josep, sélectionné à Cannes cette année, sort ce mercredi 30 septembre au cinéma. Ce dessin animé à vocation historique - qui est accompagné d'un dossier pédagogique à destination des écoles - évoque les camps de concentration installés dans le Sud de la France en 1939 pour parquer les réfugiés républicains espagnols fuyant le franquisme. Parmi eux : le dessinateur Josep Bartoli, qu’un gardien va prendre en amitié.

Le réfugié oublié

En février 1939, un groupe de réfugiés républicains espagnols est arrêté par les autorités à la frontière française. Parqués dans le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, ils sont victimes de maltraitances et de brimades. Un gendarme va se rapprocher de Josep, malgré la violence de ses collègues qui ne comprennent pas sa compassion à l'égard du dessinateur.

Josep, c'est donc l'histoire d'un dessinateur qui réalise un film d’animation sur un autre dessinateur. De Barcelone à New York en passant par le Mexique, de 1939 à 1995, Aurel retrace une histoire vraie, le destin exceptionnel et oublié d'un homme au cours d'un épisode peu glorieux de l’histoire française.

Cinéma : "Josep" raconte l’histoire d’un réfugié républicain espagnol en dessins
Cinéma : "Josep" raconte l’histoire d’un réfugié républicain espagnol en dessins Cinéma : "Josep" raconte l’histoire d’un réfugié républicain espagnol en dessins (FRANCE 3)

Le film dépeint les conditions de concentration ignobles, l’insalubrité, la cruauté et le racisme des gardiens à l'encontre des Espagnols et les tirailleurs sénégalais qui les assistent. La liaison de Josep avec l’artiste mexicaine Fridda Kahlo et sa reconnaissance comme peintre à New York nourrissent également un film dense dont la beauté émane autant de son sujet que de son économie de moyens.

Le trait et la couleur

Aurel privilégie le graphisme à l’animation. Dessinateur, comme le modèle de son film, il joue d’un mouvement syncopé, plus proche du manga que de la tradition Disney. Cette approche, qui évoque une succession d’arrêts sur image, exalte le trait, le dessin et sa contemplation. Très inventif et puissant de ce point de vue, Aurel s’avère par ailleurs être un grand coloriste, donc créateur d’ambiance. Il est de plus servi par des voix exceptionnelles pour ses personnages, avec notamment Sergi López, Gérard Hernandez, Bruno Solo, François Morel et Valérie Lemercier.

"Josep" d'Aurel. (Copyright Les Films d'Ici Méditerranée)

Regard sur l’histoire et drame humain, Josep illustre combien l’animation se prête au traitement de sujets graves. C’était déjà le cas de Valse avec Bachir de Ari Folman en 2008, à l’origine de cette veine aux nombreuses réussites (Les Hirondelles de Kaboul, Bunuel après l'âge d'or, Chriss the Swiss…). Le film méritait sa sélection à Cannes, comme celui de Folman en son temps, autant par son sujet, son traitement que sa forme. Magnifique.

L'affiche de "Josep" de Aurel. (Sophie Dulac Distribution)

La fiche

Genre : Drame historique / Animation
Réalisateur : Aurel
Acteurs (voix) :  Sergi López, Gérard Hernandez, Bruno Solo, François Morel, Valérie Lemercier
Pays : france / Espagne / Belgique
Durée : 1h14
Sortie : 30 septembre 2020
Distributeur : Sophie Dulac Distribution

Synopsis : Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone à New York, l'histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et artiste d'exception.

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