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Plagiats en série, excuses et photo de pénis : Shia LaBeouf, l'acteur qui en faisait trop

Accusé d'avoir publié sous son nom la BD d'un autre, l'Américain a fait de son combat pour la copie une hilarante et fatigante croisade, entre happenings artistiques et provocations idiotes. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
L'acteur américain Shia LaBeouf à l'occasion du 69e festival du film de Venise, le 6 septembre 2012.  (MANUEL SILVESTRI / REUTERS)

A quelques exceptions près, les stars révélées par Disney sont maudites. Entre les craquages flamboyants (Britney Spears, Miley Cyrus), les problèmes d'addiction (Christina Aguilera, Lindsay Lohan) et les cas de puberté surjouée (Vanessa Hudgens et Selena Gomez), Shia LaBeouf avait atteint, à 27 ans, la catégorie "Justin Timberlake" : celle des ex-enfants stars capables de se bâtir une carrière d'adulte sans squatter à l'année les centres de désintoxication. Celle des types arrogants mais doués, prompts à gravir les échelons, de la série pour pré-ados (La guerre des Stevens) aux blockbusters (la saga Transformers, de Michael Bay) jusqu'aux films d'auteurs controversés (Nymphomaniac, de Lars Von Trier). Et puis Shia a craqué. 

En à peine un mois, l'Américain a réussi à se mettre à dos le tout-Hollywood et (c'est pire) à fâcher internet. Plagiats, insultes, laisser-aller... Mardi 21 janvier, l'acteur a finalement expliqué que ses récents déboires avaient été soigneusement orchestrés pour les besoins d'une performance artistique. Francetv info raconte comment l'ex-futur-Tom Hanks a sublimé l'art d'en faire trop. 

Il est devenu un plagiaire psychopathe

En 2012, l'acteur peut s'estimer heureux. Casté dans un film de gangster (Des hommes sans loi) et dirigé par Robert Redford dans Sous surveillance, il décide de se lancer en dilettante dans une discipline qui le passionne depuis l'enfance : la BD. Cette année-là, il autopublie Stale N MateCyclical et Let's F… Party. Dans ce débordement créatif, il accouche même d'un court métrage, intitulé HowardCantour.com, présenté à Cannes.

Problème : le scénario ainsi que les dialogues sont calqués sur l'œuvre d'un autre, l'auteur américain Daniel Clowes, auteur, entre autres, du classique Ghost World. Lorsque ce dernier apprend que l'acteur s'est servi de son travail pour se faire mousser sur la Croisette, il éructe : "Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête", et s'avoue "pour le moins choqué" dans Buzzfeed. 

Daniel Clowes' 2007 comic book "Justin M. Damiano" in his film.

Déjà attrapé en février pour avoir copié-collé des paragraphes d'un article du magazine américain Esquire dans une lettre d'excuse envoyée à l'acteur Alec Baldwin (en anglais) avec qui il s'était brouillé, le jeune Shia décide de procéder de la même façon : en s'excusant. Encore et encore. Des excuses en sept tweets datés du 17 décembre 2013, du mea culpa ("j'ai merdé") au déni, en passant par l'autoflagellation. Le lendemain, rebelote. "J'ai laissé tomber ma famille, je regrette ces écarts de tout mon cœur, tweete-t-il, avant d'ajouter : J'ai eu tort, terriblement tort. Je dois expliquer pourquoi aux générations futures." Re-problème : en plus d'être disproportionnée, cette nouvelle salve d'excuses reprend tantôt "les mots du golfeur Tiger Woods, lorsqu'il avait avoué avoir trompé sa femme", tantôt "ceux de Robert McNamara, ancien secrétaire de la Défense américain, à propos de la guerre du Vietnam", rappelle Le Monde.fr (article payant). Certains de ces tweets d'excuses envoyés depuis ont été compilés par Les Inrocks.

Le 8 janvier, nouvelle provocation : il poste sur Twitter une photo du story-board de son prochain court métrage. Cette fois, les dessins sont pompés sur une autre œuvre de Clowes. C'en est trop : l'avocat de l'auteur lui demande par courrier d'arrêter de persécuter son brillant client. Quelques heures plus tard, LaBeouf publie sur le réseau social une nouvelle photo. Une copie de la menace de procès. 

Il surréagit à tout bout de champ

Interrogé par la presse sur son plagiat, il se lance dans des tirades théoriques sur la propriété intellectuelle et pioche à tout bout de champ dans la réflexion des autres pour valider son propos, comme ici, dans une interview accordée au webzine Bleeding Cool (article en anglais) : la rédaction identifie des citations de Marcel Duchamp et de Steve Jobs. Car Shia LaBeouf ne s'agite pas que sur internet. Le 31 décembre, il casse sa tirelire pour qu'un avion trimballe le message "je suis désolé Daniel Clowes", dans le ciel de Los Angeles (Californie, Etats-Unis). Un peu "too much" ?

Dans un pied de nez, il annonce le 10 janvier son "retrait de la vie publique" ("la vie publique, cette chose dans laquelle il se sert", ironise The AV Club.) Avant de revenir dix jours plus tard avec un concept pompeux : "#stopcreating". Derrière ce mot-dièse, Shia LaBeouf range tout ce qui a trait à sa passion pour le plagiat (ce qu'il explique dans ce manifeste – en anglais –, évidemment signé de son nom, mais écrit par le poète et critique américain Kenneth Goldsmith).

Entretemps, l'acteur a néanmoins trouvé le moyen de faire parler de lui pour une création originale : son tempérament excessif, voire agressif. En tournage à Londres, il donne un mini-coup de boule (avec sa propre tête) à un type croisé jeudi dans un bar londonien, rapporte le site people TMZ (en anglais). 

Moqué par Jim Carrey lors de son discours à la cérémonie des Golden Globes (en anglais), LaBeouf répond en attaquant la vie privée de l'acteur, telle une vile créature : "Au moins, je ne me suis pas fait arrêter  pour indécence sur les autoroutes de Los Angeles. Je n'ai pas non plus abandonné un enfant de l'amour." Prend ça dans les dents, Ace Ventura.

Bref, il craque à tel point que le Hollywood Reporter (article en anglais) se demande, mercredi, qui se comporte le plus mal entre LaBeouf et Justin Bieber (lequel, en l'espace de trois mois, a quand même vomi sur scène, couché avec une prostituée, insulté Bill Clinton en urinant dans un seau et jeté des œufs sur la maison de ses voisins.)

Il rentre (trop) dans ses rôles

Au fil des aventures du trublion d'Hollywood, les langues se sont déliées à Los Angeles. Prêt à tout pour décrocher un rôle, Shia LaBeouf n'a pas hésité à envoyer des photos de son pénis à l'équipe de Lars Von Trier pour le convaincre de l'engager sur Nymphomaniac, raconte-t-il fièrement. Une fois embauché, Shia continue de s'investir corps et âme. Ainsi, sur le tournage de son prochain film, Fury, retraçant les derniers jours de la seconde guerre mondiale du point de vue de cinq soldats, les acteurs se sont plaints de l'odeur du comédien. Pour rentrer dans la peau de son personnage, justifie-t-il, il a décidé d'arrêter de se laver. Plus glauque encore, il clame s'être arraché une dent tout seul (pour faire soldat, toujours) et provoque sans cesse ses camarades de jeu, détaille Paris Match. Lui qui donne la réplique à Brad Bitt ne cesserait de mettre en doute l'investissement personnel de ses partenaires (des tire-au-flanc pleins de dents, sans doute.)

Résultat, Brad est sur les nerfs, rapportait dès octobre le site MeltyBuzz. La star "a perdu son sang-froid lors du tournage du film, lorsque Shia LaBeouf a pointé une arme [chargée à blanc] sur sa figure." Et Brad Pitt de répondre : "J’ai un enfant de 5 ans plus mature que toi." Pfff. Même pas vrai.

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