Festival de Cannes 2023 : la Croisette s'anime avec sa météo, ses photographes et... Bollywood
Cannes commence à la gare de Lyon. Sur les quais et surtout dans le TGV, voiture 16 plus précisément. La langue française est minoritaire, l'anglais et l'hindi sont les langues les plus parlées. PC et MacBook Pro ouverts, train bondé. Direction la Croisette.
L'autre pays du cinéma, l'Inde, est représenté en force dans le wagon. Un groupe de dix-huit enseignantes de plusieurs villes indiennes se rend sur la Croisette pour un stage. "Le cinéma est compris dans notre formation. On va regarder beaucoup de films et les commenter", explique l'une d'elles, qui précise que quatre autres enseignantes sont déjà sur place. "Vingt-deux enseignantes en tout, ce n'est rien dans le contexte indien", s'amuse une autre. Le temps est définitivement relatif. Les cinq heures que dure le voyage passent vite, entre clips et extraits bollywoodiens (la chanson Jhoome Jo Pathaan avec Shah Ruh Kan et Deepika arrive au sommet des replays).
Sachin Angal, lui, désespère de la pluie qui cingle les vitres du train. Ancien étudiant en cinéma, "courts-métrages", précise-t-il à plusieurs reprises, il en est à son deuxième festival de Cannes. Ingénieur en environnement, il veut revenir à ses premières amours et vient de créer sa boîte de production. Au programme, le film Kennedy du réalisateur Anurag Kashyap. Côté glamour, "il est très possible que les actrices Aishwarya Rai et Anushka Sharma soient présentes cette année", espère-t-il. La première, égérie d'une marque de luxe, est en effet attendue au Festival.
"Bouge de là, je ne vois rien"
Eux, ils sont les rois de l'organisation et de la discipline. Ils font face aux marches, les plus chanceux juste en face du tapis rouge. On les reconnaît grâce à leurs escabeaux et leurs sièges pliants, attachés la nuit avec des chaînes. Sur le trottoir, avec de l'adhésif de différentes couleurs, sont inscrits leurs prénoms en quatre rangées. Légèrement désaxé par rapport aux autres, l'escabeau de Sébastien. Il ne désespère pas de trouver meilleure place, une fois la circulation déviée et les grilles installées.
Bastien a commencé en 1996 comme photographe. "C'était d'abord en face du Martinez, j'avais 19 ans. Très vite, il était devenu impossible de prendre des photos à cause des organisateurs". Alors Sébastien et ses amis, près d'une trentaine ce jour-là, dimanche en début de soirée, patientent. "Bouge de là, je ne vois rien", dit une "photographe" à une autre. Elle assure qu'elle est venue de Marseille spécialement pour immortaliser la montée des marches avec son appareil numérique. Grand et baraqué, Sébastien ne fait pas attention à la petite cohue.
"J'ai vu Jackie Chan et je n'avais pas d'appareil photo !"
La nuit tombée, il y aura des rondes pour éviter que des escabeaux et des sièges ne disparaissent. Aujourd'hui, Sébastien a 42 ans et toujours la même passion. "Je voyais les stars devant moi. C'était bizarre et magique. J'ai vu Cindy Crawford, mon rêve de gamin." "Ma meilleure anecdote ? J'étais à la plage du Majestic et j'ai croisé ma star préférée jusqu'à aujourd'hui encore : Jackie Chan. Et, pas de bol, je n'avais pas mon appareil photo ! Heureusement que j'ai pu me rattraper quelques jours plus tard sur les marches". Sébastien a encore énormément d'anecdotes en mémoire. Son meilleur spectacle ? "Le show Star wars en 2018". Comme beaucoup de collectionneurs, il ne vend pas ses photos.
La météo, cette diva capricieuse
La grande star, en attendant les vraies, se trouve dans le ciel. Entre éclaircies et pluies, la météo fait son cinéma. Ce lundi 15 mai, le soleil s'amuse à contredire les prévisions pluvieuses et voilées de Météo France. "Je ne me souviens pas d'une édition sans pluie. Cela fait partie du jeu. Il faut s'en accommoder", philosophe un (vieux) confrère, qui en est à près de sa 20e édition. "Covid compris", tient-il à préciser, en rajustant ses lunettes de soleil. "Pour l'instant, tout se passe bien, même si la plupart des clients préfèrent l'intérieur à la terrasse le soir. Il fait légèrement frisquet pour nous, mais pas pour les Parisiens ! On attend plus de clients à partir de mardi. Tout est prêt, on a même embauché des extras", note Hervé, propriétaire d'un restaurant à quelques minutes du Palais.
L'impatience monte chez les photographes amateurs. "Déroulez le tapis !", lance, avec un rire communicatif, une collectionneuse de photos aux agents de sécurité. Rendez-vous mardi après-midi pour la montée des marches.
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