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Festival de Cannes 2023 : on a vu "The Idol", la sulfureuse série avec Lily-Rose Depp et The Weeknd au parfum de scandale

Les deux premiers épisodes de la série HBO mettant en scène le quotidien d'une pop star torturée ont été présentés en grande pompe lundi sur la Croisette. Le réalisateur américain Sam Levinson, créateur d'"Euphoria", livre ici une satire dramatique scabreuse et extrêmement sexualisée autour du personnage incarné par Lily-Rose Depp.
Article rédigé par Anthony Jammot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'affiche de la série "The Idol", disponible le 5 juin sur Prime Video. (HBO)

La famille Depp se trouve décidément sous le feu des projecteurs de ce 76e Festival de Cannes. Après la présence controversée de Johnny Depp dans le film d'ouverture Jeanne du Barry, c'est sa fille Lily-Rose qui était lundi soir la star du tapis rouge pour la présentation en avant-première mondiale des deux premiers épisodes The Idol, dans laquelle elle partage l'affiche avec le chanteur The Weeknd. La série produite par HBO et réalisée par Sam Levinson, le créateur d'Euphoria, sera diffusée à partir du 5 juin en France sur Prime Video.

Jocelyn (Lily-Rose Depp) incarne une popstar en plein doute après une dépression liée au décès de sa mère. Alors qu'elle tente de retrouver les sommets avec un nouveau tube, elle va faire la rencontre d'un flamboyant propriétaire de boîte de nuit au passé obscur, Tedros (The Weeknd). Ensemble, ils vont démarrer une romance malsaine qui va entraîner une remise en question profonde de l'artiste et affecter directement les relations avec l'équipe qui s'occupe de gérer sa carrière.

Nudité et décadence

Parfaitement assumée par HBO comme étant "l'histoire d'amour la plus sordide de tout Hollywood", la série The Idol pose le décor d'entrée de jeu, avec un shooting photo très sexy de la jeune star organisée dans sa villa de luxe. Séance dans laquelle elle ne va pas hésiter à se dénuder devant les objectifs alors que ce n'était pas prévu dans le contrat : "C'est mon corps", se contente-t-elle de répondre à ses managers. La série est directement inspirée de la trajectoire fulgurante puis décadente de Britney Spears (qui est citée dans le premier épisode). La narration autour de l'introspection de Jocelyn, qui vit dans la phobie de l'humiliation, va très rapidement s'écarter des considérations musicales pour se centrer sur sa relation avec Tedros et l'emprise qu'il a sur elle.

La performance de Lily-Rose Depp dans la peau de l'icône de la pop est incontestable. Après des apparitions au cinéma dans Planetarium, L'Homme fidèle, Le Roi, l'actrice et mannequin de 24 ans, fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp, connaît ici son premier rôle majeur. Et elle interprète à merveille cette superstar oscillant entre détermination et fragilité, en manque de repères affectifs, qui se retrouve soumise à une exigence artistique drastique et à la pression permanente de son entourage. Le récit autour de l'aspect superficiel des célébrités, le regard ironique sur notre époque où cohabitent des "coordinateurs d'intimité" et le grand déballage des réseaux sociaux, viennent dénoncer sans retenue le formatage de l'industrie musicale actuelle.

L'actrice Lily-Rose Depp et Abel Tesfaye, alias The Weeknd, sur le plateau de la série "The Idol", de Sam Levinson. (EDDY CHEN / HBO)

Sexisme et fantasme du viol

Mais le réalisateur d'Euphoria Sam Levinson pousse ici le curseur de l'indécence beaucoup trop loin. Et même jusqu'au malaise lorsqu'il aborde explicitement le fantasme du viol dans une conversation entre la chanteuse et son assistante : "C'est précisément ce qui me plaît chez lui", répondra la popstar aux avertissements lancés par sa confidente sur les réelles intentions du "gourou" incarné par Abel Tesfaye alias The Weeknd. S'enchaînent alors des séquences très suggestives (photos intimes, masturbations...) aux dialogues parfois vulgaires à l'excès, clairement destinées à un public averti. Entre scènes de soumission qui ne sont pas sans rappeler celles des films "50 Nuances..." et situations à caractère sexiste, la série envoie valser les convenances pour s'offrir un show faussement glamour qui tutoie les frontières de la pornographie.

Épinglée dès le mois de mars par un article de Rolling Stone l'accusant de verser dans le "torture porn", la mini-série de six épisodes crée également la polémique pour sa gestation tumultueuse. Le départ précipité de la réalisatrice Amy Seimetz et son remplacement par Sam Levinson aurait multiplié le budget et bouleversé les choix scénaristiques, selon le magazine américain. Présent en conférence de presse après la projection, le réalisateur, dont "le plus grand rêve était d'être présent au Festival de Cannes", a défendu sa liberté créatrice en affirmant proposer avec The Idol "le plus grand show de l'été". Sa série n'échappera pas aux scandales, mais elle aura au moins réussi à faire beaucoup parler d'elle avant sa sortie le 5 juin. 

"The Idol", par Sam Levinson, The Weeknd, Reza Fahim. Avec The Weeknd, Lily-Rose Depp, Suzanna Son. Sortie le 4 juin 2023 sur HBO aux Etats-Unis et le 5 juin sur Prime Video en France. Six épisodes d'environ 60 minutes.

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