"Anatomie d'une chute" : semaine de vérité en perspective pour la réalisatrice Justine Triet
Le cinéma français retient son souffle pour le film Anatomie d'une chute de Justine Triet qui s'apprête à vivre une semaine décisive des deux côtés de l'Atlantique. La Palme d'or 2023, qui va de succès en succès, pourrait faire une percée dans les nominations aux Oscars et devrait dominer celles des César. Mardi, l'Académie des Oscars doit publier depuis Los Angeles la liste des films nommés dans les différentes catégories, suivie le lendemain par sa petite sœur française, l'Académie des César.
Long de 2h32, ce film retrace le procès d'une femme accusée d'avoir tué son mari avec, pour seuls témoins, le garçon malvoyant du couple et leur chien. Glaciale et faillible à la fois, l'actrice allemande Sandra Hüller est inoubliable en accusée, tout comme l'enfant au visage indéchiffrable, le jeune acteur Milo Machado-Graner.
Un parfum de revanche en cas de nomination aux Oscars
Toute nomination aux Oscars aurait un goût de revanche pour Justine Triet. Car s'il est un succès public et critique à l'international, le long-métrage a été snobé pour représenter la France au profit de La Passion de Dodin Bouffant, une romance historique entre deux gastronomes. Un choix de la commission de professionnels réunie par le Centre national du cinéma (CNC) qui a fait polémique.
De nombreux observateurs estiment qu'on lui a ainsi fait payer son intervention à la tribune cannoise au moment où elle recevait la Palme d'or. Elle en avait profité pour critiquer le gouvernement, en pleine réforme des retraites, et pour défendre le cinéma indépendant face au libéralisme. Sans l'exception culturelle, "je ne serais pas là aujourd'hui", avait-elle lâché en recevant le prix le plus convoité du 7e art.
Cependant, Anatomie d'une chute peut aujourd'hui se prévaloir d'un parcours exceptionnel. Nommé sept fois aux Bafta britanniques, titulaire de deux Golden Globes (meilleur scénario et meilleur film en langue étrangère) et sacré meilleur film étranger aux Critics Choice Awards de Hollywood, il a le vent en poupe. Si l'on y ajoute le fait que le thriller judiciaire figure au palmarès des films de l'année de l'ancien président américain Barack Obama, tous les espoirs restent permis. Dont celui de marquer l'histoire des Oscars, onze ans après le triomphe de The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin.
Justine Triet peut rêver d'une nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice, du meilleur scénario original, voire de créer la surprise dans la catégorie meilleur film, généralement trustée par les productions américaines.
Le suspense des César prend le relais mercredi
Quel que soit le résultat de ces nominations, la nuit sera courte pour l'équipe du film, qui guettera dès mercredi matin les nominations aux César, dévoilées à 10h. Le film de Justine Triet devrait figurer en bonne place dans les votes des 4 705 professionnels du 7e art qui composent l'Académie. Ils auront un mois pour voter, avant la tenue de la cérémonie le 23 février à l'Olympia, à Paris, présidée par Valérie Lemercier.
L'an dernier, le résultat des votes avait suscité l'émoi : aucun film de réalisatrice n'était nommé dans la catégorie "meilleure réalisation". Tonie Marshall reste la seule réalisatrice de l'histoire du cinéma français à avoir été sacrée, pour Vénus Beauté (institut)... en 2000. Justine Triet deviendra-t-elle, à 45 ans, la deuxième ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.