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Lutte contre le harcèlement : Juliette Méadel propose la création d'un statut de "lanceur d'alerte"

Invitée jeudi sur franceinfo, l'ex-secrétaire d'Etat PS, Juliette Méadel, regrette l'insuffisance de l'arsenal législatif et propose la création d'un statut de "lanceur d'alerte" pour protéger les témoins de harcèlement qui ont peur de parler.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Juliette Méadel, ancienne Sécrétaire d'état chargée de l'aide aux victimes. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Manuel Valls, Valérie Pécresse, Flavie Flament, Christian Lacroix et de nombreuses autres personnalités appellent dans une pétition à mieux "protéger" la parole des victimes de harcèlement sexuel, qui trop souvent "s'autocensurent". La tribune, intitulée "Pour en finir avec l'impunité sur le harcèlement sexuel : dénoncer c'est bien, protéger c'est mieux", a été initiée par l'ex-secrétaire d'Etat PS, Juliette Méadel.

Invitée de franceinfo jeudi 19 octobre, l'ancienne secrétaire d'État à l'Aide aux victimes suggère notamment de "transposer la mécanique des lanceurs d'alerte, qui a été mise en œuvre pour lutter contre la corruption, à cette situation de harcèlement". "L'idée, c'est vraiment de protéger ce qui permet de casser le silence", explique-t-elle.

franceinfo : L'arsenal législatif est clairement insuffisant, selon vous ?

Juliette Méadel : Oui, il y a un chiffre assez frappant : la quasi totalité des femmes victimes de harcèlement sexuel ne portent pas plainte. Parce qu'elles ont peur des représailles, elles ont peur du scandale, beaucoup n'osent pas… On voit bien qu'il y a une chape de plomb qui s'est installée et qu'il faut trouver des moyens juridiques pour pouvoir aider ces femmes à se libérer.

Concrètement, que peut-on mettre en œuvre rapidement contre le harcèlement sexuel ?

Ce qui est assez frappant, c'est que tout l'environnement de ces femmes-là en général se tait. On le voit d'ailleurs dans l'affaire Harvey Weinstein. L'idée, c'est de transposer la mécanique des lanceurs d'alerte, qui a été mise en œuvre pour lutter contre la corruption, à cette situation de harcèlement. L'idée, c'est vraiment de protéger ce qui permet de casser le silence, et donc de protéger les victimes de harcèlement, de protéger aussi les lanceurs d'alerte, c’est-à-dire tous ceux qui en sont témoins et qui ont la crainte de le dire.

L'un des problèmes, c'est la preuve. Comment prouve-t-on le harcèlement sexuel ? C'est souvent parole contre parole…

La preuve est très difficile à rapporter. C'est d'ailleurs aussi ce qui freine. Et c'est pour cela que la parole qui se libère ce n'est pas forcément une parole judiciaire, mais cela peut aussi être une parole sur les réseaux sociaux, comme on l'a vu [avec le hashtag #balancetonporc]. Sur la question de la sanction, les lanceurs d'alerte peuvent justement être utiles pour apporter des éléments de preuve. Après, il y a le débat sur le délai de prescription : il a été allongé à 6 ans l'année dernière, c'est bien. Les associations de victimes pensent qu'il faut l'allonger un peu plus. Moi, je pense que tout ce qui permet de faciliter le mode de preuves est bon à prendre, donc pourquoi ne pas allonger le délai de prescription et passer peut-être à 10 ans. Avec à l'idée que trouver les preuves, c'est long, et qu'il faut donc plus de temps.

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