90 ans de Brigitte Bardot : neuf films qui ont marqué la carrière et la vie de B.B.

Brigitte Bardot fête le 28 septembre ses 90 ans. Voici 9 films qui ont marqué la carrière et la vie d'une actrice devenue un mythe dans les années 60 avant qu'elle ne quitte le cinéma définitivement pour se consacrer à la cause animale.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 9 min
Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans "Le Mépris", de Jean-Luc Godard, sorti en 1963. (NANA PRODUCTIONS/SIPA / SIPA)

Du trou normand en 1952, à L'histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise en 1973, la comédienne iconique Brigitte Bardot a joué dans une petite cinquantaine de films, avant de décider de se retirer du cinéma pour se consacrer à la défense de la cause animale. 

Le 28 septembre, celle qui enflamma le monde entier avant de devenir une passionaria de la cause animale fêtera ses 90 ans. "Je ne sais pas qui a créé le mythe B.B., en tout cas je suis ravie d'être un mythe, si j'en suis un, mais je n'y crois pas particulièrement non", déclarait Bardot en 1960 sur le tournage de La Vérité, de Clouzot. Une longue vie en partie racontée récemment dans Bardot, une série en six épisodes signée Danièle et Christopher Thompson.

"J'en ai marre de cet anniversaire ! (...) Heureusement que ce n'est pas tous les jours que j'ai 90 ans !" a déclaré l'ancienne actrice dans un entretien à l'AFP. "C'est adorable, mais au bout d'un moment, ça n'arrête pas ! Il y a un moment où je me dis que je préférais avoir 20 ans !" ajoute-t-elle en précisant toutefois qu'elle est "très contente d'être arrivée à un âge aussi canonique !".

Pour célébrer cet anniversaire, franceinfo Culture revient en vidéo sur neuf films marquants de la carrière cinématographique de la comédienne, courte, intense, et révélatrice de la personnalité pleine d'ambivalences de Brigitte Bardot, qui a aussi suscité la polémique avec son soutien à l'extrême droite.

1 Ses premiers pas devant la caméra : "Le Trou normand" (1952)

Brigitte Bardot est âgée de 18 ans à peine quand elle joue son premier rôle au cinéma, dans cette comédie de Jean Boyer. Elle y incarne Javotte Lemoine, une jeune fille utilisée par sa mère pour empêcher le naïf et un peu simplet Hippolyte (Bourvil), qui doit toucher un héritage à condition de décrocher son certificat d'études. Dans son autobiographie Initiales B.B. parue en 1996 Brigitte Bardot confiait avoir très mal vécu ce premier tournage, sur lequel elle raconte avoir été maltraitée par les membres de l'équipe, des producteurs aux acteurs, au point qu'elle aurait envisagé de stopper sa carrière naissante.

2 "Et Dieu créa la femme" (1956) : Brigitte Bardot devient B.B.

Dans ce film tourné à Saint-Tropez réalisé par son futur mari Roger Vadim, Brigitte Bardot incarne Juliette, convoitée par trois hommes, "une fille de son temps", libre dans sa vie et dans sa sexualité. Mal reçu et controversé en France, le film fait un triomphe aux Etats-Unis et un énorme succès partout en Europe. C'est avec ce rôle que Brigitte Bardot devient une star et un sex-symbol international. Et Dieu créa la femme ressort finalement en France où il connaît cette fois un engouement extraordinaire. Bardot incarne les changements de société à venir et un modèle d'une féminité à réinventer. En 1973, l'actrice déclare dans une interview à la télévision : "Je pense que j'étais dans le monde cinématographique la première comme ça, dépouillée de tout artifice, naturelle". Ce film a forgé son image de femme libre. "Je pense qu'être une femme libérée, c'est être au-delà de tout ce qu'on peut dire ou faire de vous." affirmait Bardot en 2003 dans l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde, sur France 3.

3 "En cas de malheur", de Claude Autant-Lara (1958) : un parfum de scandale

Dans cette adaptation du roman de Simenon, Brigitte Bardot partage la vedette avec Jean Gabin. Elle incarne Yvette Maudet, 22 ans, prostituée occasionnelle, qui assomme l'épouse d'un horloger au cours d'un hold-up. Très impressionnée par ce monstre sacré du cinéma français, Brigitte Bardot en oublie son texte. Mais Gabin, réticent au départ à l'idée de donner la réplique Bardot, se laisse charmer par l'actrice et la met à l'aise : "Mademoiselle j'aime les femmes grandes. Vous êtes grande, donc je vous aime." Mais une scène dans laquelle son personnage soulève sa jupe pour convaincre l'avocat de défendre sa cause, provoque un scandale. La scène est coupée par la censure et le film interdit aux moins de 16 ans. Elle sera réintroduite beaucoup plus tard dans une version restaurée du film. En cas de malheur fait un triomphe en salles. À la Mostra de Venise, Brigitte Bardot est assaillie par les fans et les journalistes, qui font le pied de grue vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans le hall de son hôtel.

4 "Voulez-vous danser avec moi" (1959) : la rencontre avec Serge Gainsbourg

C'est sur le tournage de ce film qui raconte l'histoire d'un meurtre sur fond d'adultère que Bardot rencontre Gainsbourg. Elle est la vedette, il est encore inconnu, jeune et timide. Il n'ose pas lui parler. Il attendra presque dix ans, la célébrité, et le hasard d'une nouvelle rencontre pour lui proposer en 1967 sa chanson, Harley Davidson, écrite pour elle. Cette chanson marque le début d'une histoire d'amour qui va durer trois mois. Une deuxième chanson, Je t'aime... moi non plus, écrite pour elle à sa demande, arrivera trop tard pour être interprétée par son inspiratrice. Elle sera chantée plus tard, mais par Birkin. Après trois mois d'amour fou, Bardot décide de quitter Serge Gainsbourg sous la menace de divorce de son mari, le milliardaire allemand Gunter Sachs. Gainsbourg sort de cette idylle le cœur brisé. Après la rupture, il écrit la chanson Initials B.B. qu'il enregistre en mai 1968.

 

5 "La Vérité" de Henri-Georges Clouzot (1960) : son "meilleur film"

Maître du film noir, Henri-George Clouzot s'est inspiré d'un fait divers survenu dans les années 1950 : l'affaire Pauline Dubuisson. Il donne à Brigitte Bardot le rôle de la meurtrière, qu'il baptise Dominique Marceau, et à Sami Frey celui de son amant assassiné. À propos de la scène au tribunal dans laquelle l'accusée se défend en hurlant son amour pour son amant, Bardot explique :"C'était une scène que je devais savoir au rasoir, il y avait 150 figurants, il y avait des comédiens extraordinaires (...) Si j'étais bien c'est parce que j'ai chialé pendant que je jouais, parce que j'étais à la place de cette fille". Ce film de procès avec à son casting Charles Vanel et Paul Meurisse fait un triomphe en salles. Il est considéré par Brigitte Bardot comme le meilleur de sa carrière. "Monsieur Clouzot n'est pas le tyran qu'on croit qu'il est", affirmait Brigitte Bardot au moment du tournage de La Vérité. Pas rancunière, la comédienne aurait pourtant souffert sous la direction d'un réalisateur exigeant et pas toujours très tendre. Elle l'aurait giflé parce qu'il avait écrasé ses pieds nus. À la suite du tournage, Brigitte Bardot a vécu avec Samy Frey, une liaison qui a duré plusieurs années. 

6 "Vie Privée", de Louis Malle (1962) : "un film sur Bardot"

"On m'a proposé de faire un film avec Bardot. Étant donné que Bardot est quand même une vedette très envahissante, je me suis dit que tant qu'à faire un film avec Bardot, c'était peut-être plus intéressant de faire un film sur Bardot", déclarait Louis Malle un an après la sortie du film dans l'émission Cinépanorama. Vie Privée raconte l'histoire d'une star harcelée par les journalistes et le public, qui tombe en dépression. Certaines scènes du film, comme celle où elle se fait insulter dans l'ascenseur, sont des aventures qui sont véritablement arrivées à l'actrice.  Brigitte Bardot disait ne pas aimer ce film, non pas pour des raisons de qualité, mais parce qu'"il racontait trop de choses qui lui étaient personnelles et insupportables", rapporte Henry-Jean Servat dans Bardot la légende, une nouvelle édition de son livre consacré à l'actrice publiée en septembre 2024 à l'occasion de ses 90 ans. Sans compter que Bardot ne portait pas son partenaire dans son cœur : "Elle ne s'entendait pas du tout avec Marcello Mastroianni".

7 "Le Mépris", de Jean-Luc Godard (1963) : la Nouvelle Vague

Adapté du roman d'Albert Moravia, Le Mépris est le sixième film de Jean-Luc Godard. Il raconte l'histoire de l’écrivain et scénariste Paul Javal (Michel Piccoli) heureux en ménage avec son épouse Camille (Brigitte Bardot). Le célèbre producteur américain Jeremy Prokosch (Jack Palance) lui propose de travailler à une adaptation de l’Odyssée, réalisée par Fritz Lang (qui joue son propre rôle dans le film) à Cinecittà. Prokosch fait bientôt des avances à Camille sous les yeux de Paul. "C'est formidable ! J'ai maintenant rejoint la Nouvelle Vague", déclare Bardot. Mais quand le montage est terminé, les producteurs trouvent le film trop timide et demandent au réalisateur d'ajouter des scènes de nu avec Bardot. Godard en ajoute une dans laquelle Camille énumère toutes les parties de son corps et demande à son mari s'il les aime. Si cette scène n'était pas prévue au départ, elle est devenue par la suite une scène culte. Le film est tourné en partie sur l'île de Capri en Italie, dans l'incroyable villa qui domine la mer de l’écrivain italien Curzio Malaparte qui l’a fait construire dans les années 1930 par l'architecte Adalberto Libera.

8 "Viva Maria", de Louis Malle (1965) 

Trois ans après avoir raconté les affres de la vie de star de B.B. dans Vie privée, Louis Malle redonne à Bardot un rôle aux côtés de Jeanne Moreau dans un western. Viva Maria raconte les aventures de deux danseuses de music-hall engagées dans une révolution au début du 20e siècle dans une république d'Amérique Centrale. "Quand j'y réfléchis, il était un peu inconscient. Nous engager Jeanne et moi, ensemble ! Chacune risquait de se faire bouffer par l'autre. C'était fou et magique. L'idée m'a plu. Mais le pauvre, qu'est-ce qu'il ne s'était pas mis sur le dos".

9 "L'histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise" (1973) : les adieux de B.B. au cinéma

Ce film inclassable, le 46e dans lequel joue Bardot, est l'ultime contribution de B.B. au cinéma. C'est en effet sur le tournage de ce film de Nina Companeez qui se déroule au Moyen Âge que l'actrice annonce brutalement  qu'elle quitte le cinéma pour se consacrer à la défense de la cause animale. À l’origine de cette décision, le sauvetage de Colinette, une chèvre vouée à servir de déjeuner pour la communion du petit-fils d'une vieille dame croisée par l'actrice entre deux prises. "Je veux passer mon temps à m’occuper de la défense animale. Et je crois que j’aurai beaucoup de travail, c’est pour ça qu’il vaut mieux que je ne fasse plus de cinéma." B.B. quitte définitivement les plateaux et crée en 1986 la Fondation Brigitte-Bardot. L'actrice a tenu parole et n'a jamais plus fait aucune apparition au cinéma jusqu'à aujourd'hui. "J'ai tourné la page depuis plus de 50 ans. Je suis très fière de ma première partie d'existence que j'ai réussie et qui me permet maintenant d'avoir une notoriété mondiale qui m'aide beaucoup pour la protection animale", a déclaré Brigitte Bardot ces jour-ci à l'AFP, ajoutant "Je fuis l'humanité, et j'ai une solitude silencieuse qui me va très bien."

L'acteur Francis Huster garde un autre souvenir de ce tournage. Dans une émission de Michel Drucker consacrée aux 80 ans de Brigitte Bardot en 2014, il a confié avoir "mis un sparadrap sur son zizi" pour cacher une éventuelle manifestation de son émotion dans la scène de nu avec cette femme "sublime".

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