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"Les Cahiers d'Esther" de Riad Sattouf : le BAFA, le bac français, Poutine, Parcoursup… Esther, 17 ans, toujours aussi hilarante et attachante

Les sept premiers albums de la série, traduits dans le monde entier, se sont vendus à 1,5 millions d'exemplaires.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Extrait de la couverture de l'album "Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 17 ans", de Riad Sattouf, 31 mai 2023 (ALLARY)

"Histoire de mes 17 ans", le 8e tome des Cahiers d'Esther de Riad Sattouf, Grand Prix du Festival d'Angoulême 2023, est arrivé le 31 mai dans les librairies. La jeune fille sort tranquillement de l'adolescence et se dirige tout droit vers l'âge adulte, pour notre plus grand plaisir. 

Quand l'album démarre, Esther a 16 ans. Elle entre en 1ère dans son lycée "d'élite", majoritairement peuplé de "supers bourges", et baptisé "Royal" pour brouiller les pistes. Elle vit toujours chez ses parents dans le 17e arrondissement à Paris, est toujours copine avec Cassandre ("une légende") et elle est aussi toujours célibataire. La jeune fille passe le bac Français, fait un stage BAFA, participe à la "journée défense et citoyenneté"…

Extrait de l'album "Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 17 ans", de Riad Sattouf, page 3 (ALLARY)

Dans ce nouvel épisode, on découvre une Esther sur le chemin de l'âge adulte, avec ses doutes, ses moments de déprime, ses aspirations, ses angoisses, et un regard critique sur le monde qui l'entoure qui s'affine, une conscience politique qui s'affirme. La jeune fille observe attentivement les comportements de ses congénères, mais aussi des adultes, la bêtise d'un proviseur-adjoint "clairement débarqué d'un autre siècle", ses parents qui vieillissent, une directrice de colo zélée esclavagiste, une examinatrice désinvolte, des profs peu respectueux du devoir de réserve…    

"La dernière librairie du monde"

Tout l'art de Riad Sattouf est de rester au plus près du regard de celle qui inspire son récit, et de capter dans la singularité de ce regard la drôlerie, la tendresse, la justesse. Une somme de petits détails qui dessinent plus largement un portrait fidèle et drolatique de notre monde contemporain.

Esther nous partage et nous décrypte les phénomènes qui traversent son année : les identités de genre (phénomène désormais parfaitement admis par tous, enfin presque), la drogue, les plateformes de rencontre, les salles (de sport), la guerre en Ukraine, le droit à l'avortement remis en cause aux Etats-Unis,  les réseaux sociaux, la réélection de Macron…

Extrait de l'album "Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 17 ans", de Riad Sattouf, page 42 (ALLARY)

Mais c'est aussi un portrait plus intime de la jeune fille qui se déploie dans cet avant-dernier épisode, avec des moments d'angoisse, de vague à l'âme, de questions sans réponse sur un avenir incertain. Mais la jeune fille surmonte les obstacles, garde espoir malgré tout, et envisage même d'ouvrir la "dernière librairie du monde".

Ce mélange bien dosé entre les grandes questions qui traversent la société et les petits détails de la vie quotidienne, un rapport subtil entre le texte et l'image, qui se répondent habilement pour nous faire éclater de rire à chaque page, la transcription fidèle d'une langue vivante, celle d'aujourd'hui, font de cette série un bijou chaque année renouvelé. C'est l'avant-dernier album de la série, qui doit se clore sur les 18 ans d'Esther. A savourer lentement, donc.

Couverture de l'album "Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 17 ans", de Riad Sattouf, 31 mai 2023 (ALLARY)

Les Cahiers d'Esther - Histoire de mes 17 ans, Riad Sattouf (Allary, 56 p., 17,90 €)

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