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Street artist engagé, C215 réalise une œuvre en soutien aux populations d'Ukraine sur une façade du 13e arrondissement

Connu pour son engagement et ses portraits au pochoir qui essaiment depuis plus de dix ans sur les murs parisiens mais aussi dans les prisons, le street artist C215 vient de réaliser une fresque en soutien aux populations ukrainiennes sur une façade du 13e arrondissement de Paris. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La fresque de l'artiste C215 en soutien à l'Ukraine réalisée sur une façade du 13e arrondissement de Paris en mars 2022. (MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / AFP)

C'est un portrait de fillette en jaune et bleu, les couleurs du drapeau ukrainien, coiffée d'une couronne de fleurs à la mode slave, qui occupe presque toute la hauteur de la façade d'un immeuble du 13e arrondissement de Paris. Terminé jeudi 10 mars 2022 au 131 rue Patay, il constitue un "soutien aux populations ukrainiennes", mais aussi "un message universel" anti-guerre, du street artist engagé Christian Guémy, alias C215.

Le drame des enfants pris dans la guerre

"Il s'agit du portrait d'une enfant, pour rappeler le calvaire des populations civiles et plus encore des tout petits", a écrit l'artiste sur Instagram, précisant que la fresque a été faite bénévolement et à ses frais, la mairie du 13e, connue pour son soutien au street art, ayant fourni la nacelle pour la réaliser. 

Sous son oeuvre, Christien Guémy a inscrit un texte du président ukrainien Volodymyr Zelensky adressé aux personnels administratifs de son pays : "Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais plutôt un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous voulez prendre une décision". 

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"C'est un portrait d'enfant qui nous interpelle sur le drame humanitaire en cours en Ukraine et sur la responsabilité des politiques. C'est un message universel. En noir et blanc, il parlerait d'autres conflits", explique l'artiste de 48 ans dans son atelier-studio d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), rempli de pochoirs et de bombes de couleur. Il condamne en effet autant "Vladimir Poutine qui a envahi l'Ukraine" que "les interventions américaine en Irak ou française en Libye", évoquant aussi le drame des "enfants" syriens, kosovars ou rwandais, dont il a réalisé des portraits qui le hantent.

Christian Guémy a commencé à taguer pour canaliser sa dépression

Né à Bondy (Seine-Saint-Denis) en 1973 dans un "milieu très populaire, déconnecté de la culture", Christian Guémy a eu un parcours familial difficile. Elevé par ses grands-parents qu'il croyait être ses parents, il était en réalité le fils de celle qu'on lui présentait comme sa soeur, enceinte à 13 ans. Elle s'est suicidée lorsque lui en avait cinq. 

Après une rupture avec la mère de son premier enfant, il "quitte tout pour taguer". "J'ai commencé à peindre au pochoir le portrait de ma fille autour de chez elle pour lui signaler ma présence" et "canaliser ma dépression", en travaillant "avec précision, rapidité, au scalpel": il découpe les traits des visages à même le carton, sans dessin préalable, avant de pulvériser la peinture pour les faire apparaître au pochoir.

Depuis 2006, ses oeuvres sont repérées de plus en plus souvent dans l'espace public. Il est connu pour ses portraits, ceux "des anonymes et des justes, des gens en général qui ont fait un peu plus que ce que la vie attendait d'eux", éclaire-t-il.

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Sa collaboration avec Banksy a fait décoller sa notoriété

En 2008, il collabore avec le célèbre street artiste britannique Banksy, participe à son film Exit Through the Gift Shop, et à un livre, avant de s'en éloigner, se sentant "trop Français, trop tragique". Ce "coup de projecteur extraordinaire" le propulse à l'international. Il voyage, expose, publie et reçoit des commandes. En 2013, Ubisoft le recrute pour des jeux vidéo, "un tournant", dit-il.

Depuis, il se tourne vers des oeuvres "à caractère citoyen et mémoriel", rend hommage aux grandes personnalités du Panthéon, aux collaborateurs de Charlie Hebdo assassinés en janvier 2015 ainsi qu'aux grands résistants pour le musée des Invalides. Depuis huit ans, il intervient bénévolement dans les prisons où il "parle d'engagement", et c'est ce qu'il voudrait "qu'on retienne" de lui.

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