Le musée de la Résistance de Limoges rend hommage aux guerrières du quotidien de la Premiere Guerre mondiale
Nous sommes en 1914, la Grande Guerre éclate. Tous les hommes partent au front, alors pour travailler dans les usines, restent les femmes. L'exposition "Entre ombre et lumière, les femmes à l'épreuve de la Grande Guerre" rend hommage à ses résistantes d'un autre genre. Jusqu'au 8 avril 2024, le musée de la Résistance met en avant ce tournant historique.
Qui va à la chasse, perd sa place
À l’été 1914, alors que les hommes sont partis au front, la France semble découvrir l’autre moitié de sa population : les femmes. De la bourgeoise à la paysanne, toutes sont appelées à travailler, par le président du conseil, René Viviani, pour empêcher que le pays ne soit à l'arrêt. La guerre va alors dessiner deux destins parallèles : pendant que les hommes bataillent contre l'ennemi, les femmes travaillent.
Pour commencer, il faut récolter le blé et d'autres semences pour nourrir les combattants, ensuite elles préparent les nouvelles cultures, car c'est certain, la guerre n'est pas près de s'essouffler. C'est insuffisant, la France a besoin de plus de mains-d’œuvre, les autorisations de travailler tombent.
Un travail d’homme
Jusque-là, l’univers masculin leur était infranchissable, réduite à des tâches de ménagères.
"C’était quelque chose d’inconcevable, elles ont dû demander l’autorisation absurde de pouvoir distribuer le courrier."
Agnès Peyronnetchargée de communication
Si les femmes se dévouent volontiers, la France reste frileuse à l'idée de leur confier certains secteurs. "La plupart des femmes étaient courtières donc elles savaient être minutieuses dans certaines missions. Quant à celles qui étaient aux champs ou sans profession particulière, on les met "munitionnette" à l'usine où elles fabriquaient des munitions." raconte Agnès Peyronnet.
Certaines professions comme celle de soudeur demeurent, elles, interdite.
Révolution de la mentalité
Efficaces, les femmes retroussent leurs manches, abandonnent les robes longues et les corsets pour porter un pantalon pour la première fois de leur vie. Une première victoire dans la conquête de leur liberté. La guerre de 1914, c’est aussi ça : un grand coup de pied dans le patriarcat.
"Si on compare les images de 1914 avec celle de 1919, on note un net raccourcissement des jupes, une plus grande liberté de mouvement dans les vêtements, la femme androgyne qui se coupe les cheveux, porte un tailleur ou fume, et qui va ressembler peu ou prou aux hommes."
Sophia Kurkdjianhistorienne
Au retour des hommes à la fin de la guerre, les femmes avaient fait leur place. C'est le début d'une révolution des mentalités en France.
Cette exposition, visible jusqu'au 8 avril prochain au musée de la Résistance de Limoges.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.