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De Sabine Weiss à Marc Riboud, un petit tour dans les galeries parisiennes de photographie

Les musées sont fermés mais des photographes restent exposés dans les galeries : Sabine Weiss et Vivian Maier aux Douches, Marc Riboud chez Polka, Flore à l'Académies des Beaux-Arts. Et puis Photo Saint-Germain, annulé en novembre, a finalement lieu en janvier.

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
A gauche, Flore, "L'odeur de la nuit était celle du jasmin" - A droite, Marc Riboud, "Scène de rue à Pékin, 1965"  (A gauche © FLORE, Courtesy Galerie Clémentine de la Féronnière - A droite © Marc Riboud, Courtesy Polka Galerie)

Les musées restent désespérement fermés mais les galeries ont été autorisées à rouvrir en même temps que les commerces "non essentiels" fin novembre. Voici une petite sélection de ce qu'on peut voir en janvier dans les galeries de photographie ou en plein air.

L'Indochine imaginaire de Flore à l'Académie des Beaux-Arts

© FLORE (Courtesy Galerie Clémentine de la Féronnière)

La photographe franco-espagnole Flore, lauréate 2018 du prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière, nous emmène en voyage dans l'Indochine de ses grands-parents et de Marguerite Duras, une Indochine silencieuse d'eau, de végétation et de maisons coloniales. Grâce aux très beaux tirages noir et blanc denses qu'elle réalise elle-même, au grain particulier et à quelques images en couleur qui évoquent les autochromes, elle nous plonge dans un univers mélancolique et onirique, qu'on dirait immuable mais qui n'existe vraiment que dans son imagination. L'odeur de la nuit était celle du jasmin est à voir à l'Académie des Beaux-Arts, jusqu'au 31 janvier (du mardi au dimanche, 11h-18h).

La Chine de Marc Riboud à la galerie Polka

Marc Riboud, "Huang Shan, Chine, années 80" (© Marc Riboud, Courtesy Polka Galerie)

En attendant de pouvoir découvrir la belle rétrospective du musée Guimet, on peut voir les photos de Chine de Marc Riboud (1923-2016) à la galerie Polka. Le photographe s'y est rendu de nombreuses fois à partir de 1957, suivant pendant 60 ans l'évolution du grand pays sur lequel il a porté son regard infiniment humain. Les paysans, les usines, les grandes manifestations à l'époque de Mao, le développement de Shanghai... Et pour finir, les dernières années, sur les traces des peintres chinois, il s'est intéressé aux brumes des montagnes de Huang Shan. Jusqu'au 27 février 2021.

Sabine Weiss et Vivian Maier à la galerie Les Douches

Sabine Weiss, "Les lavandières, Bretagne" 1954, Tirage gélatino-argentique postérieur (30 x 40 cm), signé par l’artiste au verso (© Sabine Weiss / Courtesy Les Douches la Galerie)

C'est toujours un plaisir de voir les images de Sabine Weiss. Cette grande dame de la photographie au regard tendre, née en Suisse il y a 96 ans, est la dernière représentante historique de la photographie humaniste française et vient de recevoir le prix Women in Motion des Rencontres d'Arles. La galerie Les Douches lui consacre une nouvelle exposition, avec "des photographies connues et d'autres plus singulières". La galerie expose aussi de nouveaux autoportraits de Vivian Maier, génialement composés, parfois mis en abyme, reflet dans une vitrine, ombre sur le bitume. Celle qu'on a baptisée la nounou-photographe avait laissé une œuvre immense, stockée dans un garde-meuble et découverte par hasard en 2007 lors d'une vente aux enchères, qui continue à livrer des merveilles plus de dix ans après sa mort dans l'anonymat. Et, en prime, une quinzaine de tirages d'Hervé Guibert. Les expositions sont prolongées jusqu'au 20 février et les horaires adaptés au nouveau couvre-feu à 18h.

Congo sur les grilles de la tour Saint-Jacques

Goma, RDC, 27-28 avril 2020. Les écoles étant fermées pendant la période de confinement, et vu la régularité des coupures de courant dans la ville, ma petite sœur de 13 ans étudie à la maison en s’aidant de la torche d’un téléphone. (© ARLETTE BASHIZI)

A cause de la pandémie, le photographe canadien et britannique Finbarr O'Reilly, 11e prix Carmignac du photojournalisme, n'a pas pu terminer le reportage en République démocratique du Congo prévu par la Fondation Carmignac. Il a donc été aidé par des photographes congolais appelés pour un reportage collaboratif sur la RDC au temps du Covid-19, Congo in Conversation, qui est exposé sur les grilles de la tour Saint-Jacques, à Châtelet (jusqu'au 27 janvier). Le reportabe aborde une série d'enjeux sociaux, les épidémies (le Covid n'est pas la première au Congo qui a dû affronter Ebola), le manque d'eau potable (longues queues avec des bidons devant un camion d'eau) et d'électricité (une lycéenne qui fait ses devoirs à la lumière de son téléphone), les violences et la corruption, la déforestation et les menaces sur l'environnement. Des images de sapeurs viennent quand même mettre une note de fantaisie.

PhotoSaintGermain en janvier

Cyprien Clément-Delmas, Daleside, 2015-2020, courtesy Rubis Mécénat (© Cyprien Clément-Delmas)

Avant le couvre-feu, on peut faire une promenade photographique dans les petites rues du quartier Saint-Germain : le festival Photo Saint-Germain n'a pas pu avoir lieu comme d'habitude en novembre mais il se rattrape en janvier. Paysages en noir et blanc classiques de Benjamin Travade à la galerie Arenthon (3 quai Malaquais). Nu féminin à la galerie Patrice Trigano (4 bis rue des Beaux-Arts), où le classique noir et blanc de Lucien Clergue dialogue avec le nu vu par trois femmes, Françoise Huguier, Monika Czosnowska et Marie Jo Lafontaine. Ou encore, 12 rue Guénégaud, le beau travail du Français Cyprien Clément-Delmas et du Sud-Africain Lindokuhle Sobekwa sur Daleside, un quartier blanc et pauvre près de Johannesburg, où ils ont passé beaucoup de temps avec les habitants. Les icônes de l'agence Roger-Viollet, dont de nombreuses photos de stars du XXe siècle à la galerie du même nom (6 rue de Seine), ou encore la beauté froide des images d'industrie de John Craven à la galerie Berthet-Aittouarès (14 rue de Seine).

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