De Marilyn Monroe aux visages du Bronx, les clichés du photoreporter star Henri Dauman exposés à Nice

Il a chroniqué l'Amérique pendant plus de 30 ans. Le photoreporter Henri Dauman fait l'objet d'une rétrospective au Musée de la photographie de Nice. De la lutte pour les droits civiques aux portraits d'Elvis Presley ou de Brigitte Bardot, près de 170 photographies emmènent le public dans un voyage à travers l’histoire récente des États-Unis.
Article rédigé par Ariane Combes-Savary
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Funérailles de John Fitzgerald Kennedy, Washington D.C., 1963. (HENRI DAUMAN PHOTO ARCHIVE)

Il est longtemps resté inconnu en France. Henri Dauman a pourtant réalisé de nombreuses photographies devenues iconiques. Lorsqu'il arrive à New York, depuis son Paris natal en 1950 à l'âge de 17 ans, il est armé d’un immense appétit de découverte et d’un appareil photo. Ses clichés vont entrer dans la légende et faire de lui l’un des plus grands photoreporters du XXe siècle.

Life, le New York Times, Newsweek : les plus grands magazines vont publier les photos de Dauman. Lui sera au rendez-vous des mouvements qui secouent l’Amérique : la lutte pour les droits civiques, les élections puis l’enterrement de John Kennedy, l’émergence du pop-art. La grande histoire en train de se faire, mais aussi les histoires individuelles, qu'il sait capturer : comme avec ce cliché de 1958 où il fixe sur la pellicule la première visite d’Yves Saint Laurent en Amérique.

"C’est un mouvement perpétuel", explique Vincent Montana, commissaire de l'exposition The Manhattan Darkroom devant la photographie d'Yves Saint Laurent. "Sa photographie est en mouvement. Et quand on regarde les planches-contact, on le voit bien, il découpe, c’est du cinéma. Ça se termine avec une seule photo, mais quand vous la regardez, tout le monde bouge autour."

au Musée de la photographie de Nice.
Exposition "Henri Dauman - The Manhattan Darkroom", au Musée de la photographie de Nice. (FRANCE 3 COTE-D'AZUR / O. Chartier-Delègue / A. Benbournane / B. Joseph)

Rien ne le prédestinait à la photographie. Henri Dauman, naît en 1933 de parents juifs à Paris. Son père est déporté par la police française et décède dans le camp d’Auschwitz. Le jeune garçon échappe de peu à la rafle du Vel d’Hiv et n'a que 13 ans lorsque sa mère décède en 1946. À 17 ans, orphelin, il décide alors de traverser l'Atlantique.

D'abord fasciné par la puissance et l'élégance architecturale de la ville de New York, il porte sur la ville un regard unique. Rapidement, ses portraits séduisent les plus grands titres de la presse américaine. Son œil aiguisé saisit avec justesse ceux qui vivent dans l’ombre, mais aussi ceux qui s'exposent sous le feu des projecteurs. De la robe à paillettes de Marilyn Monroe resplendissante à Elvis Presley en passant par Brigitte Bardot, ses clichés ont fait le tour du monde.

"La Crise cubaine", New York, 1961. (HENRI DAUMAN PHOTO ARCHIVE)

L'exposition The Manhattan Darkroom, présentée pour la première fois au Palais d'Iéna à Paris en 2014, apporte un regard singulier sur l’Amérique. Elle a voyagé dans de nombreux musées et galeries avant de faire escale pour quatre mois au Musée de la photographie Charles Nègre de Nice.

Les 170 clichés sélectionnés n'offrent qu'un aperçu de l'immense travail du photographe dont les archives personnelles contiennent encore de nombreux négatifs peu exposés. "Il y en a encore 2 millions", précise Brigitte Dauman, sa fille, qui désormais veille sur le fond photographique Henri Dauman. "Nous avons un grand travail devant nous."

Henri Dauman et Brigitte Bardot sur le tournage de "Vie Privée" de Louis Malle, 1962. (HENRI DAUMAN PHOTO ARCHIVE)

Tout au long de sa carrière, il aura gardé dans le viseur l’idée d’ouvrir le champ de vision de ses lecteurs. "Une photo réussie, c'est une photo qui raconte une histoire. On peut peut-être changer l’opinion du lecteur," affirmait-il dans une interview accordée à France Télévisions en juin 2023, quelques mois avant sa mort à l'âge de 90 ans. L'homme se considérait comme un artisan plutôt qu'un artiste. Seules ses photos comptaient.

"Henri Dauman - The Manhattan Darkroom", du 17 février au 26 mai 2024, Musée de la photographie de Nice.

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