Au Havre, le photographe algérien Ferhat Bouda alerte sur les menaces qui pèsent sur la culture berbère

Lui-même Kabyle, l’une des ethnies qui forment le peuple berbère, Ferhat Bouda a entamé en 2004 un vaste travail sur les Imazighen, les hommes libres, nom originel des Berbères. Un ensemble de peuples autochtones du Nord de l’Afrique, présents sur un vaste territoire s’étendant de la Mauritanie jusqu’à l’Egypte, et incluant le Maroc et l’Algérie, où vit aujourd’hui la plus grande partie de la population amazighe.

Plusieurs ethnies, mais une même culture, singulière et plurielle. Culture méconnue et de plus en plus menacée, que le photographe a choisi de mettre en lumière. Il est allé à la rencontre de ces communautés, désormais sédentaires pour certaines, ou encore nomades, dans les montagnes ou dans le désert.

Pendant près de 20 ans, Ferhat Bouda est parti sur les traces de ses propres racines berbères, comme un voyage initiatique, partageant le quotidien de ses populations, dont la langue, les traditions, le mode de vie, sont de plus en plus menacés, et qui résistent face à l’hostilité des états, l’arabisation à marche forcée, mais aussi l’islamisme radical.

Invité en 2017 à exposer au festival Visa pour l’Image à Perpignan, Ferhat Bouda évoquait les dangers que le fanatisme religieux faisait planer sur les Berbères, peuple solidaire et tolérant :  "Dans un village, dans une communauté, on trouve plusieurs religions, mais les gens ont toujours cohabité, ils vivent ensemble, sans faire de guerres à cause de la religion. Et ça, je trouve que c’est une très grande valeur dans le monde d’aujourd’hui".

"Imazighen. Berbères, une culture en résistance", jusqu’au 18 mai 2024. Bibliothèque Universitaire, 10 Rue Philippe Lebon 76600 Le Havre. Du lundi au vendredi de 8h30 à 19h et le samedi de 10h à 18h. Entrée libre.