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Salvador Dali : son ancien secrétaire lui dédie une exposition

Entre l'été 1968 et début 1981, Enrique Sabater a été le secrétaire particulier du grand peintre catalan. Devenu collectionneur des oeuvres de son ancien patron, il présente à Paris, à l'Espace Dali, une centaine de dessins, aquarelles et photographies, que lui a offerts et dédicacés l'artiste surréaliste. Une exposition totalement indépendante d'une rétrospective Dali prévue à l'automne par le Centre Pompidou.
Article rédigé par franceinfo - Annie Yanbékian (avec AFP)
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Salvador Dali à Paris en 1972
 (Salvador Dali / STF / AFP)

"Tout cela, ce sont des cadeaux. J'en ai plus de trois cents", souligne en français Enrique Sabater dans un entretien à l'AFP. Etabli en Andorre, il dit éprouver "un respect total et une admiration totale pour Monsieur Dali".

"Monsieur Dali", comme il aime l'appeler, l'ancien secrétaire particulier, désormais septuagénaire, l'a rencontré alors qu'il était venu lui solliciter une interview, de passage chez le couple Dali à Port Lligat, près de Cadaquès. Réponse du peintre : "15.000 dollars, c'est mon tarif habituel pour les interviews." Bien que ne possédant pas cette somme respectable, le jeune homme est revenu un ou deux jours plus tard. Puis encore le lendemain. "Ca a duré douze ans", relate Enrique Sabater.

"Signé Dali", détail de l'affiche de l'exposition avec Enrique Sabater et le peintre
 (DR)

L'ancien secrétaire, qui ne tarit pas d'éloges sur celui qui fut son patron, entend tordre le cou à certaines légendes collant au Maître, comme sa supposée pingrerie. "Je veux montrer que Monsieur Dali était très généreux." Dali, surnommé "Avida Dollars" par le poète surréaliste André Breton, "n'était pas du tout avare, comme on a pu le dire", assure Enrique Sabater. "C'est son épouse Gala qui s'occupait de l'argent." Elle était d'ailleurs bien plus autoritaire que son mari, selon les confidences de l'ancien secrétaire.

Avant de rencontrer le peintre, Enrique Sabater, Catalan comme lui, a multiplié les expériences professionnelles : pilote d'avion, relations publiques, photographe, journaliste... Par la suite, il photographie Dali dans son atelier, sans flash, ainsi que ses modèles. Il photographie aussi les visiteurs qui viennent prendre la pose près du maître. Le peintre "leur demandait de payer ces photos et il me faisait gagner de l'argent comme cela".

"Pendant quatre ans, Monsieur Dali m'a formé. Il me faisait venir dans son atelier comme un élève pour m'expliquer ses oeuvres. Puis en 1972, il m'a demandé de m'occuper de la partie commerciale, y compris des huiles", avec Gala, l'épouse de Dali de dix ans son aînée.

Une journée avec Dali
Salvador Dali commençait sa journée "en dessinant des croquis au lit. Il demandait toujours à Gala son point de vue. Il allait ensuite dans son atelier. C'était un grand travailleur et un grand lecteur, qui aimait les sciences".

"Je déjeunais et dînais à la table de Monsieur Dali et de Gala tous les jours de l'année. C'était un gourmet qui ne mangeait jamais avec excès. Il ne buvait que de l'eau (...) Après le déjeuner, il faisait une sieste puis il retournait à l'atelier. Vers 18H, commençait l'heure des visites. Beaucoup de jeunes artistes venaient lui montrer leurs travaux."

"En privé, il n'était pas excentrique. En public, il devenait un autre homme. Quand un journaliste arrivait, il se déguisait, mettait une tunique. Il parlait autrement. Il faisait son théâtre amical mais toujours avec intelligence."

"J'étais chargé de lui acheter de la cire pour ses moustaches, à la fois pour la couleur et leur maintien, pointes relevées. Pour se promener c'était sacré. Il disait que c'était les antennes miraculeuses qui amenaient son savoir. Je ne le croyais pas."

Des fausses lithographies provoquent le départ de Sabater
Au début des années 1980, des faux Dali fleurissent. "A la fin de sa vie, Gala a donné des droits sur des oeuvres graphiques sans autorisation de son mari et sans rien me dire", affirme Enrique Sabater dans son entretien à l'AFP. "Des éditeurs malhonnêtes ont multiplié les tirages et mis des fausses signatures", ajoute de son côté Beniamino Levi, qui a fondé l'Espace Dali en 1991. "Monsieur Dali, affaibli, n'avait pas l'énergie pour résister à sa femme qui est morte peu après, en 1982. J'ai écrit à diverses personnes pour dire ce qui se passait et j'ai fait mes valises en janvier 1981", conclut l'ancien homme à tout faire. Dans une interview au "Figaro", Sabater évoque même "un complot" contre lui car il se rebellait contre ces procédés, avant de conclure : "J'ai tout écrit et je le publierai un jour."

"Signé Dali, la collection Sabater", à l'Espace Dali
11, rue Poulbot, 75018 Paris
10 février - 10 mai 2012
Tél : +33 (0)1 42 64 40 10
Ouvert tous les jours de 10h à 18h.

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