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Les formes et couleurs de Poliakoff au Musée d’art moderne de la Ville de Paris

Pour la première fois depuis plus de quarante ans, Serge Poliakoff est célébré par une grande rétrospective à Paris. Le peintre abstrait est au Musée d’art moderne de la Ville de Paris avec 70 peintures et de nombreuses œuvres sur papier (jusqu’au 23 février 2014).
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La Rétrospective Serge Poliakoff au Musée d'art moderne de la Ville de Paris (octobre 2013)
 (François Guillot / AFP)

Ses peintures abstraites et colorées, très réfléchies dans leur  construction, sont immédiatement reconnaissables.
 
"Comme tous les artistes de l'abstraction intégrale, Poliakoff explore les relations entre la ligne - qui disparaît puis reparaît - et la surface. Il n'utilise que des pigments purs et superpose les couleurs, qui se révèlent par  transparence", souligne Dominique Gagneux, conservatrice en chef au MAMVP et commissaire de l'exposition.
 
Artiste important de la "Nouvelle Ecole de Paris" après la Deuxième guerre mondiale, Poliakoff a été soutenu par de grands critiques d'art de l'abstraction. Par l'intermédiaire de ses marchands (Denise René, Dina Vierny), il a éveillé l'intérêt des collectionneurs privés qui ont souvent conservé ses oeuvres. L'une d'elles a inspiré le grand couturier Yves Saint Laurent pour une robe  élégante et discrète présentée dans l'exposition.

Serge Poliakoff, Mauve violet et rose, 1954, collection particulière
 (Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris. Photo, Art Digital Studio © ADAGP, Paris 2013)
 
Un guitariste exilé qui devient peintre
Serge Poliakoff naît avec le XXe siècle à Moscou dans une famille de la haute bourgeoisie russe. Son père est éleveur de chevaux pour le tsar Nicolas II, sa mère est très pieuse. Dans cette famille qui a aussi des ascendances tziganes-russes, la musique joue un rôle important.
 
Treizième d'une famille de quatorze enfants, Serge apprend la guitare. Lorsque la Révolution russe éclate en 1917, il quitte le pays avec sa tante et son oncle et gagne sa vie comme musicien dans plusieurs villes européennes.
 
Arrivé à Paris en 1923, il continue à vivre de sa guitare, en jouant dans des cabarets. Il se forme au dessin et à la peinture, rencontre en 1935 Marcelle Perreur-Llyod, qui deviendra son épouse, la mère de son fils unique, Alexis, et sera son fidèle soutien.
Serge Poliakoff, Composition au fond bleu, 1954, Musée des Beaux-Arts de Nantes
 (RMN-Grand Palais / Gérard Blot © ADAGP, Paris 2013)
 
Le succès arrive dans les années 1950
A la fin des années 30, il rencontre Vassily Kandinsky, Sonia et Robert Delaunay. Il commence à exposer. Sa carrière de peintre décolle après la guerre. En 1946, il participe au nouveau Salon des Réalités nouvelles, qui réunit des peintres abstraits. La galeriste Denise René (décédée l'an dernier) le promeut.
 
Au début des années 1950, Poliakoff, qui parlera toute sa vie un mélange de français, de russe et d'anglais - son épouse jouant les interprètes -  s'installe à l'hôtel du Vieux-Colombier dans le VIe arrondissement. C'est la vie de bohème, les amis artistes se retrouvent chez les Poliakoff. L'atelier est exigu. Mais Poliakoff se contente de peu. Ce n'est qu'en 1952 qu'il peut renoncer à son activité de guitariste pour se consacrer entièrement à la peinture. Sa notoriété se renforce notamment dans le monde. Le succès est là.
 
Alors qu'il travaille à la préparation d'une grande rétrospective de son oeuvre au musée national d'Art moderne, il s'éteint en octobre 1969. Un an plus tard, l'exposition ouvre dans l'aile Ouest du Palais de Tokyo où le musée était alors installé (il est aujourd’hui au Centre Pompidou).
Serge Poliakoff, Composition abstraite à la bande bleue, 1951, Colleciton particulière, Francfort
 (droits réservés © ADAGP, Paris 2013)
 
Peindre pour arrêter le temps
Pour cette nouvelle rétrospective, c'est l'aile Est de ce bâtiment conçu en 1937 et la Ville de Paris qui accueillent le peintre. La boucle est bouclée.
 
"Si pendant plus de vingt ans, Poliakoff semble avoir peint presque toujours le même tableau, cela ne traduit pas une impuissance mais au contraire une volonté, celle d'arrêter le temps", relève Fabrice Hergott, directeur du  MAMVP.
 
Parallèlement à l’exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le musée Maillol présente 40 gouaches de Serge Poliakoff, réalisées entre 1948 et 1969.

Serge Poliakoff, Le rêve des formes, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e
tous les jours sauf lundi, 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h
du 18 octobre 2013 au 23 février 2014

 

              

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