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Les couleurs de la peintre Etel Adnan à l'Institut du monde arabe

Pour la première fois, la poétesse et peintre libano-américaine Etel Adnan a une grande exposition monographique à Paris, à l'Institut du monde arabe, qui présente ses tableaux aux couleurs vives et puissantes et ses "leporello", longs livres illustrés en forme d'accordéon multicolores dont elle fait des œuvres d'art (jusqu'au 1er janvier).
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Etel Adnan, "Voyage au Mont Tamalpa", Leporello, 2008 (détail)
 (Etel Adnan, courtesy Galerie Claude Lemand - Paris)

Née d'un père syrien marié à une chrétienne d'origine grecque, Etel Adnan,  91 ans, "a grandi entre deux cultures où l'on parle français à la maison", explique le commissaire de l'exposition, Sébastien Delot.
 
Venue étudier la philosophie à Paris, elle est recommandée par le philosophe Gaston Bachelard pour enseigner dans un collège proche de San Francisco. C'est ce paysage californien qu'Etel Adnan traduit "avec des aplats de couleurs très franches sorties du tube, avec des compostions parfois sourdes  et des couleurs juxtaposées".

Etel Adnan, "Sans titre", 2012, Private collection, Andrée Sfeir-Semler
 (Etel Adnan)


Des paysages qui frôlent l'abstraction

Dès l'entrée de l'exposition de l'IMA, le visiteur peut apercevoir des peintures de paysages, des petits formats (40 x 30 cm) "qui frôlent l'abstraction", et ces fameux  "'leporello', souligne Sébastien Delot.
 
L'un d'eux a été réalisé après l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963. Etel Adnan a traduit un poème de l'Américain Wendell Berry, travaillé la calligraphie - les "t" devenant des croix - et illustré de couleurs vives les derniers instants du président.
 
D'autres "livres-accordéon", dont certains, dessinés à l'encre de Chine, montrent la vie à New York, font du leporello le "fil conducteur de  l'exposition", insiste le commissaire, qui parle de "quasi composition musicale".
Etel Adnan, "Matinée récréative"
 (Etel Adnan, courtesy Galerie Lelong)


Une artiste engagée

Jamais exposée à ce jour dans une institution française, Etel Adnan s'est aussi attaquée à des formats plus grands (180x120 cm). L'exposition donne à  voir l'un d'eux sur les trois existants dans le monde, "Le Tigre à Bagdad"  (1971). Un accident de voiture en 1980 l'a empêchée depuis de continuer dans  cette voie.
 
"Toute son œuvre résonne des tintamarres et des fureurs des hommes, de la guerre d'Algérie, ou de la Guerre du Vietnam aux embrasements du Moyen Orient", écrit Jack Lang, le président de l'IMA, qui célèbre une artiste engagée qui "n'a cessé d'épouser la cause des peuples opprimés dans leurs luttes et leurs déchirements".
Etel Adnan, "Sans titre", 1992, encre de Chine sur papier Japon
 (Etel Adnan, courtesy Galerie Lelong)


"L'apocalypse arabe", une fable ponctuée de dessins

"L'apocalypse arabe" (1980), une fable débutée au temps des pharaons pour se terminer dans les camps de réfugiés palestiniens, ouvre et ferme l'exposition.
 
Au centre d'une pièce sont affichés les fragments annotés, corrigés, ponctués de dessins du livre. C'est sous forme de tapuscrit que le visiteur peut découvrir cette apocalypse. Le texte est lu successivement en voix off par Etel Adnan en français, en arabe et en anglais.
 
L'exposition d'Etel Adnan à la Serpentine Gallery de Londres du 2 juin au  11 septembre 2016 avait attiré quelque 100.000 personnes.

 

Etel Adnan; "Voyage au Mont Tamalpa", Leporello, 2008
 (Etel Adnan, courtesy Galerie Claude Lemand - Paris)

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