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Coronavirus : les raisons pour lesquelles les musées parisiens sont inquiets sur l'après

Quand les musées pourront-ils rouvrir ? Et s'ils rouvrent cet été, le public sera-t-il au rendez-vous ? De nombreuses questions restent en suspens pour les musées parisiens, suscitant une inquiétude grandissante.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Devant le musée du Louvre vide en temps de confinement dû au coronavirus, le mardi 24 mars 2020. (CELINE BREGAND / SIPA)

Quid de l'après confinement dû au coronavirus ? Beaucoup de questions, peu de réponses claires : les nombreuses incertitudes du secteur commencent à peser sur le moral des musées parisiens. Face à ce brouillard, une véritable inquiétude se fait jour,  qui devrait persister tant que ne seront pas connus l'échéancier et les modalités du déconfinement. Voici les signes qui montrent que la reprise ne sera pas facile.

Le secteur devrait être déconfiné plus tard que d'autres

Plusieurs acteurs du secteurs craignent que la reprise n'intervienne pas avant l'été. 
Si la plupart des activités vont pouvoir reprendre progressivement en France à partir du 11 mai, "
les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées resteront en revanche fermés à ce stade", a déclaré le président Emmanuel Macron lors de son allocution lundi. 

"Dans le champ des arts et de la culture, le déconfinement sera certainement plus progressif que dans d'autres secteurs", a prévenu de son côté le ministre de la Culture, Franck Riester, dans un entretien au Monde publié vendredi. 


Le futur musée Pinault de la Bourse de Commerce a reporté d'un an son ouverture

L'ouverture du musée d'art contemporain de François Pinault dans l'ancienne Bourse de Commerce de la rue du Louvre, a été reporté d'un an, à 2021. Le fait de reporter ce qui s'annonçait comme l'évènement du printemps est un mauvais signe pour tout le secteur.

L'ancienne Bourse près des Halles, magnifiquement transformée par l'architecte japonais Tadao Ando, avait été livrée le 9 mars. Mais de nombreuses finitions, l'aménagement des abords, l'installation des oeuvres devaient être faites selon un calendrier serré de mars à juin, avant que ce nouveau centre d'art contemporain ouvre ses portes.

Tout achever aurait impliqué en temps normal la présence concomitante de plus de 200 intervenants sur le site chaque jour. Ce sera proprement impossible quand le confinement sera levé pleinement ou partiellement. Pour respecter "la distanciation" entre les ouvriers, il faudra bien huit à neuf mois de travaux, évalue-t-on à la Collection Pinault.

"Plutôt que de se trouver dans un calendrier glissant dont nous ne saurions jamais le terme, nous avons préféré le confort" d'une ouverture au printemps 2021, a argumenté l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, conseiller de François Pinault. 

La réouverture des musées rénovés, comme Carnavalet, remise à plus tard

Dans le Marais, le Musée Carnavalet rénové devait aussi ouvrir ce printemps, ainsi que l'Hôtel de la Marine place de la Concorde à l'été. Ces échéances sont remises à des dates encore inconnues.

Ayant juste terminé son accrochage avant le confinement, le Musée de la mode, le Palais Galliera, pourra lui rouvrir avec des délais raisonnables.

Des expositions majeures reportées

Le château de Versailles a reporté au second semestre 2020 l'exposition Versailles et la Chine à la Cité Interdite à Pékin, et l'exposition annuelle d'art contemporain dans le parc est décalée à début 2021. Ce sont aussi une foultitude de conférences et concerts, sources de revenus non négligeables, qui sont annulés. 

Le Petit Palais, admet son directeur Christophe Leribault, "a dû annuler toute sa saison printanière de concerts, films, conférences qui devaient entourer une vaste exposition consacrée à L'Âge d'or de la peinture danoise qu'il faudra reporter à cet hiver ou l'an prochain en fonction des possibilités du calendrier et des prêteurs". Optimiste malgré tout, M. Leribault dit s'attendre à une rentrée artistique où "les musées d'art seront plus que jamais des lieux de ressourcement".

Si les musées rouvrent cet été, le public sera-t-il au rendez-vous ?

Partout, que ce soit au Louvre, au Musée d'Orsay, au Musée du Quai Branly, au Grand Palais ou au Centre Pompidou, on se creuse les méninges à établir les meilleurs scenarii : reporter pour ne pas devoir annuler une exposition? Quand reporter et comment reprogrammer les expositions suivantes? Comment recevoir et renvoyer les oeuvres vers l'étranger. Et le coût que tout cela aura. 

Et à supposer que certains musées rouvrent à l'été, le public osera-t-il franchir déjà leurs portes? On tente de sauver en les prolongeant ou en les décalant des expositions phares qui étaient prêtes à ouvrir, comme Christo au Centre Pompidou, Pompéï au Grand Palais, James Tissot au Musée d'Orsay.

"A ce stade, les annulations d'expositions ne sont pas à l'ordre du jour. Nous travaillons sur différents scénarios de recalage", assure-t-on par exemple au Musée d'Orsay.

Quand pourra-t-on ré-acheminer les oeuvres venues de l'étranger ?

Au Quai Branly, l'exposition "Les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique" qui devrait être reportée à l'automne, pose un problème particulier, celui d'oeuvres précolombiennes, certaines de plusieurs tonnes, qui ne sont jamais sorties du Mexique.

Elle est conditionnée à la reprise du transport international et à la possibilité d'envisager un accompagnement par des convoyeurs mexicains. Cette question du transport international est centrale pour les futures expositions muséales.

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