"Paradis naturistes" au Mucem : une exposition entièrement dédiée à l'histoire du naturisme en France

C’est une première en France. Le Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) à Marseille dédie une exposition entière à l'art de vivre nu. "Paradis naturistes" propose à partir du mercredi 3 juillet une déambulation à la découverte de 600 photos, films, revues, peintures, sculptures ou objets pour plonger dans l'histoire et l'utopie des communautés naturistes françaises. L'exposition remonte jusqu'aux débuts du mouvement il y a 100 ans, jusqu'en 2024 où la France reste la première destination touristique au monde pour les adeptes de nudité.

Pour démarrer l’exposition, il faut traverser un grand rideau en forme de soleil, car c’est bien le soleil qui a attiré les naturistes en France, explique Amélie Lavin, conservatrice au Mucem. "Le cœur du naturisme, c'est établir une reconnexion avec la nature, retrouver son corps nu", explique-t-elle. Une pratique importée d’Allemagne et de Suisse, par rejet de la vie urbaine et de l'industrialisation de la fin du XIXème siècle. Le naturisme est même vu comme thérapeutique par les médecins à l'origine des premiers clubs naturistes en France. "Dans les années 1920, on est sur des lieux clos, détaille Bernard Andrieu, co-commissaire de l'exposition. Soit sur des îles, soit dans des clubs très fermés, dans des châteaux ouverts essentiellement à la bourgeoisie, qui veut sortir de Paris et de la pollution".

"Tous les corps sont présents"

La pratique du naturisme est d'abord réservée à l'élite, aux stars sur l'île du Levant, au large d'Hyères, qui finissent dans Paris-Match. Puis, elle se démocratise dans les années 1950. Le naturisme en famille se développe dans les campings. Sur un grand cliché en noir et blanc exposé au Mucem, la fondatrice de la Fédération française du naturisme, centenaire, pose nue devant son mobile-home. "Chacun va pouvoir accéder trois semaines par an à une situation assez idyllique, protégée. Tous les corps sont présents, observe Bernard Andrieu.

"On peut se mettre nu et on ne va pas se juger, dire qu'un tel est riche, qu'un tel est pauvre."

Bernard Andrieu, co-commissaire de l'exposition

à franceinfo

Cette philosophie, le tourisme naturiste, séduit. L’exposition revient sur sa massification dans les années 70 au cap d’Agde. Amélie Lavin, conservatrice au Mucem, veut d'ailleurs faire passer un message : "J'espère que l'exposition permet aussi de s'interroger sur l''équation qu'on fait un peu systématiquement entre nudité et sexualité. 'Paradis naturistes' montre énormément de corps nus mais il n'est pas du tout question de sexualité."

Les œuvres explorent aussi la nudité actuelle, militante et politique, avec une photo d'une Femen torse nu. De quoi interroger le rapport à la nudité des visiteurs : "C'est… Intéressant", rit Pauline, une visiteuse de 20 ans qui découvre; gênée, la philosophie naturiste. "Mais pourquoi pas, ça ne fait de mal à personne de faire ses courses nu". Pour ceux qui voudraient tenter l’expérience, des visites naturistes de l’exposition sont prévues au Mucem de Marseille, une fois par mois, jusqu'au 9 décembre.