A Marseille, le Mucem veut toucher les publics des quartiers populaires : "Ce musée est leur lieu et ils sont les bienvenus"
Le Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée), les jeunes du lycée Saint-Exupéry, dans les quartiers Nord de Marseille, ne le fréquentent pas. "Ici, c'est vraiment défavorisé comparé aux quartiers Sud, on va pas se mentir, constate l'un d'eux. Ils ont le tramway, le bus, ils ont des Vélib... C'est beaucoup plus simple pour eux de se déplacer. Nous, jusqu'au Mucem, c'est assez compliqué." Le Mucem ? Cette jeune fille le situe dans la ville : "C'est un musée situé au Panier, à côté du Vieux-Port." Mais ça s'arrête là. "Ça me dit rien, et ça m'intéresse pas trop", explique-t-elle.
Le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée a pourtant ouvert en 2013 à Marseille et il est devenu un haut-lieu culturel et touristique pour Marseille, mais il peine à attirer un public issu des quartiers populaires. Premier défi donc pour son nouveau président, Pierre-Olivier Costa : mettre en valeur les collections de ce musée national dédié à l'origine aux arts et traditions populaires. "L'idée, pour toucher ces publics, c'est de remettre la collection au cœur du Mucem. On pense que c'est un atout pour les publics non familiers du musée, parce que c'est une collection qui raconte des choses. Ce sont des choses de la vie, des objets qui ont vécu avec les hommes, qui dégagent de l'émotion, de l'affect. On n'a pas ce côté un peu intimidant des musées des beaux arts où il faut avoir parfois fait un peu d'études d'histoire de l'art pour pouvoir bien comprendre. Le Mucem est leur lieu et ils sont les bienvenus."
"Nous, on a besoin d'un guide sur place"
Au-delà de la programmation, le Mucem met en place un conseil d'orientation composé d'associations issues des quartiers difficiles. Françoise Pams est en charge de ce projet. Une première pour un musée national. "Pour être sûr que notre programme correspond à leurs attentes, l'idée est de voir avec eux nos outils de médiation, nos outils de communication, voir si nous sommes bien dans quelque chose qui va vers eux et qui leur parle."
Pour Sophia Taïbi, la présidente de l'association Cultures sans frontières à Marseille, cela passe par des décisions très concrètes. "Faire une exposition sans guide, pour nous, ce n'est pas intéressant parce qu'on n'a pas cette habitude de tout lire ou de se renseigner sur tout. Donc on a besoin d'un guide sur place. Après, c'est le bouche-à-oreille qui fait que ça intéresse de plus en plus de personnes !"
L'autre élément déterminant pour attirer cette population, c'est l'accès au musée. Il y avait déjà un bus gratuit qui sillonnait les quartiers Nord. Les rotations vont être renforcées et une application permettra de fluidifier tout le parcours.
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