A Toulouse, une exposition consacrée à Daniel Cordier propose de se mettre dans la peau d'un espion de la Résistance
"Les sanglots longs des violons de l'automne, bercent mon coeur d'une langueur monotone." Qui ne connait pas ces vers, ceux-là même qui annonçaient sur les radios le Débarquement en Normandie. Ce type de messages codés, à destination de la Résistance, Daniel Cordier s'en était fait une spécialité. Cet ancien résistant disparu en 2020 est surtout connu pour avoir été le secrétaire de Jean Moulin et après la guerre marchand d'art et collectionneur. Il fut aussi, et on le sait moins, membre du service "Action" des services secrets de la France libre. C'est lui qui se porte volontaire pour devenir un agent du renseignement français.
"Une autre façon de faire la guerre"
"Le jeune Cordier est un jeune homme particulièrement intelligent qui apprend rapidement, ce qui en fait un candidat rêvé pour les services secrets britanniques et français, explique Antoine Grande, directeur du musée de la Résistance et de Déportation de Haute-Garonne. C’est une autre façon de faire la guerre qu’il ne connaissait pas, qu’il considère au début comme un petit peu infâmante, lui qui voulait absolument un uniforme français et une arme, il va se rendre compte que là se joue l’avenir de la France".
L'exposition temporaire du musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse s'attache à trois grands thèmes qui ont jalonné la vie de Daniel Cordier : la guerre, l'art et l'histoire. S'il a été dans un premier temps militant maurrassien et monarchiste, il fut l'un des premiers à rallier la France Libre du général De Gaulle à Londres, dès la fin juin 1940. Un engagement à découvrir d'une manière inédite.
Dans la peau du jeune résistant
En marge de l'exposition, un atelier consacré à l'espionnage et aux méthodes de codage permet au public de se mettre dans la peau du jeune résistant. Apprendre à coder et à décoder, transmettre des messages en toute discrétion, celui qui fut aussi Compagnon de la Libération avait détaillé ses techniques dans des carnets à destination des futurs résistants.
Guidés par une médiatrice culturelle, Tobias et son père découvrent l'encre sympathique, la machine enigma, ou encore le morse. "Vous allez vous choisir un nom et ensuite vous allez me le faire entendre en morse, propose Emma Gallitre aux deux apprentis espions. On a de quoi faire des bips longs et des bips courts," explique-t-elle. Le père et le fils se prêtent au jeu. "Le fait de pouvoir comprendre les enjeux de l’époque et effectivement pouvoir communiquer des messages sans être pris des ennemis, en toute sécurité, c’est un exercice assez intéressant", témoigne l'aîné. Un autre atelier, organisé le 23 août prochain sera consacré aux liens que Daniel Cordier a entretenus avec les artistes contemporains.
L'exposition "Daniel Cordier, 100 ans d'agitation, la guerre, l'art, l'histoire", est visible jusqu'au 4 novembre 2023 au musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse.
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