Cet article date de plus d'un an.

Coupe du monde 2022 : Simon Kjaer, de mal-aimé à héros de la sélection danoise

Un joueur, une histoire. Le capitaine du Danemark, qui affrontera la Tunisie mardi, a vu son image auprès du public danois évoluer après avoir porté secours à son coéquipier Christian Eriksen lors du dernier Euro.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le capitaine de l'équipe du Danemark, Simon Kjaer, lors du match de Ligue des nations contre la France, le 25 septembre 2022. (ULRIK PEDERSEN / AFP)

Entre Simon Kjaer et Christian Eriksen, c'est à la vie, à la mort. Contre la Tunisie, lors du premier match de la sélection danoise dans ce Mondial, mardi 22 novembre, les deux joueurs vont démarrer leur troisième Coupe du monde, après celles de 2010 et 2018. Un record pour des joueurs danois. Eriksen et Kjaer partagent tout en sélection. Déjà en octobre 2020, ils avaient fêté leur 100e sélection ensemble, contre l'Angleterre.

Le 12 juin 2021, un événement tragique les a rapprochés un peu plus encore. Alors que Christian Eriksen est victime d'un malaise cardiaque lors du premier match du Danemark à l'Euro 2021 contre la Finlande, Simon Kjaer intervient rapidement afin d'enclencher la procédure de réaction cardiopulmonaire. Les médecins de la sélection puis les secouristes interviendront ensuite, pour sauver le joueur de l'Inter Milan.

Quelques semaines plus tard, le capitaine danois recevra la distinction du président de l'UEFA, un prix honorifique remis chaque année, aux côtés des huit autres personnes qui ont contribué à sauver la vie d'Eriksen. Quand ce dernier se remet à l'hôpital, Kjaer devient un héros. Et l'équipe nationale, qui atteint les demi-finales de l'Euro dans la foulée, est adulée par le public danois pour son parcours. Pour le capitaine de la sélection, tout n'a pas été pourtant si simple.

En conflit ouvert avec la Fédération en 2018

Il y a quatre ans, Kjaer n'était pas si populaire. "Il a longtemps beaucoup souffert de la comparaison avec Daniel Agger", explique Frederik Gernigon, journaliste franco-danois chez BT. Agger, capitaine du Danemark de 2011 à 2016, a laissé le brassard à Kjaer lors de sa retraite. Mais ce dernier a mis du temps à convaincre, notamment sportivement.

"Il faut toujours un bouc émissaire quand ça ne va pas, et j'ai eu ce rôle pendant une période, expliquait-il au magazine Tipsbladet avant la Coupe du monde 2018. Morten Olsen [sélectionneur de 1999 à 2015] a une fois dit publiquement que le ballon n'était pas mon meilleur ami. Au Danemark, ce commentaire a fait croire que je ne savais pas jouer au football." Mais c'est aussi en-dehors des terrains que Kjaer est mal vu par le public danois. 

Après le Mondial 2018, un conflit éclate entre la Fédération danoise de football (DBU) et les joueurs de la sélection au sujet des droits d'image. Pour les mêmes raisons qui ont poussé ces derniers mois Kylian Mbappé à réclamer une nouvelle convention en équipe de France. En septembre 2018, la DBU va même jusqu'à laisser les joueurs habituels de côté, dont le capitaine Kjaer, pour envoyer des amateurs affronter la Slovaquie en match amical.

Son sélectionneur le voit comme un "modèle"

"Le public danois avait l'image d'une équipe nationale composée de joueurs un peu pourris gâtés. Les Danois se sentaient un peu ridicules. C'est l'une des pages les plus sombres de l'histoire de la sélection danoise", explique Frederik Gernigon. Si tous les joueurs sont critiqués, le capitaine Kjaer est le visage de la fronde. Un accord est finalement trouvé entre la DBU et les sélectionnés, mais il faut attendre l'Euro 2021 pour que l'équipe fasse de nouveau union avec le public danois.

Simon Kjaer réconforte la compagne de Christian Eriksen après le malaise cardiaque de ce dernier lors du match de l'Euro 2021 entre le Danemark et la Finlande à Copenhague, le 12 juin 2021. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Contre la Finlande, Kjaer aide à sauver la vie d'Eriksen, réconforte la compagne de ce dernier sur la pelouse du Parken Stadium de Copenhague, avant de céder sa place en deuxième période, remué par la situation. "Il a montré de la personnalité mais aussi des émotions. Il a montré qu'il était humain", se souvient Frederik Gernigon. "Je ne suis pas un héros, j'ai juste fait ce que j'avais à faire, sans réfléchir", expliquait Kjaer au Corriere della Serra quelques semaines après l'Euro.

Kasper Hjulmand le voit davantage comme un "modèle". Le sélectionneur danois aura bien besoin de son capitaine contre la Tunisie mardi, puis contre l'équipe de France, samedi 26 novembre, pour le deuxième match de son équipe dans cette Coupe du monde. Gravement blessé il y a un an, Kjaer est revenu progressivement sur le terrain et sa présence au Mondial a longtemps été incertaine. Maintenant qu'il est là, hors de question que le héros du Danemark ne soit pas présent sur la pelouse.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.