Coupe du monde de football : la délicate gestion de la blessure secrète de la star australienne Sam Kerr
C’était censé être sa compétition. Mais Sam Kerr n’a pour l’instant pas marqué de son empreinte la Coupe du monde à domicile de l'Australie, à cause d'une blessure qui l'a écartée des terrains. En dehors du pré, les discussions sur son état physique ont animé le parcours des Matildas, et révélé toute la difficulté de la gestion de la superstar locale.
Le 20 juillet, alors que toute l’Australie se préparait à la fête, la nouvelle avait fait l’effet d’une bombe. Peu avant le coup d’envoi du premier match, l’encadrement australien avait fait savoir que la capitaine Sam Kerr, 63 buts en 120 matchs sous le maillot des Matildas, ne disputerait pas la rencontre du soir à la pointe de l'attaque, et qu’elle serait forfait pour les deux premiers matchs de poules, touchée au mollet.
Un choc et des questions
Le choc était d’autant plus inattendu que la joueuse s’était présentée en conférence de presse la veille au côté de son sélectionneur, ne laissant rien transparaître, alors qu’elle venait pourtant de se blesser au dernier entraînement. Vu l’atmosphère froide des échanges avec la presse après la rencontre, malgré la victoire, le secret n’avait pas du tout plu aux journalistes locaux. "Beaucoup l'ont très mal pris, ont eu l'impression qu'on leur avait menti", reflète Matthew Carmichael, journaliste pour Seven Networks, diffuseur des matchs des Matildas. "C'était tellement inattendu, et ça changeait tellement de choses, ça a eu du mal à passer."
Le forfait pour les deux premiers matchs acté, l'état de la joueuse serait ensuite réévalué, dans une gestion médicale scrutée par tous les observateurs. "Dans le cas de Sam Kerr, il a vraisemblablement été décidé d'entretenir la joueuse avec des petits bouts d'entraînements, beaucoup de kiné et des soins", estime Patrice Lair, entraîneur de la section féminine de Bordeaux. Avec aussi un peu de stratégie. "Il faut voir si la joueuse est obligée ou non de jouer par rapport aux adversaires", indique-t-il.
Attendue mais pas remise pour le match décisif contre le Canada, Sam Kerr a finalement fait son retour sur le carré en fin de huitième de finale, entrée en jeu à dix minutes du coup de sifflet final, dans un Stadium Australia en liesse. Pour Matthew Carmichael, "ils ne sont pas allés trop vite, ils n'ont pas forcé les choses. Médicalement, ils ont géré de la meilleure des manières pour la protéger."
Le forfait de Sam Kerr, capitaine et leader de cette génération de Matildas, a aussi dû être géré au sein du groupe. La résignation qui transpirait dans les travées du Stadium Australia après l’Irlande n’a pas duré. Sans elle, les autres membres de l’attaque, Caitlin Foord, Hayley Raso et Mary Fowler en tête, ont élevé le niveau, cumulant cinq buts depuis le coup d’envoi du tournoi. "L'équipe a montré qu'elle pouvait performer sans elle, et qu'elle a progressé", assure Matthew Carmichael. "Elles ont réussi à dépasser la dépendance à Kerr, et ça en devient même presque une insulte de parler de 'Kerr-dépendance' pour ces joueuses."
Un retour progressif et naturel
La joueuse de Chelsea a en outre toujours pris place sur le banc pour soutenir ses coéquipières. "Cela montre combien sa présence est importante auprès du groupe. Elle crée un truc fédérateur dans le vestiaire, les joueuses se sentent plus en sécurité quand elle est là", analyse Patrice Lair. C’est également pour cela que sa réintégration s’est faite de manière naturelle, sans perturber le collectif, et même en lui redonnant le brassard.
S’il n’y a encore aucune assurance sur sa titularisation face aux Bleues, chacun y va de sa petite idée. "Sam Kerr, sur un quart de finale contre les Bleues, qui plus est sur ses terres… Le coach est obligé de la faire jouer car c'est un match trop important", estime Patrice Lair. "Je pense qu'il faut garder ce onze de départ qui a très bien tourné, et Kerr en joker", préconise de son coté Matthew Carmichael. Vendredi, elle a participé à l'entraînement collectif avec toutes ses coéquipières.
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