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Coupe du monde 2022 : cela fait "15-20 ans" que "des gens viennent gâcher la fête" en France lors des évènements sportifs, affirme un syndicat de policiers

Pour la finale de la Coupe du monde, 14 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dimanche partout en France L'objectif est de "contrôler" les "gens malintentionnés qui veulent s'en prendre aux personnes ou aux biens", a souligné le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des échauffourées ont notamment eu lieu sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, dans la soirée du samedi 10 décembre. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA /MAXPPP)

Cela fait "15-20 ans" que "des gens viennent gâcher la fête" en France lors des évènements sportifs, a déclaré vendredi 16 décembre sur franceinfo le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale. "C'est un phénomène qui dure", affirme David Le Bars. Le ministère de l'Intérieur a prévu pour le week-end du 17 au 18 décembre un dispositif de sécurité important pour tenter de contenir des débordements éventuels après la petite finale de la Coupe du monde samedi entre la Croatie et le Maroc et la finale de dimanche entre la France et l'Argentine. Il y a 14 000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés dimanche partout en France. Les Champs-Elysées seront fermés à la circulation.

franceinfo : Le dispositif prévu ce week-end vous paraît-il dimensionné ?

David Le Bars : C'est important de monter en puissance parce qu'il y a des groupes à risque de différents horizons qui viennent. Dimanche, c'est une finale de Coupe du monde. Si le résultat est au rendez-vous pour la France, ça déplace énormément de monde. C'est de la gestion de foule tout simplement. Il faut sécuriser tout cela. C'est un énorme dispositif, c'est logique. Dimanche, c'est un mouvement de foule qui sera sans doute une liesse s'il y a la victoire.

Le risque n'est pas tant le fait qu'il y ait des gens qui viennent en profiter, mais surtout l'immensité de la population qui pourrait se déplacer. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui peuvent rejoindre des places, des avenues. Ça se gère avec des effectifs, c'est du maintien de l'ordre classique. Et puis, s'il y a des gens malintentionnés qui veulent s'en prendre aux personnes ou aux biens, il faut aussi contrôler ce type de groupes et donc il faut calibrer le dispositif avec de la mobilité pour faire face à ces groupes à risque.

Vous êtes surpris en tant que commissaire par les débordements de ces derniers jours ?

Malheureusement non. J'ai travaillé sur le terrain durant quinze ans. Je travaillais sur des matchs qu'on appelait des matches à risque. En fait, ce n'est pas tant les matches qui sont à risque, c'est les événements sportifs qui deviennent maintenant des prétextes, comme peuvent l'être des soirées du 13 juillet ou la Fête de la musique, pour les gens malintentionnés de venir gâcher la fête de ceux qui viennent vraiment faire la fête.

 

"Malheureusement, ces matchs de foot censés être de liesse populaire sont gâchés par une minorité de personnes."

David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale 

à franceinfo

Des minorités de personnes, qui s'en prennent aux biens, qui s'en prennent aux autres, qui viennent pour des raisons politiques, s'en prendre à des gens qui ne sont pas de leurs pensées ou de leur couleur de peau. C'est de ça dont il s'agit avec des groupes identitaires. Tout ça, il faut le préparer. Les services de renseignement nous aident et on met du monde sur le terrain.

Constatez-vous une aggravation de la situation ?

Mon inquiétude, c'est que ça dure. Cela fait des années que ça se reproduit. On est un pays peut-être à la marge dans le reste du monde, mais on a des problématiques d'événements sportifs sur lesquels se greffent des gens qui viennent gâcher la fête. C'est un phénomène qui dure. Il y a différentes intensités, ce n'est pas en permanence, mais c'est un phénomène que je connais professionnellement depuis 15-20 ans.

La dissolution des associations d'ultradroite ne sert pas à grand-chose ?

C'est toujours le problème de dissoudre un groupe qui peut réapparaître soit sans se déclarer, soit sous un autre nom. Le travail de la police nationale c'est quand on les repère sur le terrain, c'est d'aller les empêcher de nuire. On l'a vu à Paris. C'est une action remarquable des services de police, à la fois en renseignement et puis sur le terrain, puisqu'une quarantaine d'entre eux ont été attrapés sur la foi du délit.

Il n'y a même pas besoin de passage à l'acte à partir du moment où ils sont regroupés, qu'ils ont des signes distinctifs, des éléments types cagoules, armes, etc. Ils ont été mis à disposition de la justice et on verra ce qu'en fait la justice. On les a vus aussi apparaître à Lyon. Il y a à la fois des groupes identitaires, mais on a vu aussi de l'ultragauche. On a vu également des groupes de voyous qui viennent piller. Ça se travaille en amont pour que sur le terrain on puisse au mieux les interpeller.

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