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Tour de France 2022 : Primoz Roglic, de leader malchanceux à équipier exemplaire de Jonas Vingegaard

Le Slovène, qui avait débuté le Tour de France en tant que leader de son équipe, s’est mué en coéquipier exemplaire pour Jonas Vingegaard avant d’abandonner, dimanche.

Article rédigé par Théo Gicquel - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Primoz Roglic (à g.) et Sepp Kuss se félicitent au sommet du col du Granon, le 13 juillet 2022. (DAVID PINTENS / BELGA MAG)

Primoz Roglic n’est pas fait du même bois que les autres. Sauteur à ski ayant atterri dans le cyclisme en 2016, premier Slovène vainqueur d’un grand tour en 2019 (la Vuelta), celui qui vient d'abandonner le Tour de France 2022, dimanche, ne s'est jamais laissé enfermer dans les codes classiques du cyclisme. Ca ne lui a jamais porté préjudice et derrière l’homme timide au sourire crispé se cache un féroce compétiteur. Cette édition 2022 du Tour de France a également démontré qu'il était un coéquipier exemplaire et un homme généreux.

Désigné leader principal de sa formation Jumbo-Visma au départ de Copenhague en compagnie de Jonas Vingegaard, Primoz Roglic a compromis par une chute ses chances de victoire finale dès la première semaine. C'est un récidiviste : en 2021, la chute était arrivée lors de la troisième étape, à Pontivy. Cette année, il lui a fallu deux journées de plus. Dans le Nord, pris dans la lessiveuse des pavés, le Slovène a heurté une botte de paille avant de chuter et d'enterrer ses chances de voir Paris en jaune. Combien de leaders auraient alors jeté l’éponge, par orgueil autant que par dépit ?

La journée cauchemardesque continue pour les Jumbo-Visma : après la chute de Van Aert et l'incident mécanique pour Vingegaard, c'est le leader Primoz Roglic qui se retrouve distancé du groupe des favoris, retardé par une chute. Le Slovène est totalement esseulé, il va perdre du temps.
Etape 5 : panique chez les Jumbo-Visma, Roglic esseulé La journée cauchemardesque continue pour les Jumbo-Visma : après la chute de Van Aert et l'incident mécanique pour Vingegaard, c'est le leader Primoz Roglic qui se retrouve distancé du groupe des favoris, retardé par une chute. Le Slovène est totalement esseulé, il va perdre du temps.

Rapidement relégué à trois minutes au classement général après sa chute, il s’est mué sans broncher en soutien de luxe pour Jonas Vingegaard pendant neuf étapes. Dans le col du Granon, mercredi 13 juillet, il a gagné ses galons de lieutenant fidèle. "Il a montré qu’il s’était vraiment accommodé pour aider l’équipe à prendre le maillot jaune, et pas seulement pour lui", souffle son coéquipier Tiesj Benoot. Le Slovène n'a visiblement pas oublié qu'il y a un mois, c'est Vingegaard qui s'était transformé en équipier modèle sur le Critérium du Dauphiné. Alors sur le Granon, Roglic a harcelé sans relâche Tadej Pogacar. "Il a été un coéquipier incroyable. Ce qu’il a fait lors de cette étape a été un tournant pour la course", a affirmé de son côté Sepp Kuss.

Dans la montée du Col du Télégraphe la Jumbo-Visma attaque Tadej Pogacar. Laporte est alors repris par un quatuor Vingegaard, Roglic, Pogacar, Thomas. Les deux leaders de la TJV harcèlent ensuite tour à tour le maillot jaune.
Etape 11 : Vingegaard et Roglic harcèlent un Pogacar isolé Dans la montée du Col du Télégraphe la Jumbo-Visma attaque Tadej Pogacar. Laporte est alors repris par un quatuor Vingegaard, Roglic, Pogacar, Thomas. Les deux leaders de la TJV harcèlent ensuite tour à tour le maillot jaune.

Classé 13e au général avant cette étape, Roglic a balayé volontairement toute ambition d’un classement personnel pour permettre à Vingegaard d’aller chercher le maillot jaune. "Il a été crucial sur l’étape où nous avons fait craquer Pogacar, il a fait un effort incroyable", a abondé son directeur sportif Frans Maassen.

Pogacar relégué à plus de deux minutes, Jumbo-Visma et Roglic ont réussi leur pari. Et il a sans doute fallu une certaine dose d’humilité et de dévouement chez le Slovène pour voir son coéquipier enfiler la tunique jaune qu’il a été si proche d’amener à Paris en 2020. "Il a déjà fait énormément pour nous. Il est très facile de travailler pour lui et Jonas (Vingegaard), ils sont tous les deux très reconnaissants, ils ont confiance en eux et nous aussi. Ils ont une personnalité facile à suivre", reprend l’Américain Kuss. "Il a fait du classement général ce qu’il est maintenant", résumait son directeur sportif Merijn Zeeman, dimanche matin.

Objectif Vuelta

Une reconnaissance collective justifiée pour Roglic, qui va donc se concentrer sur le Tour d’Espagne, course qui lui réussit sans discontinuer depuis 2019. "Pour me permettre de soigner correctement mes blessures, nous avons décidé que je ne prendrais pas le départ aujourd'hui", a-t-il expliqué, dimanche 17 juillet au matin, avant le départ pour Carcassonne. Et de poursuivre, sobrement : "Je suis fier de ma contribution au classement actuel et je suis convaincu que l'équipe réalisera nos ambitions jaunes et vertes. Merci à tous pour votre grand soutien."

"C’est dommage de perdre Primoz pour sa qualité et l’ambiance de l’équipe. Je pense que nous avons toujours une équipe très forte. Bien sûr, tu perds la puissance d’un homme comme lui, mais ça fait aussi partie du Tour, tu peux perdre des coureurs très importants", prophétisait involontairement Sepp Kuss avant le départ. Réduite à sept avant le départ de cette 15e étape entre Rodez et Carcassonne, la formation Jumbo-Visma a perdu un nouvel élément pendant la course avec l’abandon de Steven Kruijswijk, troisième du Tour en 2019. 

Avec six coureurs restants, autant que la formation UAE-Team Emirates de Tadej Pogacar, Jumbo-Visma a perdu gros ce dimanche. Et elle n’a plus de Primoz Roglic pour brouiller les cartes des favoris et se dépouiller pour Jonas Vingegaard.

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