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Tour de France 2021 : un Tour en solitaire et sans assistance, le défi fou de Lachlan Morton

Le coureur professionnel australien de la formation EF-Education Nippo réalise un Tour de France en solitaire et sans aide en marge de la 108e édition.

Article rédigé par Théo Gicquel, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Lachlan Morton lors de son Tour de France en solitaire. (EF EDUCATION - NIPPO)

C’est un défi d’un autre temps, un challenge qui semble impossible lorsqu’on l’explique. C’est pour ça que Lachlan Morton le fait. En marge du Tour de France, qui s’est élancé, samedi 26 juin, de Brest, le coureur australien de la formation EF-Education Nippo a pris le départ de son défi fou, nommé "The Alternative Tour" : rejoindre Paris, seul, avant le peloton le 18 juillet, le tout sans aide, ni assistance.

Le coureur de 29 ans s’est en plus ajouté une difficulté, puisque ce n’était pas assez dur : faire les transferts entre les étapes, normalement faits en voiture, sur son vélo. Une folle idée qu’il devait concrétiser lors du Tour d’Italie 2020, qu’il a dû finalement courir. "Nous avons continué à y penser, à le faire pendant le Tour. J’ai réalisé que ça allait être une énorme entreprise. Je ne me suis même pas sûr que ce soit possible", dévoile Morton au Guardian avant de partir.

Douze heures de vélo par jour

Au total, il va rouler 12 heures par jour, pour un total de 5510 km, soit 2000 kilomètres de plus que le peloton, pour un total de 65 500 mètres de dénivelé. Pourquoi s’infliger une telle épreuve, dormir quelques heures dans un duvet, se nourrir de conserves secouées par le cahot des revêtements inégaux du bitume ?

D’une part, car Morton n’a rien d’un coureur comme les autres. L’Australien, aficionado des courses américaines (il a remporté le Tour de l’Utah en 2016), ne puise pas son plaisir dans les courses professionnelles sur route. Lui a une toute autre conception du vélo, il le voit comme une odyssée à ciel ouvert, où il pousse autant sa machine au bout qu’il ne se pousse lui-même.

Lachlan Morton entre Vitré et Fougères le 29 juin 2021 lors de son Tour de France. (ADRIEN HEMARD / franceinfo: sport)

Un spécialiste des défis extrêmes

Spécialisé du gravel (vélo inspiré à la fois du vélo de route, du vélo de randonnée & du cyclocross) et de l’endurance, il avait terminé en 2020 le Kokopelli Trail et réalisé "l’Everesting", soit gravir sans s'arrêter le dénivelé de l’Everest à vélo (8849 m). Son premier temps invalidé, il avait remis ça une semaine plus tard. Au total : 7 heures, 29 minutes, et 57 secondes en faisant 42 ascensions du Rist Canyon, dans le Colorado. En 2019, il avait parcouru la Grande-Bretagne de sa pointe nord à sa pointe sud en une semaine, soit 2000 kilomètres en 112 heures, avec une première étape longue de 32 heures.

D’autre part, car Lachlan Morton aime à donner un sens à ses exploits : cette fois, pas de record en vue, mais le projet a pour but de générer des dons pour World Bicycle Relief, qui fournit des vélos aux enfants défavorisés. Parti une heure après le peloton, il l’a déjà dépassé dès le deuxième jour. Pour lui, pas de maillot jaune, ni de chute générale ou de zone de ravitaillement : l’Australien suit un parcours défini mais vogue au gré des abris de fortune, des points d’eaux disséminés sur sa route ou des commerces ouverts à la lueur de la nuit.

L'esprit du Tour originel

Un épreuve de "bikepacking" qu’il adore, et qui se veut être un hommage à l’esprit de la première édition du Tour, en 1903. "Je pense simplement que cette époque du cyclisme était très excitante", explique Lachlan Morton au Guardian. "A cette époque, le directeur du Tour voulait simplement un homme qui arrive au bout, c’était un sport totalement différent d’aujourd’hui".

Choyer et réparer sa machine tout au long des péripéties, franchir des routes barrées ou condamnées pour toujours avancer. Lachlan Morton va réaliser le Tour de France dans sa forme la plus dure. "Le plus grand défi est de s'auto-suffire. Je vais porter tout ce dont j’ai besoin : des vêtements, un bivouac, un matelas avec un sac de couchage, ainsi qu’un équipement de cuisine. Je suis en charge de ma nutrition et de mon sommeil, cela va me garder impliqué et me permettre d’interagir avec les endroits que je traverse", raconte l’Australien. 

Mais qui dit passer 12 heures par jour sur sa monture, dit forcément passer par des virées nocturnes. Une difficulté avec laquelle il faudra composer. "Je préfère ne pas trop rouler de nuit. C’est éprouvant mentalement et ça devient un jeu dans mon esprit car il y a beaucoup moins à regarder. La seule chose que l’on voit, c’est la tâche de lumière sur la route devant nous. Il y a une vraie aptitude à savoir quand pousser un peu plus loin, quand stopper, quand rouler et quand dormir", confie celui qui en a désormais une expérience longue comme ses trajets. En marge du gigantesque convoi qu'est le Tour de France, Morton va raconter une autre histoire du Tour, plus intime mais pas moins intéressante.

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