Tour de France 2023 : pour Marc Madiot, "Thibaut Pinot va peut-être faire le plus beau Tour de sa carrière" lors de sa dernière Grande Boucle
Il est presque arrivé au bout du chemin. Dans un peu plus de trois mois, Thibaut Pinot sera un retraité du cyclisme. A seulement 32 ans, le Franc-Comtois quittera les routes professionnelles le 8 octobre prochain, laissant chacun à ses souvenirs d'une carrière tout en contrastes, qui a suscité une affection irrationnelle du public français. Mais avant cela, il lui reste un gros morceau, celui qui l'a parfois meurtri juste après l'avoir porté aux nues : le Tour de France, son 10e. Lors de la traditionnelle conférence de presse d'avant départ, jeudi 29 juin, il s'est donc livré. Une fois encore.
Loin de l'effervescence de Bilbao, le coureur de Groupama-FDJ s'est, jusqu'au dernier moment, occupé de son potager et de sa ferme avant de s'envoler pour trois semaines de course. Un dernier mois de juillet sur les routes de la Grande Boucle qui ne l'émeut pas : "J'arrive à bien faire abstraction. Je ne me rends pas trop compte que c'est mon dernier Grand Tour. Ce sont plutôt les gens qui me le rappellent, mais pour moi, pour l'instant, rien ne change. Je vais être dans la même optique que tous mes autres Grands Tours, même s'il y a quand même un peu plus d'envie sur ce départ que certaines fois", a-t-il lancé, à deux jours du départ.
Le Tour d'Italie a changé la donne
Lui qui a si longtemps été leader, depuis son premier Tour, en 2012, sera, pour sa dernière, équipier de David Gaudu, 4e l'an dernier. Qu'importe son rôle, Thibaut Pinot pense collectif, même pour son baroud d'honneur. "J'ai toujours aimé cette équipe, car c'était important pour moi de vivre de belles choses. C'est un peu ce que j'ai vécu toute ma carrière : des groupes d'amis, c'était important", rappelle-t-il.
Ce dernier Tour n'était pourtant pas gagné en début d'année. Son Tour d'Italie, conclu avec une 5e place et le maillot de meilleur grimpeur, a changé définitivement la donne. "On connaît l'histoire contrastée de Thibaut avec le Tour. Plusieurs fois, ça a été la croix et la bannière pour le faire venir, dévoile Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ. Et l'année où je pense qu'il a le moins avoir envie de le faire, il se réveille au Giro et me dit : 'Je veux faire le Tour'. Je lui ai dit : 'Tu vas m'emmerder jusqu'au bout !' Il m'a posé une belle équation, que j'ai forcément étudiée, qu'on a validée ensemble après évaluation mentale et physique du bonhomme", continue dans un sourire le Mayennais.
"J'ai le sentiment, et j'en suis presque sûr à 100%, qu'il va faire peut-être le plus beau Tour de sa carrière. Je suis très confiant dans ses capacités et son évolution sur ce Tour."
Marc Madiot, manager de la Groupama-FDJ au sujet de Thibaut Pinoten conférence de presse le 29 juin
Le manager ne peut réprimer un sourire d'émotion lorsqu'on lui demande son sentiment avant de vivre le dernier Tour de celui avec qui il est monté très haut (3e en 2014 et meilleur jeune) et descendu plus bas (quatre abandons en 9 participations). "C'est la vie, chacun a sa propre personnalité, son chemin. La boucle est en train de se boucler pour Thibaut. Je n'ai pas de regrets sur ce qu'il a pu se passer les années précédentes, aussi bien les bons que les mauvais moments. Ça fait partie du sport de haut niveau et il faut accepter la règle du jeu : ça ne peut pas marcher à tous les coups. Comme je suis assez superstitieux, je crois que l'on n'échappe pas à son destin", conclut Marc Madiot.
Son protégé, lui, ne fera pas machine arrière, alors qu'il réalise une de ses meilleures saisons depuis plusieurs années et que l'envie pourrait le démanger. "Non, c'est sûr. La seule chose qui aurait pu, peut-être, me faire changer d'avis, c'était le maillot de champion de France. A partir de là, ma décision était prise et je voulais vraiment finir ma carrière au plus haut niveau, ne jamais faire la saison de trop. Je pense que ma saison est plus que réussie pour l'instant, donc à moi de terminer mon histoire avec le cyclisme de haut niveau de cette façon." Il aura trois semaines pour ancrer définitivement les souvenirs dans la tête du public français.
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