Tour de France femmes : graphiste, tatoueuse, avocate... Ces coureuses qui préparent déjà l'après-carrière
Peu importe l'âge, chez Arkea pro cycling, les coureuses présentes sur le Tour de France femmes pensent dès à présent à l'après-carrière. Arrivée dans le cyclisme professionnel il y a un an, Clara Emond a déjà son diplôme d'avocate en poche. "Je prépare aussi un Master pour me spécialiser en droit du sport, pour aider les athlètes à avoir une meilleure protection de leurs droits notamment. Et j'aimerais aussi me lancer dans un doctorat pour pouvoir devenir professeure à l'université", explique la coureuse québécoise de 26 ans, qui a toujours aimé les études.
Clara Emond a pu obtenir son diplôme d'avocate car elle n'a commencé que tardivement sa carrière de cycliste. "Je ne m'attendais pas du tout à devenir cycliste professionnelle. J'avais donc déjà fait tout mon cheminement professionnel avant. Je ne suis pas inquiète pour la suite. Je profite tous les jours de cette opportunité, sans trop penser à l'après et en espérant que cette carrière se poursuive le plus longtemps possible", confie-t-elle.
Ancienne skieuse professionnelle au Canada, ses études faites, elle est revenue dans le monde du sport : "J'ai commencé le triathlon et j'ai adoré. J'ai ensuite participé à des courses à côté de chez moi, et ensuite, l'année dernière, j'ai rejoint une équipe continentale canadienne. Comme j'ai fait de bons résultats, j'ai pu rejoindre Arkea cette année", se réjouit celle qui participe à son premier Tour de France.
Préparer l'avenir et penser à autre chose qu'au vélo
Si, pour le moment, sa priorité reste sa carrière dans le vélo, Marie-Morgane Le Deunff, 21 ans, a, elle aussi, une idée bien en tête pour son avenir : devenir tatoueuse. Elle vient justement de terminer sa formation de graphiste par correspondance. "Je vais également faire une formation sur l'hygiène, puis je profiterai de la coupure cet hiver pour faire un stage chez un tatoueur, pour apprendre à piquer", explique la benjamine de l'équipe, professionnelle depuis ses 18 ans.
Il y a un an, elle s'est acheté une machine à tatouer pour s'exercer sur de fausses peaux. "Ça n'a pas grand-chose à voir des peaux humaines, donc j'ai hâte de pouvoir essayer sur quelqu'un", sourit-elle. Et peut-être même sur ses coéquipières. "Elles n'ont pas été mes cobayes pour le moment", rigole la Bretonne, qui dessine depuis le collège.
Dans le même registre, la Néerlandaise Maaike Coljé, âgée de 26 ans, a elle aussi sa seconde carrière toute tracée : "J'aimerais devenir designer. En ce moment, je fais quelques petits boulots en tant que freelance, comme de l'illustration, du design de produits ou des dessins sur des chaussures par exemple", explique la coureuse qui a rejoint Arkéa cette année. Pour l'heure, Maaike Coljé se fait son réseau sur le circuit et répond aux demandes de ses coéquipières et autres coureuses. "J'ai déjà peint les baskets du mécanicien de l'équipe", s'amuse-t-elle.
En attendant, toutes profitent de leur deuxième passion ou de leurs études "pour penser à autre chose que du vélo". "Ça me change les idées. Pendant les heures où je ne fais pas de vélo, c'est important d'avoir quelque chose qui nous vide la tête et qui permet d'évacuer le stress", admet Maaike Coljé, qui dessine beaucoup de fleurs, notamment le tournesol. "Le tournesol me fait penser au vélo, au bonheur de rouler. C'est un peu moi sur un vélo", confie-t-elle.
Anticiper l'après-carrière, une nécessité
Anticiper dès maintenant leur après-carrière est une nécessité, car vivre de son sport n'est pas une certitude pendant la carrière et encore moins après. Chez Arkea, toutes les coureuses ont un salaire, dont les montants n'ont pas été communiqués. Beaucoup sont aidées aussi par leurs parents en complément. "Dans le vélo et encore plus quand on est une femme, même si cela se développe, on ne sait pas si on pourra vivre de notre sport, d'où l'importance d'y réfléchir en amont", reconnaît Marie Morgane Le Deunff. "En ayant des petits projets de temps en temps, je reste à jour avec les connaissances apprises durant les études et je me constitue un réseau dès à présent. Parce que si vous terminez vos études et que vous ne faites rien pendant cinq ans, vous oubliez tout", ajoute Maaike Coljé.
Chez l'équipe allemande Ceratizit-WNT aussi, elles sont plusieurs à avoir en tête un projet pour leur après carrière. La Française Cedrine Kerbaol, maillot blanc sur ce Tour, rêve depuis l'enfance d'avoir sa ferme avec des chèvres pour y produire son fromage ; l'Italienne Alice Maria Arzuffi, déjà dans la police, compte en faire son métier principal, une fois le vélo derrière elle, tout en ouvrant un Bed and Breakfast avec un café pour les cyclistes au Lac de Côme en Italie. L'Autrichienne Kathrin Schweinberger aimerait, elle, ouvrir un café avec sa sœur.
En attendant de devenir tatoueuse, Marie Morgane Le Deunff a déjà lancé une "petite entreprise" avec l'une de ses coéquipières de l'équipe, Maryanne Hinault, "simplement pour le plaisir". "Elle prend les commandes, et moi je m'occupe du design. On demande juste une petite participation pour les heures de design", explique la native de Morlaix. D'ailleurs, elle a déjà créé son propre sticker, la représentant avec le maillot Arkea, qu'elle a collé sur son vélo. Maaike Coljé lui a-t-elle déjà dessiné sur les chaussures ? "Pas encore, répond Marie Morgane Le Deunff, avant d'ajouter avec malice. Quand elle m'en fera un, je lui ferai un petit sticker."
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