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Volley : Tours et Narbonne, pour hisser le drapeau français au sommet de l'Europe

Tours et Narbonne sont respectivement engagés en finale de CEV Cup (C2) et de Challenge Cup (C3).

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Kevin Tillie lors du match Paris Volley Université Club - Tours Volley-ball le 27 octobre 2021. (DENIS TRASFI / MAXPPP)

Le volley-ball français s'apprête à vivre une folle semaine. Si d'ordinaire l'équipe de France attire la lumière, les projecteurs vont exceptionnellement se braquer sur deux clubs de l'Hexagone engagés dans autant de finales de Coupe d'Europe. Mardi 15 mars, Narbonne se déplacera au Halkbank Ankara (Turquie) pour le match aller de la finale de Challenge Cup (C3). Le lendemain, Tours ira à Monza (Italie) pour la manche aller de la finale de CEV Cup (C2).

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"C'est super de pouvoir participer à une finale de Coupe d'Europe, se réjouit Kevin Tillie, réceptionneur-attaquant de Tours. C'est quelque chose qui n'arrive pas souvent dans une carrière." Malgré un palmarès long comme le bras, ce sera effectivement la première pour le champion olympique (2021) et champion d'Europe (2015). Le président de Narbonne, Jérémie Ribourel, évoque "une grande fierté, un rêve", pour le club occitan qui découvrait cette saison les joutes continentales.

Tours a l'expérience européenne

Tours est la ville du volley par excellence dans l'Hexagone. Le TVB, une institution. La Coupe d'Europe s'invite régulièrement sur les rives de la Loire et du Cher. Huit fois champion de France, le club compte aussi une CEV Cup (C2, 2017) et surtout une Ligue des champions (C1, 2005). C'est le deuxième club tricolore à la remporter après Paris, en 2001.

Cette saison, le parcours en CEV Cup a pris une autre tournure après les huitièmes de finale. Les Tourangeaux ont réussi l'exploit d'éliminer Modène (Italie), le club d'Earvin Ngapeth taillé pour la Ligue des champions. "Dans le plan budgétaire, j'avais prévu qu'on s'arrête en huitièmes", rigole le président du TVB Bruno Poilpré. "Le tournant de Modène nous a donné énormément de confiance", assure Kevin Tillie. Ensuite, Tours a successivement sorti Karlovarsko (République tchèque) et Belchatow (Pologne) pour rejoindre Monza en finale. Les Italiens profitant de l'exclusion de Kazan, grand favori de la compétition, à la suite de l'invasion russe en Ukraine.

Tours a beau connaître les soirées européennes depuis des lustres, l'engouement s'est fait ressentir cette saison. Premièrement en début d'année avec la signature de Kevin Tillie fraîchement sacré aux Jeux olympiques, puis à mesure que les tours passaient sur la scène continentale. "Les gens sont furieux parce qu'ils n'ont pas réussi à avoir de places, mais on ne peut pas pousser les murs", sourit Bruno Poilpré.

"Quand on est dans l'arène, une magie s'opère, la communion entre l'équipe et le public est fabuleuse."

Bruno Poilpré (président de Tours)

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La salle Robert-Grenon (3 300 places) s'embrase encore davantage en CEV Cup et les images de folie communicative après les balles de match dressent les poils sur les bras. "En enchaînant les exploits et les victoires, la salle est toujours pleine avec beaucoup de joie, de bruits pour nous encourager", savoure Kevin Tillie.

Assuré de terminer la Ligue A en première position pour aborder les playoffs, le TVB est en route pour réaliser un potentiel triplé championnat - Coupe d’Europe - Coupe de France inédit. En tout cas, sa longévité au plus haut niveau inspire depuis son accession dans l’élite française en 1994. "Peut-être qu’on a servi un peu de tuteur pour que Narbonne arrive à ce niveau", image le président tourangeau Bruno Poilpré.

Les joueurs de Tours face à Perugia en Ligue des champions, le 11 février 2021. (LORIS CERQUIGLINI / LIVEMEDIA / AFP)

Première participation, première finale

Depuis son retour en Ligue A, en 2013, Narbonne ne cesse de progresser. Au point de découvrir la Coupe d’Europe pour la première fois de son histoire, avec réussite. "C’est difficile de s’imaginer qu’on va jouer une finale européenne, admet le jeune président Jérémie Ribourel. C’est vraiment une surprise, la cerise sur le gâteau."

Mais l’épopée des Centurions, le surnom du club, n’a rien d’un épiphénomène. Les performances sportives viennent plutôt récompenser un vrai travail de structuration entrepris ces dernières années. "On est devenus un plus grand club grâce à l’arena, explique Jérémie Ribourel, président depuis 2010. On a développé nos recettes, ce n’est pas non plus un hasard." Début 2020, avant que le Covid ne vienne perturber la planète, les volleyeurs prennent leurs quartiers dans la Narbonne Arena, antre moderne d'environ 3 500 places en configuration volley.

"Une terre de rugby"

"Hospitalité, fan experience, mascotte, speaker, kiss cam", Jérémie Ribourel liste les ingrédients du spectacle à chaque match pour attirer un public toujours plus nombreux et familial. Dans les pas des performances continentales des Centurions, les spectateurs ont répondu présent. La finale se jouera d’ailleurs à guichets fermés. "On est contents de l’engouement qu’il y a autour du club, poursuit le dirigeant. C’est une terre de rugby, c’est difficile pour les autres sports de se faire une place. La salle est trop petite alors qu’on est passés à 3 500 places."

L’objectif de cette structuration sur et en-dehors du terrain est clair pour le président : "S’installer dans le haut du tableau." "C’est un vrai enjeu d’inciter les clubs à avoir un équipement digne de ce nom pour proposer un spectacle et développer des ressources privées pour augmenter leur budget", confirme Gurvan Kervadec, directeur général de la Ligue nationale de volley (LNV).

"Ce que fait Narbonne peut servir d’exemple pour le reste du volley français."

Gurvan Kervadec (directeur général de la LNV)

à franceinfo: sport

Le volley-ball tricolore est-il alors en train de surfer sur la vague dorée des Jeux olympiques ? Le lien est compliqué à faire puisque Kevin Tillie est le seul champion olympique à jouer dans l’une des équipes. Mais ces finales peuvent tout de même lui permettre de rester attractif. "C’est compliqué d’entretenir un engouement sur un événement planétaire comme les JO mais on voit qu’il y a des choses qui bougent dans le volley français, veut croire Gurvan Kervadec. Cela rejaillit évidemment sur l’ensemble du volley-ball professionnel en France, ça fait quelques années qu’on entend dire que la qualité progresse."

"Cela fait plaisir de prouver que le volley n’est pas seulement l’équipe de France", continue Kevin Tillie. "Pour moi, le volley peut finir par éclore aux yeux des médias, c’est tout ce que l’on espère", ajoute le président de Tours Bruno Poilpré. Une double victoire du TVB et de Narbonne en C2 et en C3 à vingt-quatre heures d’intervalle aurait fière allure. Réponse le 22 et 23 mars à l'issue des matchs retour.

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