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Coronavirus : Jénia Grebennikov, un confinement à l'Italienne

De nombreux volleyeurs français évoluent en Superlega, le championnat italien. Depuis la crise du Covid-19, certains sont rentrés au pays mais d’autres sont toujours en Italie. C’est le cas de Jénia Grebennikov, libéro de l’équipe de France. Il y vit confiné avec sa femme dans la région du Trentin, dans l’extrême nord de l’Italie. En attendant une hypothétique reprise.
Article rédigé par Benoit Durand
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Il nous avait donné rendez-vous à 14h30, à l’heure où les rayons du soleil franchissent encore les montagnes qui entourent Trente, cette ville moyenne du Nord de l’Italie connue pour son équipe de volley-ball, l’une des meilleures d’Europe.

Au moment où il répond à notre appel, Jénia Grebennikov est donc sur son balcon pour profiter du paysage, pour prendre l’air. Ce ne sont que quelques mètres carrés, mais après 13 jours de confinement, ils sont devenus la pièce principale de l’appartement, la seule fenêtre vers le monde extérieur.

Confinés et dans l'attente

Et le libéro de l’équipe de France y a pris ses petites habitudes : « Tous les jours entre 13h et 15h, on se retrouve tous sur nos balcons. On discute avec les voisins, c’est le petit bonheur de la journée. Il y a une bonne ambiance, on parle de tout et de rien, on rigole un peu et ça fait du bien. On est dans l’attente de savoir si on reprendra un jour mais on ne voit comment on pourrait s’entrainer et jouer dans ces conditions. Le confinement est prévu jusqu’au 3 avril ici mais on sent tous qu’il sera prolongé ».

Les voisins, ce sont ses coéquipiers. La plupart des joueurs et des membres du staff habitent dans cet immeuble. Des internationaux italiens, serbes, slovènes ou américains. Confinés. Tout le club du Trentino Volley est à l’arrêt comme le reste du pays. Pour l’instant le championnat italien n’est pas officiellement annulé. Mais plus le temps passe et moins les joueurs y croient.

La priorité, c'est la santé

Sur leur calendrier, la prochaine compétition est désormais en juillet à Tokyo. Pour l’instant, Jénia a bien du mal à se projeter sur les Jeux Olympiques « On est dans l’inconnu, on ne sait pas du tout ce qui va se passer cet été. A l’heure actuelle ça me parait quasi-impossible de faire les JO dans ces conditions. Il y a plein d’athlètes ou d’équipes qui ne sont pas encore qualifiés. Il faudrait décaler les JO mais ça risque d’être compliqué. On en parle un peu entre joueurs de l’ équipe de France. On communique beaucoup sur notre groupe Whatsapp. On prend des nouvelles des uns et des autres, on sait que Earvin va beaucoup mieux par exemple et c’est l’essentiel. Pour l’instant, la priorité c’est la santé de tout le monde ». 

En attendant, il faut passer le temps. Entre deux séries à la télévision et quelques exercices pour garder la forme, Jénia a de quoi s’occuper. Avec sa femme Wiem, ils attendent leur premier enfant. La naissance est prévue en avril. « On ne stresse pas trop malgré la situation. On a pris notre petit rythme avec Wiem. Là, on est passés en mode colis et internet. On prépare tout pour être prêts le jour J. Je viens de recevoir les biberons par exemple, je fais mes achats à la pharmacie. Au moins on a du temps pour penser à tout ce qu’il faut pour accueillir le bébé. J’essaie de voir le bon côté des choses même si je sais que dehors certains vivent des moments très douloureux. Il faut qu’on tire le meilleur de notre situation, on n’a pas le choix. L’accouchement aura lieu à Trento (Trente ndlr.), tout va bien, on a confiance, j’espère juste que ma femme se sentira bien ». Cette résilience, cette capacité à voir du positif partout, même dans les moments les plus durs, ont fait de lui le meilleur libéro du monde mais aussi l’un des joueurs préférés du public en Italie comme en France.

Au bout du fil, on devine son large sourire, celui qui ne le quitte jamais. « Il y a pire comme situation pour nous. Nous sommes confinés c’est vrai , parfois c’est un peu long mais on va bien. Personne n’est malade ici, je ne sors que pour faire les courses ou descendre les poubelles. Je me sens en sécurité chez moi. Aujourd’hui j’ai plus peur pour mes proches en France. J’appelle mes parents une fois par jour pour prendre des nouvelles mais surtout pour les prévenir du danger. D’ici quelques jours en France, vous risquez de vivre la même chose que nous en Italie donc ça pourrait être terrible. Je leur dis de faire très attention mais je crois qu’ils ont bien compris l’urgence de la situation ».

Ces parents devaient le rejoindre en Italie pour la naissance du bébé. Il avait tout prévu mais Jénia sait déjà qu’ils ne pourront pas être là. Dommage. Mais pas grave tant que tout le monde est bonne santé. En attendant, le libéro des Bleus a un défi à relever avec sa femme : trouver un prénom pour le bébé.

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