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Clarisse Crémer évincée du Vendée Globe : "Les jeunes femmes ont des objectifs familiaux qui peuvent "se télescoper" avec la compétition, ose le président de l'Imoca

La décision du Team Banque Populaire d'évincer Clarisse Crémer du Vendée Globe 2024 après sa maternité provoque de nombreuses réactions. Le Sponsor évoque des modifications de la réglementation de l'épreuve afin de justifier sa décision. Pour Antoine Mermod, président de la classe Imoca, "c'est un sujet qui dépasse largement le monde de la course au large."
Article rédigé par franceinfo
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Clarisse Crémer assiste à la conférence d'été du Medef La REF 2022 à l'hippodrome de Longchamp, le 30 Août 2022. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

En pleine polémique sur la décision de l'équipe Banque populaire de se séparer de sa navigatrice Clarisse Crémer après sa maternité, Antoine Mermod dénonce vendredi 3 février sur franceinfo un "emballement médiatique" qui n'est "pas très juste". Selon le président de la classe Imoca, l'association qui représente les skippers, le Vendée Globe est une course "pionnière dans la mise en valeur de la mixité". Il estime pourtant qu'il peut être compliqué pour "les jeunes femmes" qui ont "de nombreux objectifs familiaux" de concilier maternité et compétition. 


franceinfo : Clarisse Crémer a-t-elle raison de se sentir pénalisée par sa grossesse ?

Antoine Mermod : Ce n'est pas facile de répondre. Le principe pour se qualifier pour le Vendée Globe, c'est qu'il faut participer à un certain nombre de courses en trois ans. Et donc c'est vrai qu'avec sa maternité, Clarisse n'a pas pu participer à la première saison. Mais il reste encore deux saisons pleines qui peuvent lui permettre d'être dans les prétendants pour partir en 2024.

Elle critique un règlement discriminant pour les femmes...

C'est un petit peu délicat. On a travaillé main dans la main pendant deux ans avec la SAEM Vendée, qui est l'organisateur du Vendée Globe, pour trouver la meilleure façon de sélectionner les skippers pour la prochaine course. Lors des débats, il y a eu plusieurs cas particuliers qui ont été mis en avant. La maternité en était un mais on a aussi discuté de l'éloignement des skippers étrangers, des blessures, des accidents ou des casses de bateaux. Une des solutions, c'était d'abord de passer de 33 à 41 participants, puis de mettre en place un système de wild card qui permettrait à la fin du processus de sélection de traiter des cas exceptionnels.

Vous ne reconnaissez pas qu'il y a un problème de carrière, d'opportunités et d'égalité des chances pour les femmes sportives qui veulent concilier compétition et maternité ?

Effectivement, c'est un sujet qui dépasse largement le monde de la course au large. C'est un sport de très haut niveau, extrêmement sollicitant pour les athlètes et pour les projets de vie de famille puisque ce sont des projets très longs. La maturité d'un skipper, c'est plutôt entre 30 et 45 ans donc, pour les jeunes femmes, c'est une période dans laquelle il y a de nombreux objectifs familiaux qui peuvent se télescoper. 

"C'est aussi un problème qu'on peut rencontrer dans des carrières professionnelles extrêmes de très haut niveau."

Antoine Mermod, président de la classe Imoca

à franceinfo

Les fédérations et organisateurs de courses doivent-ils réfléchir à faciliter les choses pour les femmes ?

J'espère que cet emballement médiatique va pouvoir donner confiance à plus de jeunes femmes pour se lancer sur le Vendée Globe. Cependant, je crois qu'il faut aussi reconnaître que cet emballement médiatique n'est pas très juste. En particulier par rapport au Vendée Globe qui, historiquement, est une course plutôt pionnière dans la mise en valeur de la mixité et des skippers féminins.

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