Cet article date de plus de dix ans.

Sprint endiablé pour Loïck Peyron

La troisième journée de mer a permis à Loïc Peyron de mener grand train. A la barre de son Banque Populaire VII, il a profité d'un trou de souris en bordure de l'anticyclone des Açores pour s'infiltrer et accélerer. Du coup, il a porté son avance de 94 milles ce matin à plus de 160 milles à 18h30 sur Yann Guichard (Spindrift 2). Car ses concurrents sont tous confrontés à de faibles alizés, pendant que le leader de la course avance à plus de 30 noeuds.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

"On est en train de faire le break." Loïc Peyron sait qu'il est en train de réaliser une très bonne affaire. Il était déjà passé au travers des nombreuses casses, avaries et abandons des premières heures de course. Et en parvenant à prendre un petit chemin en bordure de l'anticyclone des Açores, il a franchi les portes du vent qui se sont refermées sur ses rivaux. "Mes collègues de bureau sont coincés dans une ondulation de l'anticyclone où on est passé in extremis", constate-t-il. Invité sur ce bateau pour remplacer un Armel Le Cléac'h blessé, il profite néanmoins de l'expérience du "titulaire" habituel du poste, notamment dans les choix de cap: "On a bien visé le bas de cette barrière anticyclonique avec Marcel (van Triest) et Armel cette nuit. On voyait ces petits phénomènes et on a plongé sud juste à temps pour se glisser en dessous et toucher l'alizé. C'est passé in extremis."

Conséquence: le leader de la course connaît donc les inconvénients de son avantage: "J'ai essayé de faire ma première sieste hier matin, mais il m'est difficile de dormir quand le bateau tape à 30 nœuds. Je dors depuis par petites tranches de 10 minutes." Autre conséquence: des empannages à venir: "Je vais avoir l'obligation d'enchaîner les empannages, soit de bonnes séances de « muscu » à venir, sur une belle salle de sport avec vue sur mer. On commence dès ce soir, avec hissage du grand gennaker. J'ai fait des « checks » dans tous les coins."

Guichard et la meute freinés

Derrière Peyron, Yann Guichard, à la barre de Spindrift 2 (40 m de long)  pointait à 161 milles derrière, et l'inoxydable Francis Joyon (Idec Sport)  était en embuscade à 229 milles, à l'affût de la moindre sortie de route  devant lui. Yann Eliès (Paprec Recyclage, 7e) a pour sa part connu plusieurs heures  difficiles. "Mardi soir j'ai eu des problèmes électroniques à bord qui m'ont  obligé à ralentir, a-t-il raconté. J'ai perdu deux heures à naviguer en mode  compas et à bricoler à l'intérieur pour trouver d'où cela venait. Une  déferlante a arraché ma casquette tribord (pare-brise qui protège le poste de  barre des embruns, ndlr), j'ai dû refixer un bas hauban qui s'était +fait la  malle+ et j'ai cassé une bosse de ris que j'ai dû réparer pour pouvoir renvoyer  de la toile". "Et comme la loi des séries continue, je me suis pris un filet de pêche  cette nuit et j'ai dû faire une marche arrière pour m'en dégager, a poursuivi  le skipper breton. Le moral est bon mais je suis en déficit de sommeil".

Dans la catégorie des monocoques de 60 pieds (18,28 m) Imoca, François  Gabart (Macif), aussi impérial que Peyron dans sa classe, était toujours en  tête mercredi soir. Il devançait Jérémie Beyou (Maître Coq) et Marc Guillemot  (Safran). Beyou s'est lui aussi offert une petite séance de gymnastique mercredi en  montant à mains nues le long de son étai (câble qui tient le mât sur l'avant)  pour neutraliser les lambeaux d'une voile d'avant déchirée qui menaçait tout le  gréement de son bateau. "Il a fait ce que personne ne fait jamais parce que tu te fais complètement  balader! C'est dangereux, ça demande une puissance rare dans les bras et un  sacré mental. Il avait les bras en feu. Il est fatigué mais va maintenant  pouvoir se reposer et reprendre sa course", a commenté Erwan Steff, directeur  technique de l'équipe.

Classements​ à 18h30

Classe ultimes
1. Loick Peyron (Banque Populaire VII) à 2216,7 milles de l'arrivée
2. Yann Guichard (Spindrift 2) à 161.6 milles du premier
3. Francis Joyon (Idec Sport) à 229.1
...
Classe Imoca
1. Francois Gabart (Macif) à 2621.7 milles de l'arrivée
2. Jeremie Beyou (Maître Coq) à 25.2 milles du premier
3. Marc Guillemot (Safran) à 41.9
...
Classe Multi50
1. Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) à 2703 milles de l'arrivée
2. Erwan Leroux (FenêtréA-Cardinal) à 13.2 milles du premier
3. Gilles Lamire (RENNES METROPOLE - SAINT MALO AGGLOMERATION) à 60.6
...
Classe Class40
1. Kito De Pavant (Otio - Bastide Medical) à 2869.9 milles de l'arrivée
2. Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton) à 1.2 milles du premier
3. Yannick Bestaven (LE CONSERVATEUR) à 19
...
Classe Rhum
1. Andrea Mura (ITA/Vento di Sardegna) à 2908 milles de l'arrivée
2. Anne Caseneuve (ANEO) à 27.1 milles du premier
3. Wilfrid Clerton (Cap au cap location) à 101
...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.