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Pourquoi si peu de femmes sur la Route du Rhum ?

Dimanche soir, 123 marins, professionnels ou amateurs, se sont élancés de Saint-Malo pour essayer d'aller inscrire leur nom au prestigieux palmarès de la Route du Rhum. Parmi ces navigateurs, six femmes ont pris la mer cette année : un record.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
  (DAMIEN MEYER / AFP)

En 1990, Florence Arthaud arrive à Pointe-à-Pitre après une traversée de 14 jours 10 heures et 10 minutes à bord de son trimaran. Elle est la première à débarquer dans sa catégorie. Elle rentre dans l'histoire puisqu'elle devient la première femme à remporter la Route du Rhum. Mais ce n'est pas une surprise. Quelques mois auparavant, elle avait amélioré la record de  la traversée de l'Atlantique Nord à la voile en solitaire, détenu par Bruno Peyron. Florence Arthaud est alors au sommet de la voile mondiale, un sport qui était jusqu'alors communément considéré comme exclusivement masculin. Personne n'imaginait alors que 28 ans plus tard, la Route du Rhum se targuerait d'un nouveau record : celui du plus grand nombre de femmes participant à la course, soit six. Sur 123 participants. 

Car entre-temps, la participation féminine a stagné. Voire régressé par moments. Sans pour autant que les victoires ne disparaissent, puisque deux autres femmes ont gagné la Route du Rhum. Ellen MacArthur sur son monocoque en 2002. Et Anne Caseneuve dans la "classe rhum" en 2014. L'argument (tenace) selon lequel les femmes n'auraient pas la force de courir, en solitaire, de telles courses, est démenti par les chiffres et le palmarès. Elles remportent quatre titres sur les 28 dernières années alors qu'elles sont largement minoritaires (autour de 5% des participants sont des femmes, en moyenne). Cette année, si six femmes ont pris le départ, aucune n'est à bord d'un trimaran géant comme Florence Arthaud en 1990, à l'heure où les bateaux des Francis Joyon ou des Thomas Coville volent sur les mers du monde entier. 

Des sponsors réticents, un financement compliqué ? 

Miranda  Merron, skipper britannique qui fait partie des six heureuses élues de 2018, expliquait en 2014 à l'Express d'où venait cette sous-représentation féminine : "Dans mon pays c'est très difficile de trouver des sponsors quand on est une femme. Et ici, en France, je connais deux navigatrices qui ne sont pas au départ faute d'avoir réuni le budget nécessaire (au minimum 150 000 à 200 000 euros, ndlr)". Juliette Pétrès en revanche, dont c'était la première transat en 2014 et qui n'a pas renouvelé l'expérience pour l'édition présente, y voit plutôt un avantage : "Quand le public nous voit sur notre bateau, il y a une espèce d'admiration qui joue moins avec les hommes. On les entend dire: "Regarde, c'est une femme, c'est chouette, quel courage! Les sponsors adorent, je suis surprise que nous ne soyons que quatre".

Avantage ou non, le fait d'être une femme demeure une particularité extrême dans les sports de navigation. Elles sont, dès leur plus jeune âge, incitées à s'en détourner d'après Isabelle Joschke : "Il y a peu de femmes qui osent se lancer dans un métier qui est un métier à risque. Nous voulons donner l'exemple à des enfants, à des petites filles, leur donner l'exemple de ce dont elles pourraient peut-être rêver aujourd'hui pour plus tard s'engager elles-mêmes dans des carrières un peu folles".

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