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Le défi "Ultime"

Depuis sa première édition en 1978, la légende du Rhum s'est bâtie autour des exploits des multicoques. Plus de trente ans plus tard, le mythe ne s'essouffle pas, bien au contraire. La classe "Ultime" des trimarans de 60 pieds et plus sera bien la reine de la course qui démarre dimanche de Saint-Malo. Après l'hécatombe de 2006 (3 bateaux sur 18 à l'arrivée), ils ne sont plus que neuf à partir. Neuf à vouloir faire mieux que les 7j 17 h 19:06 de Lionel Lemonchois.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les "Ultime" patientent avant le départ de la Route du Rhum (DAMIEN MEYER / AFP)

"Elle est la plus belle des épreuves en solitaire. Dès la première édition, elle est entrée dans la légende, une légende forcément aguichante pour tout marin qui se respecte." L'hommage est de Roland Jourdain, vainqueur en monocoque en 2006 et de retour dans la cour des grands cette année avec un Veolia de location. L'envie était trop forte de filer à près de 30 nœuds sur ces araignées de mer géantes, même au prix de quelques frayeurs. Souvent conçus pour voguer en équipage, les maxis ne s'apprivoisent pas si facilement en solitaire. Le  plaisancier moyen se dit que, décidément, les skippers de ces "monstres" ne font  pas exactement le même sport que lui. Dimanche, les neuf bateaux engagés dans la catégorie "Ultime" voleront certainement la vedette aux autres, plus petits. Le vainqueur devrait logiquement s'y trouver. Mais qui ? Tout dépendra donc de la météo et des routes choisies par les skippers et  leurs routeurs. Seule certitude: en toute logique et en l'absence d'avaries, le premier  voilier à rallier Pointe-à-Pitre devrait être l'un des cinq multicoques suivant : Sodebo (Thomas Coville), IDEC (Francis Joyon), Oman Air  Majan (Sidney Gavignet), Groupama 3 (Franck Cammas) ou Gitana XI  (Yann Guichard). Il n'y a qu'en cas de casse que Servane Escoffier (Saint-Malo 2015), Bertrand Quentin  (Côte d'Or II), Gilles Lamiré (Défi Cancale) et Philippe Monnet (s'il trouve un  financement), auront une chance.

Trois des favoris -Sodebo, IDEC et Oman Air Majan- ont été dessinés par le  tandem franco-britannique Nigel Irens/Benoît Cabaret. Ils se ressemblent... et pourtant diffèrent sensiblement. Le plus sophistiqué des trois est Sodebo (32 mètres/12 tonnes), avec un mât basculant et des foils (dérives courbes). Le trimaran a été ultra fiabilisé et Coville a poussé la conscience professionnelle jusqu'à traverser deux fois  l'Atlantique cet été, allant jusqu'à reconnaître la ligne d'arrivée à  Pointe-à-Pitre! Francis Joyon (IDEC, 29,70 mètres/11 tonnes), c'est l'homme de fer, le marin le plus rapide autour du monde en 57 jours. Pas de mât basculant mais des foils qui, dit-il, lui ont fait gagner jusqu'à 4/5 noeuds (7 à 9 km/h) à certaines allures. Sidney Gavignet (Oman Air Majan, 32 mètres/11 tonnes) est l'un des marins français les plus éclectiques mais ce sera son premier Rhum, avec un trimaran  sans foils ni mât basculant.

Si les conditions météo sont maniables, Gitana XI (23,5 mètres/7 tonnes) -le "dragster" de Yann Guichard- pourrait larguer ses concurrents. Le trimaran  vainqueur en 2006 (7 jours, 17 heures et des poussières) aux mains de Lionel  Lemonchois a été allongé de cinq mètres et le rapport poids-puissance est  impressionnant. Plus petit que ses principaux rivaux, il reste (si on peut dire)  à taille humaine mais sera sans doute plus délicat à piloter. Groupama 3 (31,50 mètres), c'est l'inconnue. Dessiné comme Gitana XI par le cabinet VPLP, le détenteur du Trophée Jules Verne en 48 jours et 7 heures, est un bateau surpuissant, lourd (18 tonnes) et conçu pour être mené en équipage. Même avec un gréement plus raisonnable, il reste un bateau exigeant physiquement et en cas de dépression,  Franck Cammas n'aura pas la vie facile. Mais s'il peut tenir un sprint d'une semaine, tous les espoirs sont permis.

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