Le crowdfunding ne fait pas recette pour la voile
Depuis son abandon lors du dernier Vendée Globe, Louis Burton n'attendait qu'une seule chose : repartir en mer pour "continuer à faire vivre le bateau ". Mais le chemin avant d'être sûr de pouvoir participer à la transat Jacques Vabre à bord de son Imoca. Son sponsor, Bureau Vallée, avait beaucoup déboursé par le tour du monde du jeune skipper de 28 ans. Et en fin de cycle de sponsoring, impossible de financer la totalité des 580.000 euros nécessaires. Mais alors où trouver les 120.000 euros manquants ?
"On a cherché des fonds et des nouveaux sponsors auprès de nos différents réseaux. C'est là qu'on a rencontré des gens de Mymajorcompagny" , cette plateforme de financement participatif connue notamment pour avoir lancer la carrière du chanteur Grégoire grâce aux dons des internautes. "Ils m'ont dit que ça les intéressaient beaucoup. Ils nous ont convaincu de le faire, que ça pouvait probablement marcher ", poursuite Louis Burton.
Après la musique, le cinéma ou le patrimoine, c'est la première fois que la plateforme en ligne propose à ses contributeurs de participer au financement d'un projet sportif. L'opération est lancée début septembre : en l'échange d'un virement de 50 euros, l'internaute pourra avoir son nom sur la bôme ou le mat, pour 500 euros, on peut avoir son nom sur le bateau et une photo format A3 sur la voile. Et ainsi de suite jusqu'à 25.000 euros (suivi du départ en zodiac, veste de quart du skipper après la course, etc.).
Résultat ?
"Ça n'a pas marché. On n'a récupéré que 5.500 euros ". Loin des 120.000 attendus. D'après Louis Burton, l'explication est simple : "la voile est un sport réservé aux passionnés et trop cher ".
Finalement, Bureau Vallée, le sponsor principal du jeune skipper a réussi à budgéter l'argent nécessaire pour financer le départ de Louis Burton sur cette transat Jacques Vabre.
Autre explication : l'engouement populaire pour la Transat Jacques Vabre n'a rien de comparable avec celui du Vendée Globe. Bertrand de Borc le constate assez amèrement depuis qu'il a décidé de s'aligner sur la ligne de départ du Havre. Le skipper est le précurseur du financement participatif dans la voile avec une première opération Votre nom autour du monde dès 1996. L'an dernier, il a relancé le système pour pouvoir participer au Vendée Globe : 5.000 particuliers et 200 entreprises mettent la main à la poche pour pouvoir inscrire leurs noms ou un message sur la coque du bateau. Grâce à ce mode de financement, Bertrand de Borc a récupéré la moitité du budget global de la course (sur 800.000 euros).
Mais pour la transat Jacques Vabre, c'est une autre histoire. "On a récolté environ 6 à 700 participations de particuliers et une trentaine de PME. Le tout représente 100.000 euros en apport ". Il a donc fallu aller toquer au portes des sponsors traditionnels pour compléter le budget de 400.000 euros. Mais à quelques heures du départ, il manque encore la moitié de la somme. Il a donc fallu revoir ses ambitions et opérer quelques coupes budgétaires. "On a du faire des coupes sur le choix des voiles, sur la communication, sur les salaires. Mais c'est pas parce que le budget n'est pas atteint que je ne partirai pas" , lance Bertrand de Broc, 26 transatlantique au compteur.
Et même si l'opération n'a pas fonctionné cette fois-ci, le skipper est persuadé que le financement participatif répond à un véritable besoin. Surtout du côté des PME "pour qui c'est difficile de mettre plus de 10.000 euros dans un sport comme la voile" .
La voile n'est pas la seule à se frotter sans véritable succès au financement participatif. En octobre 2012, le site Monrclens aviat tenté de récolter 250.000 euros pour avoir une participation dans le capital du RC Lens... sans succès.
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