Dans l'assiette des skippers de la transat Jacques Vabre
Erwan Le Roux et Yann Eliès ont
terminé leur dernier entraînement avant le départ pour la transat
Jacques Vabre. Ce jour-là, le skipper et le co-skipper du trimaran
FenêtréA Cardinal se retrouvent dans un hangar d'une zone
d'activité de la Trinité-sur-mer pour empaqueter toute la
nourriture qu'ils vont embarquer à bord de leur Multi50.
Après ce premier tri, les sacs de
nourritures sont pesés avec précision. Car s'il faut embarquer
assez pour manger pendant la traversée, il ne faut pas trop alourdir
le bateau. D'où les plats lyophilisés. ̎"On a une petite
cinquantaine de kilos de vivres à bord. C'est pas mal ", juge
le skipper Erwan Le Roux. Direction donc le ponton pour charger la
cargaison. Les sacs de nourriture et les pack d'eau prennent place
dans la cabine du bateau. Mais ils n'ont pas de place précise car
pendant toute la traversée, les deux navigateurs vont devoir les
bouger en fonction du vent.
La répartition des sacs en fonction
des jours ne relève pas forcément des préférences culinaires ou
du hasard. Les premiers jours sont plutôt dédiés aux produits
frais et aux protéines. "Les navigateurs ont des dépenses
énergétiques importantes mais elles dépendent aussi de l'endroit
de navigation. En zone tempérée comme la Manche, ils ont besoin de
4.500 kcalories. On tombe à 3.500 dans les zones plus chaudes. Un
marin qui ne mange pas assez peut faire de grosses erreurs de
stratégie en course ",explique Laure Jacolot, médecin au pôle
France de voile. D'après l'étude qu'elle a menée sur 12 skippers
du dernier Vendée Globe, certains avaient perdu jusqu'à 7 kg à
l'arrivée quand d'autres ont gagné 2 kg.
Erwan Le Roux fait partie de ceux qui
perdent. Il sait bien qu'il devrait manger plus pendant les courses.
Mais c'est impossible pour le
navigateur, surtout les premiers jours.
Cette phase critique des premiers
jours, Yann Eliès la connaît aussi : ̎"Le corps doit
s'habituer à manger et dormir en continu sur 24 heures. Quand on
part en mer, l'idéal c'est de manger en petite quantité pour ne pas
avoir envie de dormir après un repas trop gras ou trop copieux.
Après trois ou quatre jours, on arrive à un équilibre ".
Tout au long de la course, les deux
marins vont donc manger des plats lyophilisés pour se maintenir en
forme. Mais pas seulement. La nourriture est aussi vitale pour le
moral de l'équipage. Au milieu des sacs de couscous et de pâtes en
sachets, les deux marins embarquent aussi du saucisson ou du
chocolat. "Rien que pour le plaisir ", explique Yann
Eliès.
Qu'ils soient lyophilisés ou non, il
faut bien évacuer une partie des repas. Et pour ça,
les marins ont un saut et des sacs biodégradables... qui finiront dans la mer.
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