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Voile: le "grand défi" du premier équipage aborigène de la Sydney-Hobart

Pour la première fois de l'histoire de la Sydney-Hobart, un équipage aborigène prendra le départ de la classique à la voile australienne. Un "grand défi" pour "changer le regard des gens" et "montrer la voie" aux derniers descendants des premiers occupants de l'île.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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  (PETER PARKS / AFP)

"Quand on me demande pourquoi cette idée, je réponds pourquoi pas !", s'amuse le skipper Wayne Jones (59 ans), à l'initiative du projet et rencontré par l'AFP. Comme presque tout le reste de cet équipage insolite, "Jonesy", d'ordinaire pompier à l'aéroport de Sydney, compte peu de milles à son carnet de bord mais affiche sa fierté d'écrire une nouvelle page de notre histoire. Celle des premiers occupants de l'île-continent, dans un mouvement inverse à celui de ses ancêtres, arrivés de Nouvelle-Papouasie sur des barques en bambou. "J'aurai pu choisir un championnat de fléchettes. Mais, c'est moins excitant", observe-t-il.

Un départ le jour de l'Australia Day

Question excitation, l'embarcation aux couleurs de Tribal Warrior, une association diffusant la culture aborigène, sera servie: les 630 milles de la légendaire classique entre Sydney et Hobart, la capitale de la Tasmanie, sont réputés pour leurs vents et leur mer capricieuse. Pour cette 75e édition, 168 bateaux s'élanceront, comme de tradition, le 26 décembre. Un jour férié officiellement appelé "Australia day" mais rebaptisé "Survival day" par des défenseurs de la cause aborigène.

Ses derniers représentants, au nombre de 798.000, sont connus pour compter des pêcheurs mais sont réputés plus à l'aise dans les rivières, lacs et marécages - à la rigueur les bras et les bords de mer - qu'au grand large. "En fait, on ne nous a jamais donné l'occasion de devenir marin, note Jonesy. Mais, instinctivement, les Aborigènes savent lire vents, courants et marées. Instinctivement, ils sont durs au mal, n'ont pas froid aux yeux."

Le plus âgé à bord, Assen Timbery (64 ans) confirme : "Sans nous en rendre compte, nous avions des qualités pour naviguer (...). Au fil du temps, mon peuple s'est éteint, ne s'est pas assez lancé de grands défis. En voici un beau pour montrer la voie à nos jeunes..." Caméraman pour la chaîne indigène NITV, Danny Teece-Johnson (44 ans) espère également par cette aventure "changer le regard des gens nous considérant souvent, seulement, comme des incapables".

Des bateaux pour partager la culture aborigène

Ces amateurs ont déjà vécu quelques fortunes de mer avec une coque éventrée sur un rocher de la baie, un mât piquant du nez et une journée de mer sans rien avaler. Ils éprouvent leur solidarité "jusqu'à n'être jamais malades en mer mais, toujours, en choeur, en arrivant sur le ponton", s'amuse "Jonesy". Tous les jours, l'association Tribal Warrior a aussi son vieux bateau de croisière qui sillonne la baie de Sydney pour partager la culture aborigène aux touristes et scolaires. A sa barre, Shane Phillips (55 ans) connait la baie comme sa poche. Quand elle sera noire de proues, le jour du départ ce colosse sera leur assurance tous risques.

Seule femme à bord, Naomi Cain (42 ans) a su y trouver sa place comme entre les grues, cargos et containers du port de Sydney où elle est débardeuse : "Sans me le dire, une copine m'a inscrite pour intégrer l'équipage : je ne la remercierai jamais assez ! Mais attention, je n'y suis pas pour faire la cuisine!", prévient-elle. A bord de son "People Boat" comme elle aime le surnommer, cette mère célibataire se rend compte, "d'interview en interview", qu'elle sera la "première indigène dans la Sydney-Hobart". Une prise de conscience qui lui arrache un cri: "Waouh, je n'ai jamais été aussi fière de toute ma vie !"

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