Violences sexuelles dans le sport : "Tous les jours on reçoit des appels au ministère", confie Roxana Maracineanu
Parmi les solutions préconisées pour mieux protéger les jeunes sportifs, la ministre des Sports a avancé sur France Inter l'idée d'une surveillance plus fine des éducateurs et entraîneurs.
"Depuis l'affaire Disclose [et les révélations d'Envoyé Spécial] , tous les jours on a des appels au ministère pour nous dire que des choses se sont passées, il y a deux ans, cinq ans ou en ce moment", confie la ministre des Sports Roxana Maracineanu jeudi 30 janvier sur France Inter. Au moins 276 victimes ont été recensées dans une enquête sur la pédophilie dans le sport en France de 1970 à aujourd'hui, publiée en décembre dernier par un collectif de journalistes.
La ministre s'est également exprimée sur les révélations de la patineuse Sarah Abitbol qui accuse son ex-entraîneur de viol. La fédération "savait", affirme Roxana Maracineanu qui va convoquer le président de la fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet, à la tête de la FFSG depuis 1998.
"Faire en sorte que la parole se libère"
"Depuis les révélations dans l'affaire Disclose", et depuis que le ministère des Sports s'est "saisi du problème à bras le corps", selon la ministre, pour en faire "une priorité absolue", Roxana Maracineanu affirme que les signalements de cas de violences sexuelles dans le sport se sont multipliés : "Tous les jours on a des appels au ministère pour nous dire que des choses se sont passées il y a deux ans, cinq ans ou en ce moment". La ministre précise que "tous les lundis", elle reçoit un compte-rendu du suivi de ces affaires. "Mon travail est de faire en sorte que la parole se libère", résume-t-elle.
A propos des révélations de la patineuse Sarah Abitbol qui accuse son ancien entraîneur de viol, Roxana Maracineanu a reconnu que "la fédération, qui savait, a remis (cet entraîneur) dans le circuit et une association l'a repris en son sein, au contact d'enfants". Afin de tenter de comprendre ces dysfonctionnements, la ministre ajoute qu'elle va recevoir "très vite" le président de la Fédération des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, en place depuis 1998. "Nous allons nous voir, lui et le président du club mis en cause dans le livre" de Sarah Abitbol, ajoute la ministre qui attend des présidents de fédérations "un vrai engagement et un vrai changement de mentalité".
"Qu'on ne laisse plus seuls un entraîneur et son athlète"
Dans son livre, Sarah Abitbol décrit l'emprise de l'entraîneur. Une analyse partagée par Roxana Maracineanu, ancien championne de natation : "On dépend de l'entraîneur" dans certains sports, confirme la ministre qui parle parfois d'une "une relation exclusive" avec le coach. "Cette relation peut être sujette à des dérives", poursuit Roxana Maracineanu, "parce que l'enfant est jeune quand il s'engage dans l'activité, parce qu'il y a cette quête de performance pour laquelle on est prêt à tout donner. C'est là-dessus qu'il faut qu'on agisse aujourd'hui : qu'on ne laisse plus seuls un entraîneur et son athlète."
L'idée selon laquelle les enfants pourraient systématiquement être entourés de deux entraîneurs, un homme et une femme, intéresse la ministre : "C'est l'idée que j'avais lorsque j'étais sportive. Dans le milieu de la natation, comme partout ailleurs, on est entouré de beaucoup d'hommes."
Autre solution évoquée par la ministre pour mieux protéger les enfants : une surveillance plus fine des éducateurs sportifs. "On contrôle l'honorabilité des éducateurs sportifs qui ont des cartes professionnelles. Pour les bénévoles, jusqu'à maintenant ce n'était pas fait. C'est ce qu'on est en train de démarrer aujourd'hui. On va demander aux associations et aux fédérations de lister tous les bénévoles qui encadrent les enfants de manière à pouvoir contrôler leurs fichiers et voir si de telles choses sont inscrites" a déclaré sur France Inter la ministre des Sports.
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