Un jour, un club : Alexy Bosetti, l'ultra niçois
Il fait partie de ces rares joueurs qui ont littéralement leur club collé à la peau. Alexy Bosetti détonne dans le paysage footballistique français. Joueur de l'OGC Nice entre 2012 et 2017, il était déjà un supporter ultra de son équipe. Membre de la Brigade Sud Nice, l'enfant des Aiglons, désormais joueur pour le Oklahoma City Energy FC, revient pour France tv sport sur sa double vie.
Quand est-ce qu'a débuté votre histoire avec l'OGC Nice ?
Alexy Bosetti : "Mon père était supporter de Nice et membre de la Brigade Sud depuis sa création (1985). Il m'a emmené au stade quand j'étais enfant. La première année où je me rappelle, c'était en 2001, un an avant la montée en Ligue 1 de Nice. Nous étions au Stade du Ray à l'époque. J'étais conquis. J'ai toujours rêvé plus jeune de jouer au Ray, d'être professionnel à Nice. Quand j'étais au collège, je disais que je voulais faire une carrière de footballeur".
"J'ai fait 15 heures de bus pour aller voir Nice en déplacement"
Vous êtes devenu un supporter ultra très jeune ?
A.B : "J'ai intégré le Kop à 13 ans en 2006. J'étais juste avec mes amis. À la base, j'étais en tribune latérale puis je suis allé en face de la Brigade avec mon coach, car c'était l'un des fondateurs de ce groupe. Et puis j'ai traversé la pelouse à mon adolescence. Ma mère n'était pas très contente. On montait en scooter au stade et on allait à tous les matches. Sous la pluie, sous la neige... c'était n'importe quoi ! (rires). Tous mes potes viennent de la Brigade. Quand je rentre à Nice, je vais tout le temps au stade. J'ai gardé des liens forts avec les gars de là-bas. C'est toujours les mêmes".
Jusqu'où êtes vous allé dans votre passion pour l'OGC Nice ?
A.B : "Je me suis fait tatouer une tête d'aigle avec la phrase "mentalité niçoise" dans le patois local. Je l'ai fait à 15 ans, finalement, j'ai enlevé la phrase. J'ai aussi une tête de mort (symbole de la Brigade Sud de Nice ndlr.) sur le bras droit.
"J'ai fêté la victoire au Mondial U20 avec un drapeau de la Brigade, Sagnol ne m'a jamais repris"
Quels souvenir gardez-vous de vos premières années de supporter ?
A.B : "C'est une histoire de potes. Tous mes amis, je les ai connus en tribunes. Avec eux, j'ai vécu des moments extraordinaires au stade. Le but d'Emerse Faé dans les arrêts de jeu face à Marseille qui nous offre la victoire en championnat. Ou encore le 4-3 face à Monaco en octobre 2004 alors que l'on perd 3-0 à la mi-temps, c'était dingue. En vrai, j'ai énormément de grands souvenirs. Des galères, des moments de joie. J'ai fait 15 heures de bus aller et autant au retour pour effectuer un déplacement. Je suis allé à Grenoble, Toulouse. Je suis allé à Auxerre aussi. Je ne l'avais pas dit à mes parents. J'ai envoyé un message à ma mère à 4 heures du matin alors que j'étais déjà près d'Avignon le matin du match pour lui dire que je ne reviendrais pas le soir. Evian-Thonon je l'ai fait trois fois, même en tant que joueur. En avril 2015, j'étais blessé et je monte avec mes potes le matin au stade. Mais le soir, je n'avais pas envie de galérer donc je suis rentré avec l'avion des joueurs. Je suis sorti du parcage et j'ai traversé le terrain pour rentrer au vestiaire avec les gars. Les gens ont dû un peu halluciner".
Comment avez-vous pu concilier votre carrière de supporter et de joueur ?
A.B : "Mes années ultra étaient surtout de 15 à 18 ans. Mais quand je suis devenu joueur ça a pu être compliqué. Notamment dans la troisième année de Claude Puel à Nice. On est rentré de Lens, les supporters nous ont attendus au centre d'entraînement. À la veille d'un match de Lyon, ils étaient même entrés sur le terrain. Je les connaissais tous. J'étais mal à l'aise. J'ai pas trop voulu faire le médiateur parce que ce n'est pas mon rôle. J'ai essayé de me mettre à l'écart car je ne voulais pas prendre parti. Mais c'était difficile à gérer. C'était l'année où Puel faisait jouer son fils et il était à mon poste donc je ne voulais pas en rajouter".
Vous vous êtes aussi illustré après la finale de Coupe du monde des U20 en 2013 ?
A.B : "Lorsque l'on gagne le tournoi, je suis venu à la remise des trophées avec le drapeau de la Brigade. Et ça n'a pas plus à Willy Sagnol (Il était alors manager des équipes de France en jeunes ndlr.). Il m'avait dit de l'enlever sur le coup et j'ai refusé. Il ne m'a plus jamais pris et dès qu'il est parti, je suis revenu en Espoirs. Mon drapeau, je l'avais tout le temps avec moi. Je le mettais dans la chambre et ça me donnait de la force. À Clairefontaine, je l'avais même mis sur ma porte dehors".
Avez-vous pu tisser des liens avec d'autres groupes de supporters ?
A.B : "J'ai pu rencontrer beaucoup de supporters étrangers. Par exemple, l'ancien président de la Brigade avait rencontré des ultras de l'Inter à la fin des années 2000 et le lien s'est fait avec eux. Je suis allé les voir à San Siro en Coupe d'Europe face au Partizan de Belgrade en 2012. J'y suis allé souvent depuis et ils viennent aussi à Nice de temps en temps. Il y a un vrai lien avec les supporters milanais. Récemment, je suis devenu pote avec les supporters de Valence. On les a rencontré à un tournoi de l'Inter. Depuis je suis allé à Mestalla plusieurs fois. Je vais essayer d'y retourner en décembre face au Real Madrid. On se parle souvent par messages. Quand j'y suis allé à l'époque, je jouais à Nice. Mais eux s'en foutaient complètement que je sois professionnel. J'ai pas passé mes journées à faire des selfies."
En tant que supporter, que pensez-vous du rachat de Nice par Jim Ratcliffe ?
A.B : "J'espère que ça va changer pas mal de choses. Patrick Vieira avait déjà fait du bon boulot l'année dernière. Il n'avait pas une équipe de fou. Je sais aussi que ça ne se passait pas bien avec la direction. Le seul souci qui m'importe, c'est qu'on ait une bonne équipe à l'avenir. Mais en attendant, le staff est très fort."
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