UEFA Youth League : le rêve inachevé de ces anciens Rennais et Lyonnais qui ne pourront terminer l'aventure avec leur club formateur
En Ligue des Champions, nombreux sont les joueurs à avoir prolongé leur contrat d’un mois pour finir ce qu’ils avaient commencé au début d’une saison anormale, tronquée par le Covid-19. C’est le cas de Thiago Silva, de Sergio Rico ou d’Eric Maxim Choupo-Moting, sauveur du PSG en quarts de finale contre l’Atalanta (2-1). Cette chance de reprendre la Youth League, entamée en septembre dernier, quelques jeunes Rennais et Lyonnais, engagés dans un nouveau projet loin de leur club formateur, ne l’auront malheureusement pas.
Kévin Galisson (deux sélections en équipe de France U16), majeur dans moins de dix jours, a sept ans lorsqu’il rejoint le Stade Rennais en 2009. Défenseur central repositionné depuis en arrière gauche, le Rennais de naissance a passé onze ans et toutes les étapes de son apprentissage au centre de formation des Rouge-et-Noir, qu’il vient de quitter pour le Stade Brestois.
A son arrivée au centre, jouxtant le Roazhon Park, Galisson est loin de penser à la Youth League. "C’est arrivé comme ça (grâce au titre national des U19 en 2019 emmenés par Eduardo Camavinga, Yann Gboho, Lucas Da Cunha, ndlr), se souvient-il. Quand on regardait la Youth League, c’était toujours Paris, Lyon, Monaco." Le Stade Rennais la jouera de nouveau la saison prochaine à la faveur de la qualification en phases de poules de C1 des Rouge-et-Noir.
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Pour Lucas Margueron (19 ans), gardien titulaire de l’Olympique Lyonnais lors de cette septième édition de la Youth League et transféré à Clermont cet été, la qualification était moins surprenante. Surfant sur les qualifications en Ligue des Champions des professionnels, l’équipe U19 détenait automatiquement son ticket pour la petite soeur. "Jouer en Youth League était dans un coin de notre tête, confirme le gardien de but. Avant, c’étaient les plus vieux qui la jouaient et on était obligés de regarder le match avec le centre, alors c’est devenu un rêve de la jouer."
"La Youth League, l'occasion de découvrir d'autres cultures"
Jouer une coupe d’Europe, la première de sa carrière, avec son club de cœur est une expérience éminemment marquante dans la construction d’un jeune joueur. Kévin Galisson, né à Rennes, et Lucas Margueron, né à Décines - lieu du Groupama Stadium - ont eu cette chance, peut-être unique dans une carrière. "C’est la Ligue des Champions des jeunes, ce n'est pas rien, s’enthousiasme Galisson. Jouer une coupe d’Europe c’est un truc de fou, les entraîneurs nous disaient d’ailleurs que c’était peut-être la dernière." L’occasion, aussi, de découvrir "d’autres cultures, d’autres styles de football comme en Israël", explique l’ex-Rennais alors que le SRFC s’était qualifié au Maccabi Petah Tikva (2-0, 1-0), non loin de Tel-Aviv, au deuxième tour de la compétition.
Lucas Margueron, arrivé à quatorze ans au sein du centre de formation lyonnais, n’est pas moins élogieux envers la Youth League. "C’est une très, très belle compétition. L’une des plus belles coupes pour les jeunes, comme la Ligue des Champions chez les professionnels."
C’est aussi et surtout l’une des compétitions les plus intéressantes pour progresser, apprendre, se développer en tant que joueur de haut-niveau. "Dans la semaine, on commençait à ressentir la pression des matches importants", précise Kévin Galisson. "Le niveau européen, c’est un niveau au-dessus donc on apprend davantage", enchaîne Lucas Margueron.
La frustration à l’approche du dénouement de cette compétition n’en est que renforcée. "Quand tu commences à parler d’équipes comme le Real, la Juve ou l’Inter, ça fait rêver", confesse Kévin Galisson. Mais l’aventure pour lui ne s’est pas terminée de la meilleure des façons avec son club formateur. "On m’a proposé une convention non rémunérée, je n’ai pas accepté donc j’ai cherché un projet ailleurs. Je m’attendais à mieux de leur part." Ce projet, c’est Brest qui lui a donc proposé, même si cela signifiait de ne pas pouvoir aller au bout de l’aventure européenne. "Il y a une pointe de déception et un peu de regrets de ne pas la jouer, c’est dommage, avoue Kévin Galisson. Mais je ne m’en mords pas les doigts."
"Je suis amer de la façon dont ça s'est terminé avec le Stade Rennais"
Son ancien coéquipier au Stade Rennais, Malo Samson, a connu pareille mésaventure après huit ans de bons et loyaux services. Le SRFC ne lui a également proposé qu’une convention non rémunérée. "Je n’ai jamais compris pourquoi on ne m’avait pas proposé de contrat, regrette le nouveau latéral gauche de La Louvière, en Belgique. J’ai 19 ans, il faut que j’en vive. Je suis un peu amer de la façon dont ça s’est terminé." Une frustration encore plus présente avec l’annonce de la reprise de la Youth League : "de savoir que la compétition va reprendre, qu’on joue l’Inter, j’ai un goût encore plus amer. C’est frustrant."
"C’est sûr que j’aurais envie d’être sur le terrain, confie Lucas Margueron, mais c’était un choix de partir à Clermont et dans la vie, il faut faire beaucoup de choix." Un choix dicté par l’objectif numéro un d'un jeune joueur : signer un contrat professionnel. Tant les places sont chères et les recalés nombreux, la transition entre le centre de formation et le monde professionnel représente une période-clé pour les aspirants footballeurs, où les opportunités peuvent fortement influer sur la destinée d’une carrière. "Je suis déçu de pas pouvoir jouer la fin de la Youth League, c’était dur de partir de Lyon pour cette raison, concède Lucas Margueron. C’était même un argument dans ma réflexion pour rester à l’OL mais j’en ai beaucoup parlé à mes parents et ils m’ont convaincu d’aller à Clermont."
Un objectif commun : retrouver la coupe d'Europe en professionnels
Mais Lucas Margueron tout comme Kévin Galisson et Malo Samson vivent encore de près l’aventure de leurs anciens coéquipiers. "Si j’ai le temps, je vais faire l’aller-retour jusqu’à Nyon en voiture ou en avion, peu importe. J’ai dit à deux, trois joueurs de la gagner pour récompenser tout le monde", rigole le premier. "Je serai devant la télé", assure le second. "Je serais très content s’ils la gagnent mais je me dirais forcément que j’aurais pu être là, avec eux", glisse le dernier.
Leur carrière respective se poursuit désormais loin de leur club formateur et de la Youth League, une compétition de choix dans leur jeune parcours et une expérience hautement enrichissante sur le plan sportif et humain. Ils espèrent, tous les trois, retrouver la coupe d’Europe un jour, la vraie cette fois-ci. "Je vais tout faire pour rejouer une compétition européenne un jour", conclut Lucas Margueron. Et enterrer définitivement la déception de ne pas terminer cette Youth League 2019/2020 avec les copains du centre de formation.
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