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Transfusions sanguines, accusés, sportifs... Ce qu'il faut savoir sur l'affaire Aderlass

Le tribunal de Munich a rendu ce vendredi son jugement dans la vaste affaire internationale de dopage sanguin nommée "Aderlass" qui a touché plusieurs sports, disciplines et compétitions de très haut niveau. Retour sur un scandale qui a sonné le réveil de la lutte antidopage.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Mark Schmidt, visage flouté, en septembre dernier au commencement de 4 mois de procès à Munich. (PETER KNEFFEL / POOL)

• L'opération Aderlass, qu'est-ce que c'est ?

Quand le 27 février 2019, tout un régiment de police a débarqué dans sa chambre d'hôtel lors des Mondiaux de Seefeld, le fondeur Max Hauke est resté hébété, en pleine transfusion sanguine. Cette image a fait le tour des réseaux sociaux et c'est elle qui a donné un écho international à l'opération Aderlass, "saignée" en Français, du nom donné à l'enquête en Autriche et en Allemagne sur des pratiques de dopage sanguin.

Mais le véritable point de départ de cette affaire est à placer quelques jours plus tôt, lors des aveux d'un autre fondeur, l'Autrichien Johannes Dürr. L'homme a tout confessé à la télévision allemande ainsi qu'aux autorités en charge de l'enquête. C'est lui qui a donné le nom de Mark Schmidt, considéré comme la tête pensante d'un vaste réseau de dopage sanguin, et qui a écopé de la peine la plus lourde lors du jugement vendredi.

• Qui est le docteur Mark Schmidt ?

Basé à Erfurt en Allemagne, Mark Schmidt est un docteur de 42 ans, issu d'une famille de sportifs. Il a lui-même pratiqué le ski alpin en sport-études. Mais son implication dans le sport s'est surtout résumée à son rôle de médecin dans les équipes cyclistes allemandes Gerolsteiner et Milram entre 2007 et 2010, deux formations dissoutes après des cas avérés de dopage, mais où l'accusé nie avoir joué un rôle néfaste.

Il ne dit plus se rappeler pourquoi avoir décidé de se lancer dans le dopage sanguin en 2012, invoquant quand même un "fascination et l'amour du sport comme moteurs de cette décision". D'après la déclaration qu'il a fait lire par ses avocats, "le dopage est à l'ordre du jour si l'on veut réussir". "J'ai pris un mauvais virage, tout ça est de ma faute", s'est toutefois repenti le docteur Schmidt au dernier jour des débats, vendredi dernier, "quand on a semé la merde, on doit faire face (...) je suis infiniment désolé d'avoir entraîné avec moi quatre autres personnes".

• Quels sportifs.ves ont été pris la main dans le sac ?

D'après l'acte d'accusation, Mark Schmidt a participé au dopage de sportifs dans de nombreuses compétitions internationales de plus haut niveau, des Jeux d'hiver de Sotchi en 2014 au Mondiaux de ski nordique 2019, en passant par le Tour de France 2018. 23 clients du docteur Schmidt (de 8 nationalités différentes) ont été identifiés par la justice. Ils sont, pour la grande majorité, issus du ski de fond (Hauke, Baldauf, Dürr...) et du cyclisme.

Les noms de Stefan Denifl, Alessandro Petacchi, Danilo Hondo, Kristijan Koren, Kristijan Durasek, Borut Bozic ou encore de Georg Preidler sont régulièrement évoqués dans cette affaire. L'entraîneur de ski de fond et de biathlon Walter Mayer a de son côté été condamné à 15 mois de prison avec sursis. Mais lors du procès et de la première phase de l'enquête, Schmidt n'a donné aucun autre nom que la justice n'avait pas encore.

• Qu'encouraient le docteur Schmidt et ses complices ?

En détention provisoire depuis presque deux ans, il était jugé depuis septembre avec quatre complices, dont son père. Les débats ont montré que le médecin était bien le créateur et la tête pensante du réseau, ses co-accusés n'ayant fait que lui apporter leur aide, rapporte l'AFP. C'est pourquoi, avant le verdict, le parquet de Munich a requis une peine de cinq ans et demi de prison et une interdiction de l'exercice de la médecine pour cinq ans. Les avocats de la défense ont pour leur part appelé la juge Marion Tischler à limiter la peine à la durée de la détention préventive, afin de rendre immédiatement la liberté à leur client. Le tribunal de Munich a finalement condamné Schmidt à quatre ans et dix mois de prison, une interdiction d'exercer la médecine de trois ans et une amende de 158 000 euros.

Sur le banc des accusés, l'infirmière et mère célibataire de trois enfants Diana S. a raconté comment, pour gagner 200 euros à chaque fois, elle avait parcouru l'Europe en voiture. Elle allait prélever ou transfuser du sang, parfois dans des chambres d'hôtel, parfois sur le siège arrière d'un véhicule, sur les sites des plus grands événements sportifs. Les quatre autres prévenus ont tous été reconnus coupables. Le principal d'entre eux, Dirk Q., a écopé de deux ans et quatre mois de prison ferme, soit quasiment la durée de la détention préventive. Diana S.,  a été condamnée à un an et quatre mois avec sursis, tandis que les deux autres accusés, dont le père du docteur Schmidt, ont reçu des amendes.

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