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Tour de France : les forçats du Mont Ventoux

REPORTAGE | Alors que Chris Froome franchit – victorieux – la ligne d'arrivée, de très nombreux coureurs sont encore en pleine ascension du Mont Ventoux. Des coureurs qui se dépassent pour arriver en haut dans les délais tout en essayant de s'économiser. Ils ne luttent plus contre les autres, mais contre eux-même.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Baptiste Schweitzer Radio France)

Dernier arrivé en haut du Mont Ventoux, à 1.912 mètres d'altitude, le coureur de Sojasun Jonathan Hivert franchit la ligne avec 50 minutes de retard sur le vainqueur : "Je me suis retrouvé tout seul à 40 km de l'arrivée. J'ai fait comme j'ai pu, je me suis battu."  Cette montée du Mont Chauve, il l'a faite seul, sans personne pour l'aider. Il est arrivé un quart d'heure après son prédécesseur et a tout de même réussi à rentrer dans les délais.

Ceux qui ne jouent rien au général et ceux qui ne peuvent pas prétendre à la victoire d'étape s'économisent dans cette montée, en jonglant avec les délais d'élimination. C'est là, lorsque la pente augmente, lorsque la ligne d'arrivée ne s'approche que trop lentement, que se forment les gruppettos, ces groupes de coureurs qui ne luttent pas avec les mêmes armes que les meilleurs en montagne.

Mélange de fatigue et de soulagement

Cyril Lemoine a grimpé à son rythme cette montagne : "J'étais dans un petit groupe mais ça roulait trop lentement, j'ai donc doublé pas mal de monde et puis ensuite, j'ai trouvé quatre-cinq coureurs avec qui on a terminé l'ascension."  Il terminera à la 78e place de l'étape.

Jérôme Cousin, d'Europcar, s'est aussi retrouvé dans un petit groupe de coureurs. "Bon, je me suis juste occupé de lutter contre un coureur d'Astana, mon rival au classement. Et j'ai réussi. Ce soir je ne suis pas lanterne rouge ", dit-il.

Quelques secondes après, son compère de Sojasun Jean-Marc Marino arrive avec un mélange de fatigue et de soulagement. Les deux plaisantent ensemble : "J'avais prévu de faire péter Chris Froome mais je me suis dit que ça aurait l'air louche" , lance Jean-Marc Marino dans un grand rire avant de poursuivre :

 "Plus sérieusement, je suis monté tranquillement. Il vaut mieux garder des forces pour les moments où c'est important."

Un public impressionnant

Tous les coureurs le disent, qu'ils soient les premiers comme les derniers, la grimpée du mont Ventoux est dure et fascinante. Julien Simon découvrait le mont Ventoux. Il a été très marqué par la présence du public : "À un moment, le public s'écartait au dernier moment, c'était vraiment très impressionnant" , explique celui qui a remporté le dossard de la combativité samedi. "Les gens m'ont applaudi en me disant : 'C'est bien ce que t'as fait'. Ca fait plaisir quand même" , raconte Julien Simon, qui était très déçu samedi après avoir manqué la victoire d'étape.

Même impression pour son coéquipier Maxime Mederel, 32 ans qui termine 27e de l'étape. C'est son premier Tour de France et sa première grimpée du Mont Ventoux. Il a réussi l'exploit de doubler l'ancien vainqueur du Tour, l'Australien Cadel Evans. "Le public qui s'ouvre devant vous c'est magique, ce sont des bons moments, même si on souffre. Après, en haut le paysage devient lunaire, c'est formidable" , raconte-t-il.

Désormais, tous les coureurs vont pouvoir soigner leurs jambes pendant la journée de repos. Et ils vont en avoir besoin. Les derniers jours de course s'annoncent terribles avec une traversée des Alpes remplie de difficultés.

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