"L'Humanité" arrête sa collaboration avec un chroniqueur et un dessinateur après une caricature jugée sexiste de Marion Rousse
Le quotidien a présenté ses excuses, dimanche. "Nous espérons que le manque de vigilance qui a conduit à cette situation ne se renouvellera pas", a-t-il également écrit après avoir dépublié ce dessin de la consultante de France Télévisions sur le Tour de France.
L'Humanité ne collaborera plus avec Espé, dessinateur, et Antoine Vayer, ancien entraîneur de cyclisme devenu chroniqueur. Le quotidien a annoncé avoir pris cette décision après le tollé suscité par une caricature dégradante de la consultante cyclisme de France Télévisions, Marion Rousse.
Sur cette caricature mise en ligne ce week-end pour accompagner une chronique d'Antoine Vayer, l'ex-cycliste professionnelle est en lingerie et sur un lit, en train d'interviewer le coureur Julian Alaphilippe, qui est son compagnon.
"Il faut n'avoir aucun respect des femmes, de la femme, pour rabaisser à ce niveau six ans de consulting sportif à la télévision", a réagi sur Twitter Marion Rousse, dimanche.
Désabusée, @humanite_fr porte de plus en plus mal son nom. Il faut n’avoir aucun respect des femmes, de la femme, pour rabaisser à ce niveau six ans de consulting sportif à la télévision. https://t.co/SVyyCA19ah
— Marion Rousse (@Roussemarion) September 6, 2020
"Que l'on nous inflige encore en 2020 ce type d'humour sexiste, dégradant et vulgaire me plonge dans un profond désarroi", a déploré Elisa Madiot, attachée de presse dans le milieu sportif et nièce du directeur sportif de l'équipe Groupama-FDJ Marc Madiot.
"Une telle publication est contraire à l'histoire du journal", concède "L'Huma"
L'Humanité a dépublié le dessin et présenté ses excuses, dimanche, sur Twitter. "Nous partageons totalement l'indignation devant ce dessin. Nous l'avons rapidement dépublié", a-t-il écrit affirmant que ce dessin était "contraire aux valeurs" du quotidien.
Nous partageons totalement l’indignation devant ce dessin. Nous l’avons rapidement dépublié. Il est contraire aux valeurs de @humanite_fr, qui promeut la dignité des êtres humains et le combat féministe. Nous prions @Roussemarion de nous excuser de ce manque de vigilance.
— L'Humanité (@humanite_fr) September 6, 2020
"Une telle publication est contraire à l'histoire du journal. Toutes celles et ceux qui nous lisent régulièrement savent que nos titres se battent au quotidien pour l'émancipation féminine et défend des valeurs d'égalité universelle. Nous espérons que le manque de vigilance qui a conduit à cette situation ne se renouvellera pas", a déploré la société des personnels de L'Humanité dans un communiqué transmis à l'AFP. "Nous nous réjouissons de l'arrêt de la collaboration entre notre quotidien, le dessinateur Espé et le chroniqueur Antoine Vayer", poursuit le texte.
Le dessinateur s'excuse, le chroniqueur se défend
"Je me suis planté", a reconnu auprès de l'AFP le dessinateur, dont c'était la première collaboration pour le journal. "Quand un dessin n'est pas compris c'est une erreur, mais je n'aurais pas pensé que ça prenne de telles proportions", a-t-il déclaré, se disant "vraiment désolé". "Mon but n'était absolument pas de blesser, je n'ai pas pensé à mal, c'est juste de la caricature", a également expliqué Espé. Et d'avancer : J'ai voulu évoquer la porosité entre médias et sport et j'ai voulu m'inspirer des dessins de Tex Avery."
De son côté, Antoine Vayer, qui tenait une chronique quotidienne sur le Tour de France pour l'Humanité, a défendu le dessin sur son compte Twitter. L'ancien entraîneur de cyclisme, et pourfendeur du dopage, a dressé un parallèle avec les caricatures de Charlie Hebdo puis a fermé son compte avant de le rouvrir rapidement.
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