Le Tour de l'intérieur : stress et bluff dans une voiture de course
Il est 13h15 lorsque la voiture de
course numéro 2 de l'équipe Sojasun démarre derrière les
coureurs. Au volant, Lylian Lebreton, l'un des directeurs sportifs de
l'équipe française. Son rôle durant l'étape sera de seconder les
échappés. Dès le début, Radio Tour - la radio officielle du Tour
de France destinée à informer les suiveurs de l'évolution de la
course - crache ses premières instructions et donne les dernières
nouvelles du peloton.
Si les premiers kilomètres à la
sortie de Bastia sont plutôt tranquilles pour Lylian Lebreton, il
doit rapidement accélérer pour dépasser le peloton. Quatre
coureurs sont échappés. Et intercalé, on trouve Julien Simon, l'un
des membres de Sojasun qui tente de revenir sur le groupe de tête. "Insiste ! Insiste !" , hurle Lylian Lebreton à son coureur
lorsqu'il arrive à sa hauteur. En vain. Après plusieurs kilomètres
seul, applaudi par le public en masse sur le bord de la route,
Julien n'arrive pas à rattraper les échappés. "Laisse
tomber" , lance alors Lylian Lebreton qui regagne sa place au coeur des
voitures.
Radio, télé embarquée, et C.B.
Cette position de directeur sportif est
stressante par moments : "Il faut être concentré et
attentif", explique-t-il. Le public représente une source de danger.
Il faut aussi surveiller le déroulement de la course pour diriger au
mieux les coureurs. Une oreille sur Radio Tour, un œil sur la petite
télé embarquée, Lylian Lebreton communique également par radio
avec l'autre directeur sportif, Nicolas Guille, installé dans la
première voiture.
Et à l'approche de la grosse
difficulté de l'étape, le col de Vizzavona, les deux incitent les
coureurs à rester aux avant-postes. "Celui qui passe la côte
en premier aura le maillot à pois", transmet Lylian Lebreton à ses sportifs via l'oreillette pour les encourager. Mais le grimpeur de
l'équipe, Brice Feillu, a beau appuyer sur les pédales, il ne
passera que troisième.
Pas le temps de ruminer sa déception. À quelques dizaines de kilomètres de l'arrivée, une fois passés les
quatre cols de la journée, le peloton a explosé. Seuls Sojasun et
l'équipe Radioshack ont tous leurs hommes devant. Une nouvelle tactique se met alors en place pour l'arrivée.
"Faire péter la cacahuète"
Après avoir rapidement examiné la
situation, Lylian Lebreton donne ses ultimes consignes : "Il
faut rester dans la roue de Chavanel – le coureur d'Oméga Pharma
Quick Step – aujourd'hui c'est son anniversaire, il va vouloir
faire péter la cacahuète" . Traduction : surveillez-le
bien et restez derrière lui, il va tenter de s'échapper pour gagner
l'étape.
Finalement, c'est Jan Bakelants de la Radioshack qui
l'emporte sur la ligne d'arrivée située route des Sanguinaires à
Ajaccio. Julien Simon, sprinteur de Sojasun finit 6e. En passant
devant la voiture de course de l 'équipe victorieuse, Lylian
Lebreton lance à son homologue : "Champagne ce soir !".
La journée n'est néanmoins pas
mauvaise. Les Sojasun ont été tout le temps présents devant : "C'est encourageant pour la suite ", explique Lylian
Lebreton. Par ailleurs; Julien Simon occupe la troisième place au
classement général. Là aussi une bonne nouvelle. Depuis le début
du Tour, l'objectif de l'équipe est de remporter une victoire
d'étape. "Il va falloir faire ça lors des deux premières
semaines, une fois dans les Alpes ce sera très dur" , analyse le directeur sportif.
Mais avant de penser aux Alpes, les
coureurs de l'équipe bretonne doivent d'abord en terminer avec la
Corse. Il reste encore une étape lundi qui s'annonce compliquée.
Ils s'envoleront ensuite pour Nice, avec un contre-la-montre par
équipes mardi.
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