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Toulon, la fin d'un cycle ?

Si la défaite de Toulon face au Racing dimanche en quarts de finale de Coupe d'Europe ne fut pas infâmante, tant les Varois ont livré une bataille homérique, et tenu la distance à la fois dans la conquête et dans le combat, elle a stoppé la série de trois succès consécutifs du RCT sur la scène européenne et annonce peut-être la fin d'un cycle.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Les joueurs n'ont a priori rien à se reprocher. Bernard Laporte a même loué leur investissement. Tout juste peut-il regretter le temps de leur leur mise en route, dix premières minutes, où ils ont encaissé l'essai du Racing, avant de redresser le tir. Globalement, leur match fut à la hauteur de l'affiche, un affrontement féroce de tous les instants. Et pour le reste, une lutte à distance entre les buteurs. Voilà pour le tableau. Mais justement, les Toulonnais n'ont-ils pas atteint les limites dans cet exercice du combat, cette défense rageuse et efficace avec un nombre considérable de plaquages, et des ballons portés pour avancer ...? Avec tout de même au bout, la question de la finalité de tout cela. Passer la ligne d'avantage certes, mais pour arriver à quoi ? A se fracasser sur une défense également solidement construite, face à une équipe du Racing qui a adopté la même ligne de conduite que le RC.Toulon, tant dans la nouvelle philosophie du rugby, que dans le contenu du jeu.

Les limites du jeu

Ce rugby-entreprise développé par Toulon, imité par les grosses structures hexagonales, a donné du grain à moudre aux spécialistes et du rêve au public. Le RCT a attiré dans son escarcelle des joueurs internationaux au nom ronflant, ce qui lui a permis de constituer une des équipes les plus fortes jamais connues en France. Dans son sillage, les autres clubs ont tenté des coups identiques, permettant d'ailleurs au Top 14 de devenir le championnat le plus prisé. Economiquement, le RCT a démultiplié ce que le Stade Français version Guazzini avait déjà initié, le "show" rugby, en tout cas en ce qui concerne l'environnement. Car pour ce qui est du jeu, le spectacle attendra. C'est peut-être parce qu'ils se sont usés dans ces épreuves de force, parce que l'addition de joueurs ne fait toujours un collectif, parce qu'il peut y avoir une sorte de lassitude chez des joueurs qui sont par ailleurs très sollicités y compris sur le plan international, avec beaucoup trop de blessures, que les Toulonnais ont fini par rendre les armes. Ils ont le droit d'avoir des regrets et de ressentir de la frustration, et même, comme le fait le manageur varois, s'en prendre "à ceux qui ont fait des fautes qui font perdre le match"; il n'empêche: s'ils avaient concrétiser tous les temps forts qu'ils ont eus, avec peut-être un peu plus d'ambition offensive et de folie, la question de cette faute décisive ne se serait pas posée. 

Une remise en question

C'est plus profondément qu'il faut regarder les choses. La passation de pouvoir entre Laporte et Diego Dominguez,actée pour la saison prochaine, annonce déjà un changement de cycle. Il risque d'y avoir aussi une grosse activité sur le marché des transferts. Le Président Boudjellal sait qu'il va falloir relancer la machine, alors que ces derniers mois, avec un groupe diminué, et engagé dans une campagne européenne très dure, l'équipe n'a pas toujours fait preuve de sérénité. Même dans ce qui faisait sa force, les matches-couperets, l'orgueil n'a cette fois-ci plus suffi. Pour remettre de l'ordre dans la maison et retrouver la culture de la victoire, le club varois va devoir se remettre aussi en question. Sur sa politique, peut-être, cette façon d'avancer à court-terme qui a forcément une issue; ou bien une remise à plat de l'effectif, avec un savant mélange de joueurs de haut niveau expérimentés et de jeunes prometteurs, qui ne pourront que progresser s'ils disposent de temps de jeu.     

Ne pas rester en rade

En attendant, il faut essayer de finir la saison proprement pour ne pas rester en rade. Le capitaine Guilhem Guirado rameute les troupes en le proclamant haut et fort; "on se doit, avec tous les compétiteurs qu'il y a dans l'équipe, de se remettre au travail dès demain. Maintenant que l'on ne joue plus rien (en Coupe d'Europe), on espère finir dans les deux premiers en Top 14.". Ce serait bien le moins au vu de la puissance que représente le club Rouge et Noir. Mais même un Bouclier de Brennus ne suffirait pas à éviter d'interroger sur ce symbole de "machine à gagner" qui a pris un coup sur la tête en étant contrainte de perdre de façon un peu prématurée, et sur ce que le RCT veut bâtir pour les prochaines saisons.       

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