Todt : "La F1 est trop chère"
Q: Que pensez-vous des critiques récentes de Sebastian Vettel, notamment sur le manque de bruit des moteurs ?
R: "Vettel a fait un commentaire négatif sur le bruit des moteurs (+c'est de la m...+), mais pas sur les moteurs. Il est une icône de notre sport, quatre fois champion du monde, il doit être un ambassadeur et je suis fier de l'utiliser pour nos campagnes sur la sécurité routière. Car, quand il dit de boucler sa ceinture, il a de l'influence. S'il venait me parler du problème du bruit, je l'écouterais, car il est qualifié pour en parler."
Q: Et quelle est votre opinion sur ce sujet... qui fait beaucoup de bruit ?
R: "C'est mon premier GP cette saison, j'ai lu beaucoup de choses, et j'ai mes opinions. J'ai entendu beaucoup d'émotion, alors que ce n'est pas, à mon avis, un énorme changement pour la F1, mais peut-être qu'il est allé trop vite, et nous allons prendre cela en considération. Quand on a écouté les moteurs sur le banc d'essai, ça semblait un bon bruit. Hier, dans les stands, ça faisait du bruit. Sur la piste, ça en fait moins, mais ça ne me dérange pas. Et je n'ai pas à influencer une décision parce que ça me convient ou non. Nous examinons ce problème avec les trois motoristes impliqués en F1. Nous allons voir si nous pouvons mettre en place un bruit plus important, à plus ou moins long terme."
Q: Pensez-vous que le règlement devrait changer en cours de saison ?
R: "Il nous faut un accord unanime des écuries, sinon on ne peut rien changer. Nous sommes dans un monde de compétition, ceux qui sont devant ne se plaignent pas et les autres se plaignent, en faisant plus de bruit que ceux qui sont contents. C'est dans la nature des choses. L'histoire de la F1 est remplie de périodes de domination: Ferrari, McLaren, Williams, Red Bull et maintenant, après seulement deux GP, Mercedes. Je n'ai pas le pouvoir de les ralentir et c'est un défi pour les autres écuries de les rattraper. Ce ne serait pas juste de pénaliser une écurie qui a fait un meilleur travail que les autres."
Q: Regrettez-vous que les F1 de 2014 aillent moins vite ?
R: "Quand on fait de nouvelles règles, on essaie toujours de rendre les voitures plus lentes, car on sait que leurs performances vont progresser très vite: celles de 2014 sont plus lourdes de 40 kilos, elles ont 15% d'appui aérodynamique en moins, des pneus et des moteurs différents, mais à la fin de la saison, elles seront deux secondes au tour plus rapides que maintenant. Et la règlementation va rester la même jusqu'en 2020, tout le monde l'a acceptée. On ne peut pas la changer parce qu'un moteur est meilleur que les autres. Le sport automobile doit avoir une vision pour l'avenir, avec des nouvelles technologies. C'est ce qui a encouragé, en F1, de grands constructeurs à revenir, comme Honda, ou à rester, comme Mercedes et Renault. L'industrie automobile avance et la F1, le pinacle du sport automobile, ne peut pas être aveugle à cette évolution."
Q: Où en est le projet de limiter les budgets en F1 ?
R: "Mon sentiment, c'est que la F1 est trop chère. On m'a d'abord prouvé qu'on pouvait limiter les budgets, alors j'ai mis cela sur la table, la plupart des écuries étaient d'accord. Maintenant, on me dit que les six écuries membres du Strategy Group sont contre, donc, il n'y a plus de budget limité ("cost cap"). Je suis déçu, car ce sera plus difficile de réussir cette limitation qui me semble nécessaire. Mais on me dit qu'on peut y arriver par la règlementation technique et sportive. C'est pourquoi nous avons un plan détaillé, étalé sur trois ans, de 2015 à 2017. Depuis cette année, nous avons une nouvelle gouvernance, avec le Strategy Group (six écuries de F1), la Formula One Commission (le détenteur des droits commerciaux) et le Conseil mondial de la FIA, qui ont six voix chacun. Si on a neuf voix, on peut avancer."
Q: Confirmez-vous que de nouvelles écuries pourraient bientôt entrer en F1 ?
R: "Quelques écuries ont déposé un dossier, ils ont été examinés par d'autres personnes que moi, et nous allons faire une annonce dans les jours à venir."
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