Thomas Coville, le tour du monde en moins de 40 jours ?
Thomas, la remise à l’eau de votre maxi-trimaran était prévue cette semaine après un long chantier hivernal. En quoi a-t-il consisté ?
Thomas Coville : "On a installé tout le nécessaire pour le décollage intégral. La première version de 'Sodebo Ultim 3' était volontairement sage, conservatrice, afin de privilégier la mise au point. Cette version 2, c’est ce pourquoi il a été dessiné. Une vraie version volante. Notre parti pris architectural va prendre tout son sens. On a aussi caréné le bras arrière, pour gagner en aérodynamique."
Au retour de la Brest Atlantiques, le bateau était bien endommagé (abandon au large de l’Afrique du Sud, suite à une collision avec un ofni, ndlr)…
T.C. : "Oui, nous avions perdu une partie du flotteur tribord. Le foil était très endommagé. Il est toujours en réparation à Bergame, en Italie. Le cas échéant, on peut toujours mettre à l’eau avec l’ancienne paire de foils, même si ce n’est pas notre volonté première. On a aussi travaillé l’ergonomie. A l’intérieur, je suis un peu comme dans une voiture ! On a installé un siège baquet, avec un volant ! Ce petit volant agit sur la dérive et gère la hauteur de vol ! Depuis le début, on s’inspire beaucoup des sports mécaniques !"
Le programme de course prévoit une transat en solitaire puis un tour du monde en équipage. Un programme appelé à évoluer, qu'en pensez-vous ?
T. C. : "La transat prévue en mai (The Transat CIC, ex-transat anglaise, départ initialement prévu de Brest le 10 mai) s’éloigne de plus en plus. Le calendrier va être très impacté. Mais quoi qu’il arrive, je naviguerai en solitaire cette année. J’en ai besoin, le bateau en a besoin."
Vous vous attaquerez aussi au trophée Jules Verne cet automne (record autour du monde en équipage, stand-by dés le 15 octobre, ndlr)…
T. C. : "Oui. Nous serons 6 + 1 à bord ! Six équipiers et un média man, qui pourra participer à la performance sportive, ce qui n’est pas le cas dans une course 'classique'."
Après une longue période en solitaire justement, vous regoûtez à l’équipage. C'était quelque chose d'important pour vous ?
T. C. : "J’avais préparé le tout premier Jules Verne avec Bruno Peyron (en 1993, 1er temps de référence en 79 jours). J’étais dans l’équipage jusqu’au dernier moment, car l’un des équipiers prévus n’était pas sûr de partir. Au final, ils sont partis à 5. Quand il est revenu, Peyron m’a dit que c’était la plus grosse connerie qu’il ait faite ! Il a reconnu qu’ils auraient dû partir à 6. Ils en auraient moins bavé ! Ensuite, j’ai fait la campagne de Kersauson (1997). Une autre épopée… Puis 2010, 48 jours avec Franck Cammas."
"Ce serait sympa de passer le premier sous les 40 jours en équipage"
Le temps de référence est de 40 jours, établi par Francis Joyon et ses hommes en 2017. Un record à battre, c'est aussi une motivation en plus pour vous ?
T. C. : "Je suis passé le premier sous les 50 jours en solitaire. Ce serait sympa de passer le premier sous les 40 jours en équipage. Ce qui voudrait dire qu’on a divisé le record par deux en moins de 20 ans ! C’est une bonne échelle, une belle valeur pour se rendre compte de la progression, de tout le travail effectué par le monde de la voile."
Quentin Delapierre, membre de votre équipe, a été sélectionné en voile olympique pour les JO de Tokyo (catégorie Nacra 17). Une belle satisfaction ?
T. C. : "C’est génial ! A l’annonce de la sélection, j’en ai chialé ! J’étais vraiment ému. Je me projette beaucoup avec Quentin. Il est avec nous depuis 4 ans. Quand il s’est lancé dans une prépa olympique, on lui a dit banco ! Il s’est battu comme un damné, il a beaucoup progressé avec Manon (Audinet, sa coéquipière). C’est une belle satisfaction pour notre projet. Chez nous, il y a de la technique, mais aussi de l’humain."
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